Etudes et commentaires de la Bible

Habakuk ... chapitre 3 : Psaume au Seigneur

La Bible et les prophètes

Traduction Louis Segond 1910

1 Prière d’Habakuk, le prophète. Sur le mode des complaintes.

2 Eternel, j’ai entendu ce que tu as annoncé, je suis saisi de crainte. Accomplis ton oeuvre dans le cours des années, ô Eternel ! Dans le cours des années manifeste-la ! Mais dans ta colère souviens-toi de tes compassions !

3 Dieu vient de Théman, Le Saint vient de la montagne de Paran… Pause. Sa majesté couvre les cieux, Et sa gloire remplit la terre.

4 C’est comme l’éclat de la lumière ; Des rayons partent de sa main ; Là réside sa force.

5 Devant lui marche la peste, Et la peste est sur ses traces.

6 Il s’arrête, et de l’oeil il mesure la terre ; Il regarde, et il fait trembler les nations ; Les montagnes éternelles se brisent, Les collines antiques s’abaissent ; Les sentiers d’autrefois s’ouvrent devant lui.

7 Je vois dans la détresse les tentes de l’Ethiopie, Et les tentes du pays de Madian sont dans l’épouvante.

8 L’Eternel est-il irrité contre les fleuves ? Est-ce contre les fleuves que s’enflamme ta colère, Contre la mer que se répand ta fureur, Pour que tu sois monté sur tes chevaux, Sur ton char de victoire ?

9 Ton arc est mis à nu ; Les malédictions sont les traits de ta parole… Pause. Tu fends la terre pour donner cours aux fleuves.

10 A ton aspect, les montagnes tremblent ; Des torrents d’eau se précipitent ; L’abîme fait entendre sa voix, Il lève ses mains en haut.

11 Le soleil et la lune s’arrêtent dans leur demeure, A la lumière de tes flèches qui partent, A la clarté de ta lance qui brille.

12 Tu parcours la terre dans ta fureur, Tu écrases les nations dans ta colère.

13 Tu sors pour délivrer ton peuple, Pour délivrer ton oint ; Tu brises le faîte de la maison du méchant, Tu la détruis de fond en comble. Pause.

14 Tu perces de tes traits la tête de ses chefs, Qui se précipitent comme la tempête pour me disperser, Poussant des cris de joie, Comme s’ils dévoraient déjà le malheureux dans leur repaire.

15 Avec tes chevaux tu foules la mer, La boue des grandes eaux.

16 J’ai entendu… Et mes entrailles sont émues. A cette voix, mes lèvres frémissent, Mes os se consument, Et mes genoux chancellent : En silence je dois attendre le jour de la détresse, Le jour où l’oppresseur marchera contre le peuple.

17 Car le figuier ne fleurira pas, La vigne ne produira rien, Le fruit de l’olivier manquera, Les champs ne donneront pas de nourriture ; Les brebis disparaîtront du pâturage, Et il n’y aura plus de boeufs dans les étables.

18 Toutefois, je veux me réjouir en l’Eternel, Je veux me réjouir dans le Dieu de mon salut.

19 L’Eternel, le Seigneur, est ma force ; Il rend mes pieds semblables à ceux des biches, Et il me fait marcher sur mes lieux élevés. Au chef des chantres. Avec instruments à cordes.

Traduction œcuménique de la Bible

1. Prière du prophète Habaquq. Sur le mode des complaintes.

2. SEIGNEUR, j'ai entendu ce que tu as annoncé, je suis saisi de crainte. SEIGNEUR, vivent tes actes au cours des années ! Au cours des années, fais-les reconnaître, mais dans le bouleversement rappelle-toi d'être miséricordieux !

3. Dieu vient de Témân, le Saint du mont Parân. Pause. Sa majesté comble le ciel, sa louange emplit la terre.

4. La lumière devient éclatante. Deux rayons sortent de sa propre main : c'est là le secret de sa force.

5. Devant lui marche la peste, et la fièvre met ses pas dans les siens.

6. Il s'est arrêté, il a pris la mesure de la terre. Il a regardé et fait sursauter les nations. Les montagnes éternelles se sont disloquées, les collines antiques se sont effondrées. A lui les antiques parcours !

7. J'ai vu les tentes de Koushân réduites à néant ; les abris du pays de Madiân sont bouleversés.

8. Le SEIGNEUR s'est-il enflammé contre des rivières ? Ta colère s'adresse-t-elle aux rivières, ta fureur à la mer, lorsque tu montes sur tes chevaux, sur tes chars victorieux ?

9. Ton arc est mis à nu, les paroles des serments sont des épieux. Pause. Tu crevasses la terre par des torrents.

10. Les montagnes t'ont vu : elles tremblent. Une trombe d'eau est passée, l'Abîme a donné de la voix, il a tendu ses mains vers le haut.

11. Le soleil et la lune se sont arrêtés dans leur demeure à la lumière de tes flèches qui partent, à l'éclat foudroyant de ta lance.

12. Tu parcours la terre dans ton courroux, tu foules aux pieds les nations dans ta colère.

13. Tu es sorti pour le salut de ton peuple, pour le salut de ton messie. Tu as décapité la maison du méchant : place nette au ras des fondations ! Pause.

14. Tu as percé de leurs propres épieux la tête de ses chefs, alors qu'ils arrivaient en tempête pour m'écarteler allègrement, comme si, dans l'embuscade, ils dévoraient déjà le vaincu.

15. Tu as frayé le chemin de tes chevaux dans la mer, dans le bouillonnement des eaux puissantes.

16. J'ai entendu et je suis profondément bouleversé. A ce bruit, mes lèvres balbutient, je suis tout décomposé. Je reste sur place, bouleversé. Car je dois attendre sans bouger le jour de la détresse, pour monter vers le peuple qui nous assaille.

17. Oui, le figuier ne fleurit pas, les vignes ne rapportent rien, la culture de l'olivier trompe l'attente, les champs ne donnent rien à manger, le petit bétail disparaît des bergeries, il n'y a plus de gros bétail dans les étables.

18. Moi, je serai dans l'allégresse à cause du SEIGNEUR, j'exulterai à cause du Dieu qui me sauve.

19. Le SEIGNEUR est mon seigneur, il est ma force, il rend mes pieds comme ceux des biches et me fait marcher sur mes hauteurs. Du chef de chœur. Avec mes instruments à cordes.

Commentaires du chapitre 3

3.1 à 3.6 : Les œuvres du Seigneur
Il est d'usage dans le cadre d'un psaume, d'une complainte ou d'une prière circonstanciée adressée au Seigneur, de commencer par la louange.

Celle-ci rappelle l'étendue de l'œuvre du Seigneur.

Sa puissance suscite une crainte légitime (verset 2), et Son plan pour les créatures que nous sommes ne peut que nous impressionner.

Face au Créateur Eternel, une myriade de poussières assemblées se permet de lui parler, de le solliciter, d'espérer Sa miséricorde (verset 2).

Qu'il vienne de Témân, de Parân ou d'ailleurs a-t-il de l'importance ?

Non, car « Sa majesté comble le ciel, sa louange emplit la terre. » (verset 3)

Son omniprésence ne peut Lui assigner de limites.

Et Son omnipotence Lui permet de tout maîtriser (verset 6).

3.7 à 3.12 : Un déferlement
Le verset 7 donne deux exemples du déferlement de la colère de Dieu.

Mais le courroux du Seigneur, s'il frappe la Terre et ses rivières, ne vise pas Sa Création (verset 8).

C'est l'humanité pécheresse qui est visée :

« Tu parcours la terre dans ton courroux, tu foules aux pieds les nations dans ta colère. » (verset 12)

3.13 à 3.16 : Evocation historique
Le verset 13 nous ramène au temps de Moïse, quand l'Eternel s'est soucié de son peuple réduit en esclavage.

Le combat s'est alors engagé contre Pharaon. Les eaux de la mer se sont écartées pour laisser passer les Hébreux (verset 15).

Mais les siècles se sont écoulés et Israël est de nouveau menacé, les Chaldéens approchent :

« En silence je dois attendre le jour de la détresse, le jour où l’oppresseur marchera contre le peuple. » (verset 16)

3.17 à 3.19 : Le Seigneur est ma force
Le verset 17 évoque les désolations qui frappent Israël et la misère qui en résulte. Pourtant le prophète demeure confiant (verset 18).

Que peut-il faire ?

Sinon s'en remettre à son Maître qui Seul peut lui donner la force de résister (verset 19).

Plus que jamais, Habakuk doit proclamer à qui peut l'entendre et l'accepter :

« Le juste vivra par sa foi ! » (Habakuk 2.4)

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