Etudes et commentaires de la Bible

Habakuk ... chapitre 1 : Une invasion punitive

La Bible et les prophètes

Traduction Louis Segond 1910

1 Oracle révélé à Habakuk, le prophète.

2 Jusqu’à quand, ô Eternel ?… J’ai crié, Et tu n’écoutes pas ! J’ai crié vers toi à la violence, Et tu ne secours pas !

3 Pourquoi me fais-tu voir l’iniquité, Et contemples-tu l’injustice ? Pourquoi l’oppression et la violence sont-elles devant moi ? Il y a des querelles, et la discorde s’élève.

4 Aussi la loi n’a point de vie, La justice n’a point de force ; Car le méchant triomphe du juste, Et l’on rend des jugements iniques.

5 Jetez les yeux parmi les nations, regardez, Et soyez saisis d’étonnement, d’épouvante ! Car je vais faire en vos jours une oeuvre, Que vous ne croiriez pas si on la racontait.

6 Voici, je vais susciter les Chaldéens, Peuple furibond et impétueux, Qui traverse de vastes étendues de pays, Pour s’emparer de demeures qui ne sont pas à lui.

7 Il est terrible et formidable ; De lui seul viennent son droit et sa grandeur.

8 Ses chevaux sont plus rapides que les léopards, Plus agiles que les loups du soir, Et ses cavaliers s’avancent avec orgueil ; Ses cavaliers arrivent de loin, Ils volent comme l’aigle qui fond sur sa proie.

9 Tout ce peuple vient pour se livrer au pillage ; Ses regards avides se portent en avant, Et il assemble des prisonniers comme du sable.

10 Il se moque des rois, Et les princes font l’objet de ses railleries ; Il se rit de toutes les forteresses, Il amoncelle de la terre, et il les prend.

11 Alors son ardeur redouble, Il poursuit sa marche, et il se rend coupable. Sa force à lui, voilà son dieu !

12 N’es-tu pas de toute éternité, Eternel, mon Dieu, mon Saint ? Nous ne mourrons pas ! O Eternel, tu as établi ce peuple pour exercer tes jugements ; O mon rocher, tu l’as suscité pour infliger tes châtiments.

13 Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, Et tu ne peux pas regarder l’iniquité. Pourquoi regarderais-tu les perfides, et te tairais-tu, Quand le méchant dévore celui qui est plus juste que lui ?

14 Traiterais-tu l’homme comme les poissons de la mer, Comme le reptile qui n’a point de maître ?

15 Il les fait tous monter avec l’hameçon, Il les attire dans son filet, Il les assemble dans ses rets : Aussi est-il dans la joie et dans l’allégresse.

16 C’est pourquoi il sacrifie à son filet, Il offre de l’encens à ses rets ; Car par eux sa portion est grasse, Et sa nourriture succulente.

17 Videra-t-il pour cela son filet, Et toujours égorgera-t-il sans pitié les nations ?

Traduction œcuménique de la Bible

1. La proclamation dont fut chargé le prophète Habaquq dans une vision.

2. Jusqu'où, SEIGNEUR, mon appel au secours ne s'est-il pas élevé ? Tu n'écoutes pas. Je te crie à la violence, tu ne sauves pas.

3. Pourquoi me fais-tu voir la malfaisance ? Acceptes-tu le spectacle de l'oppression ? En face de moi, il n'y a que ravage et violence ; lorsqu'il y a procès, l'invective l'emporte.

4. Alors, la loi est engourdie, et le droit ne voit plus jamais le jour. Quand un méchant peut garrotter le juste, alors, le droit qui vient au jour est perverti.

5. Voyez le spectacle parmi les nations, soyez pris de saisissement ! Car, dès maintenant, quelqu'un passe aux actes, et vous n'y prêtez pas foi quand on vous le rapporte !

6. Car me voici ! Je fais surgir les Chaldéens, ce peuple impitoyable et impétueux qui parcourt des étendues de pays pour s'approprier des demeures qui ne sont pas à lui.

7. Il est épouvantable et terrible, c'est lui-même qui fonde son droit et sa suprématie.

8. Ses chevaux sont plus lestes que des léopards, ils ont plus de mordant que les loups du soir. Ses cavaliers se déploient, ses cavaliers viennent de loin, ils volent comme l'aigle qui fond sur sa proie.

9. Tout à la violence, le voilà qui vient, le visage tendu vers l'avant ; il a entassé des captifs comme du sable.

10. C'est lui qui se moque des rois, les princes sont un jouet pour lui. C'est lui qui se joue de toute forteresse : pour la prendre, il fait une levée de terre.

11. C'est alors que l'esprit a changé. Il a passé outre et s'est rendu coupable ; celui-là, sa force est son dieu !

12. N'est-ce pas toi qui, dès l'origine, es le SEIGNEUR, mon Dieu, mon Saint ? Nous ne mourrons pas ! SEIGNEUR, tu l'as établi pour le jugement ; Rocher, tu l'as affermi pour un rappel à l'ordre.

13. Tu as les yeux trop purs pour voir le mal, tu ne peux accepter le spectacle de l'oppression ; pourquoi donc acceptes-tu le spectacle des traîtres, gardes-tu le silence quand un méchant engloutit plus juste que lui ?

14. Tu fais désormais les hommes à l'image des poissons de la mer, de ce qui grouille sans maître :

15. celui-là les tire tous à l'hameçon, il les drague au filet, les ramasse au chalut. Alors, il est joyeux, il exulte,

16. alors, il offre un sacrifice à son filet, de l'encens à son chalut, car ils sont gonflés pour lui d'une part abondante, d'une nourriture copieuse.

17. Alors, videra-t-il son filet pour encore assassiner des nations sans trêve ni pitié ?

Commentaires du chapitre 1

1.1 à 1.4 : Appel au Seigneur
Il est probable que ce prophète ait exercé son ministère à l'époque de l'expansion de Babylone vers Juda.

Nous voici donc aux alentours de l'an 600 avant Jésus Christ, oppression, ravage et violence prédominent (verset 3).

Le prophète s'en indigne et sollicite l'intervention divine.

Habakuk insiste sur les violations de la Loi, probablement celle de Moïse, mais l'approche généraliste de ce prophète permet de décliner ce qu'il ressent à tous les justes qui se sont exprimés en toutes époques.

1.5 à 1.11 : L'invasion des Chaldéens
L'invasion des Chaldéens, au verset 6, est présentée, comme chez Jérémie, comme une sanction du Seigneur.

« Je donne ordre de mobiliser tous les peuples du nord – oracle du SEIGNEUR –, en faisant appel à Nabuchodonosor, roi de Babylone, mon serviteur, et je les amène contre ce pays, contre ses habitants – et contre toutes ces nations voisines. » (Jérémie 25.9).

Nabuchodonosor est un instrument entre les mains du Seigneur, mais la domination de Babylone ne durera qu'un temps.

« Et maintenant, c'est moi qui livre tous ces pays au pouvoir de mon serviteur Nabuchodonosor, roi de Babylone ; même les bêtes sauvages, je les lui livre pour qu'elles le servent.

Toutes les nations le serviront, lui, son fils et son petit-fils ; puis viendra pour lui aussi l'heure de son pays quand des nations nombreuses et des rois puissants l'asserviront. » (Jérémie 27.6-7).

Car Babylone, pas plus que les autres, ne mérite d'éloges :

« Il a passé outre et s'est rendu coupable ; celui-là, sa force est son dieu ! » (verset 11)

1.12 à 1.17 : Face à l'injustice
Dieu est Saint (verset 12).

Pourrait-Il supporter le spectacle de l'injustice ?

Ne détourne-t-Il pas Son regard des méfaits des hommes ? (verset 13)

Car ce monde est à l'abandon, livré à l'injustice.

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