Traduction Louis Segond 1910
1 J’étais à mon poste, Et je me tenais sur la tour ; Je veillais, pour voir ce que l’Eternel me dirait, Et ce que je répliquerais après ma plainte.
2 L’Eternel m’adressa la parole, et il dit : Ecris la prophétie : Grave-la sur des tables, Afin qu’on la lise couramment.
3 Car c’est une prophétie dont le temps est déjà fixé, Elle marche vers son terme, et elle ne mentira pas ; Si elle tarde, attends-la, Car elle s’accomplira, elle s’accomplira certainement.
4 Voici, son âme s’est enflée, elle n’est pas droite en lui ; Mais le juste vivra par sa foi.
5 Pareil à celui qui est ivre et arrogant, L’orgueilleux ne demeure pas tranquille ; Il élargit sa bouche comme le séjour des morts, Il est insatiable comme la mort ; Il attire à lui toutes les nations, Il assemble auprès de lui tous les peuples.
6 Ne sera-t-il pas pour tous un sujet de sarcasme, De railleries et d’énigmes ? On dira : Malheur à celui qui accumule ce qui n’est pas à lui ! Jusques à quand ?… Malheur à celui qui augmente le fardeau de ses dettes !
7 Tes créanciers ne se lèveront-ils pas soudain ? Tes oppresseurs ne se réveilleront-ils pas ? Et tu deviendras leur proie.
8 Parce que tu as pillé beaucoup de nations, Tout le reste des peuples te pillera ; Car tu as répandu le sang des hommes, Tu as commis des violences dans le pays, Contre la ville et tous ses habitants.
9 Malheur à celui qui amasse pour sa maison des gains iniques, Afin de placer son nid dans un lieu élevé, Pour se garantir de la main du malheur !
10 C’est l’opprobre de ta maison que tu as résolu, En détruisant des peuples nombreux, Et c’est contre toi-même que tu as péché.
11 Car la pierre crie du milieu de la muraille, Et le bois qui lie la charpente lui répond.
12 Malheur à celui qui bâtit une ville avec le sang, Qui fonde une ville avec l’iniquité !
13 Voici, quand l’Eternel des armées l’a résolu, Les peuples travaillent pour le feu, Les nations se fatiguent en vain.
14 Car la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de l’Eternel, Comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent.
15 Malheur à celui qui fait boire son prochain, A toi qui verses ton outre et qui l’enivres, Afin de voir sa nudité !
16 Tu seras rassasié de honte plus que de gloire ; Bois aussi toi-même, et découvre-toi ! La coupe de la droite de l’Eternel se tournera vers toi, Et l’ignominie souillera ta gloire.
17 Car les violences contre le Liban retomberont sur toi, Et les ravages des bêtes t’effraieront, Parce que tu as répandu le sang des hommes, Et commis des violences dans le pays, Contre la ville et tous ses habitants.
18 A quoi sert une image taillée, pour qu’un ouvrier la taille ? A quoi sert une image en fonte et qui enseigne le mensonge, Pour que l’ouvrier qui l’a faite place en elle sa confiance, Tandis qu’il fabrique des idoles muettes ?
19 Malheur à celui qui dit au bois : Lève-toi ! A une pierre muette : Réveille-toi ! Donnera-t-elle instruction ? Voici, elle est garnie d’or et d’argent, Mais il n’y a point en elle un esprit qui l’anime.
20 L’Eternel est dans son saint temple. Que toute la terre fasse silence devant lui !
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Traduction œcuménique de la Bible
1. Je tiendrai bon à mon poste de garde, je resterai debout sur les retranchements. Je guetterai pour voir ce qu'il dira contre moi et ce que je répondrai au rappel à l'ordre.
2. Le SEIGNEUR m'a répondu, il m'a dit : Ecris une vision, donnes-en l'explication sur les tables afin qu'on la lise couramment,
3. car c'est encore une vision concernant l'échéance. Elle aspire à sa fin, elle ne mentira pas ; si elle paraît tarder, attends-la, car elle viendra à coup sûr, sans différer.
4. Le voici plein d'orgueil, il ignore la droiture, mais un juste vit par sa fidélité.
5. Assurément le vin est traître : cet homme présomptueux ne reste pas à sa place, lui qui élargit sa gorge comme la Fosse, insatiable comme la mort. Il a entassé près de lui toutes les nations, attiré à lui tous les peuples.
6. Mais ceux-ci, tous ensemble, ne lanceront-ils pas contre lui des formules d'une ironie mordante ? On dira : MALHEUR ! Il accumule ce qui n'est pas à lui ! Jusques à quand ? Il se charge d'une dette de plus en plus lourde.
7. Ne vont-ils pas se dresser tout à coup, tes créanciers, se réveiller, ceux qui te secoueront ? Tu deviendras une bonne prise pour eux !
8. Comme tu as pillé des nations en nombre, tout le reste des peuples te pillera, à cause du sang humain, à cause de la violence faite au pays, à la cité et à tous ses habitants.
9. MALHEUR ! Il se taille une part malhonnête pour sa maison, afin de faire son nid tout en haut pour esquiver la main du malheur.
10. C'est la honte de ta maison que tu as décidée : causer la fin de peuples en nombre est une atteinte à ta propre vie.
11. Oui, la pierre du mur criera, et la poutre de la charpente lui répondra.
12. MALHEUR ! Il construit une ville sur le sang, il fonde une cité sur le crime !
13. Ceci ne vient-il pas du SEIGNEUR de l'univers : Les peuples peinent pour du feu, les nations s'éreintent en vain ;
14. car le pays sera rempli de la connaissance de la gloire du SEIGNEUR, comme les eaux comblent la mer ?
15. MALHEUR ! Il fait boire son prochain ! Tu mêles ton poison jusqu'à l'ivresse pour qu'on jouisse du spectacle de sa nudité.
16. Tu es gorgé d'infamie et non de gloire ! A ton tour de boire et d'exhiber ton prépuce : la coupe de la droite du SEIGNEUR se renverse sur toi, et après la gloire, c'est la déconvenue !
17. Oui, la violence faite au Liban te submergera, et les bêtes qui ravageaient seront écrasées à cause du sang humain, à cause de la violence faite au pays, à la cité et à tous ses habitants.
18. A quoi bon une statue, sculptée par l'artisan, ou fondue pour enseigner la fausseté, si l'artisan de cet ouvrage se confie en lui pour en faire des idoles muettes ?
19. MALHEUR ! Il dit à un morceau de bois : « Lève-toi ! » ou : « Réveille-toi ! » à une pierre silencieuse, et annonce : « Elle va enseigner ! » La voici plaquée d'or et d'argent, mais aucun souffle ne l'anime.
20. En revanche, le SEIGNEUR est dans son temple saint : Silence devant lui, terre entière !
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Commentaires du chapitre 2
2.1 à 2.5 : La justice selon Dieu
Tout prophète est un veilleur, une sentinelle sur son poste de garde (verset 1).
Il attend les instructions du Seigneur afin de les diffuser auprès du monde.
Celles-ci ne tardent pas (verset 2), et cette Parole doit avoir une portée universelle :
« Mais le juste vivra par sa foi. » (verset 4)
Cette phrase sera ultérieurement reprise par Paul en Romains 1.17, en Galates 3.11, puis dans l'Epître aux Hébreux (10.38).
En se fondant sur la foi, le juste ne se repose pas sur des œuvres, ni celles qui lui sont personnelles, pas plus que celles qui sont prescrites par la Loi.
Car la justice selon Dieu ne vient pas de l'extérieur mais du cœur de l'individu.
Il échappe ainsi à l'orgueil qui l'écarte de la droiture (verset 4) et des présomptions des puissants ennivrés, aveuglés par leurs gloires illusoires (verset 5).
2.6 à 2.20 : Injustice et malédictions
Habakuk se livre ensuite à une critique à l'encontre de ces puissants qui accumulent les richesses (verset 6).
Mais les malédictions qui leur tomberont dessus vont aussi s'accumuler.
Le terme « MALHEUR » se répète cinq fois.
Nous trouvons un passage similaire quand Jérémie, contemporain d'Habakuk, dénonçait le comportement du roi en poste à cette époque :
« Malheureux celui qui construit son palais au mépris de la justice, et ses étages au mépris du droit ; qui fait travailler les autres pour rien, sans leur donner de salaire ; qui dit :
"Je me construis une vaste maison, de spacieux étages" ; qui y perce des fenêtres, la revêt de cèdre et l'enduit de vermillon.
Penses-tu assurer ton règne en voulant te distinguer par le cèdre ? Ton père n'a-t-il pas mangé, bu, défendu le droit et la justice, et il a connu le bonheur !
Il a pris en main la cause de l'humilié et du pauvre, et c'était le bonheur ! Me connaître, n'est-ce pas cela ? – oracle du SEIGNEUR.
Tu n'as de regards et de pensées que pour le profit, pour répandre le sang de l'innocent et agir avec brutalité et sauvagerie.
Eh bien, ainsi parle le SEIGNEUR à Yoyaqim, fils de Josias, roi de Juda :
On n'entonne pas pour lui l'élégie : "Quel malheur, mon frère ! Quel malheur, ma sœur !" On n'entonne pas pour lui l'élégie : "Quel malheur, mon maître ! Quel malheur, Son Excellence !"
On l'enterre comme on enterre un âne : on le traîne, on le jette au-delà des portes de Jérusalem. » (Jérémie 22.13-19)
Et pour conclure cette proclamation, Habakuk rappelle la malédiction qui pèse sur l'idolâtrie face à la Majesté du Seigneur (versets 18 & 19).
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