Traduction Louis Segond 1910
1 En ce temps-là, Ezéchias fut malade à la mort. Le prophète Esaïe, fils d’Amots, vint auprès de lui, et lui dit : Ainsi parle l’Eternel : Donne tes ordres à ta maison, car tu vas mourir, et tu ne vivras plus.
2 Ezéchias tourna son visage contre le mur, et fit cette prière à l’Eternel :
3 O Eternel ! souviens-toi que j’ai marché devant ta face avec fidélité et intégrité de coeur, et que j’ai fait ce qui est bien à tes yeux ! Et Ezéchias répandit d’abondantes larmes.
4 Puis la parole de l’Eternel fut adressée à Esaïe, en ces mots :
5 Va et dis à Ezéchias : Ainsi parle l’Eternel, le Dieu de David, ton père : J’ai entendu ta prière, j’ai vu tes larmes. Voici, j’ajouterai à tes jours quinze années.
6 Je te délivrerai, toi et cette ville, de la main du roi d’Assyrie ; je protégerai cette ville.
7 Et voici, de la part de l’Eternel, le signe auquel tu connaîtras que l’Eternel accomplira la parole qu’il a prononcée.
8 Je ferai reculer de dix degrés en arrière avec le soleil l’ombre des degrés qui est descendue sur les degrés d’Achaz. Et le soleil recula de dix degrés sur les degrés où il était descendu.
9 Cantique d’Ezéchias, roi de Juda, sur sa maladie et sur son rétablissement.
10 Je disais : Quand mes jours sont en repos, je dois m’en aller Aux portes du séjour des morts. Je suis privé du reste de mes années !
11 Je disais : Je ne verrai plus l’Eternel, L’Eternel, sur la terre des vivants ; Je ne verrai plus aucun homme Parmi les habitants du monde !
12 Ma demeure est enlevée et transportée loin de moi, Comme une tente de berger ; Je sens le fil de ma vie coupé comme par un tisserand Qui me retrancherait de sa trame. Du jour à la nuit tu m’auras achevé !
13 Je me suis contenu jusqu’au matin ; Comme un lion, il brisait tous mes os, Du jour à la nuit tu m’auras achevé !
14 Je poussais des cris comme une hirondelle en voltigeant, Je gémissais comme la colombe ; Mes yeux s’élevaient languissants vers le ciel : O Eternel ! je suis dans l’angoisse, secours-moi !
15 Que dirai-je ? Il m’a répondu, et il m’a exaucé. Je marcherai humblement jusqu’au terme de mes années, Après avoir été ainsi affligé.
16 Seigneur, c’est par tes bontés qu’on jouit de la vie, C’est par elles que je respire encore ; Tu me rétablis, tu me rends à la vie.
17 Voici, mes souffrances mêmes sont devenues mon salut ; Tu as pris plaisir à retirer mon âme de la fosse du néant, Car tu as jeté derrière toi tous mes péchés.
18 Ce n’est pas le séjour des morts qui te loue, Ce n’est pas la mort qui te célèbre ; Ceux qui sont descendus dans la fosse n’espèrent plus en ta fidélité.
19 Le vivant, le vivant, c’est celui-là qui te loue, Comme moi aujourd’hui ; Le père fait connaître à ses enfants ta fidélité.
20 L’Eternel m’a sauvé ! Nous ferons résonner les cordes de nos instruments, Tous les jours de notre vie, Dans la maison de l’Eternel.
21 Esaïe avait dit : Qu’on apporte une masse de figues, et qu’on les étende sur l’ulcère ; et Ezéchias vivra.
22 Et Ezéchias avait dit : A quel signe connaîtrai-je que je monterai à la maison de l’Eternel ?
|
Traduction œcuménique de la Bible
1. En ces jours-là, Ezékias fut atteint d'une maladie mortelle. Le prophète Esaïe, fils d'Amoç, vint le trouver et lui dit : « Ainsi parle le SEIGNEUR : Donne des ordres à ta maison, car tu vas mourir, tu ne survivras pas. »
2. Ezékias tourna son visage contre le mur et pria le SEIGNEUR.
3. Il dit : « Ah ! SEIGNEUR daigne te souvenir que j'ai marché en ta présence avec loyauté et d'un cœur intègre et que j'ai fait ce qui est bien à tes yeux. » Ezékias versa d'abondantes larmes.
4. La parole du SEIGNEUR fut adressée à Esaïe :
5. « Va et dis à Ezékias : Ainsi parle le SEIGNEUR, le Dieu de David ton père : J'ai entendu ta prière et j'ai vu tes larmes. Je vais ajouter quinze années au nombre de tes jours.
6. Je te délivrerai, ainsi que cette ville, des mains du roi d'Assyrie. Je protégerai cette ville.
7. Et voici pour toi, de la part du SEIGNEUR, le signe que le SEIGNEUR fera ce qu'il a dit :
8. Voici que, sur les degrés d'Akhaz, je vais faire reculer l'ombre qui est déjà descendue : elle reculera de dix degrés. » Et le soleil remonta sur les degrés dix degrés qu'il avait déjà descendus.
9. Poème d'Ezékias, roi de Juda, lorsqu'il fut malade et survécut à sa maladie.
10. Moi, j'ai dit : au meilleur temps de ma vie, je dois m'en aller. Je suis assigné aux portes du séjour des morts, pour le reste de mes années.
11. J'ai dit : je ne verrai plus le SEIGNEUR sur la terre des vivants. Je ne pourrai plus voir un visage d'homme parmi les habitants du pays où tout s'arrête.
12. Ma vie est arrachée et emportée loin de moi comme une tente de berger. Comme un tisserand, j'arrive au bout du rouleau de ma vie, et les fils de chaîne sont coupés. Du jour à la nuit, tu en auras fini avec moi.
13. Avant le matin, je serai réduit à rien. Comme le lion, il a broyé tous mes os. Du jour à la nuit, tu en auras fini avec moi.
14. Comme l'hirondelle ou le passereau, je pépie, je roucoule comme la colombe. Mes yeux levés vers toi n'en peuvent plus : Seigneur, je suis écrasé, interviens pour moi !
15. Que dirai-je pour qu'il me réponde, car c'est lui qui agit ? Je dois traîner toutes mes années avec l'amertume qui est la mienne.
16. « Le Seigneur est auprès des siens : ils vivront et son esprit animera tout ce qui est en eux », aussi tu me rétabliras et me feras revivre.
17. Mon amertume s'est changée en salut. Tu t'es attaché à ma vie pour que j'évite la fosse et tu as jeté derrière toi tous mes péchés.
18. Car le séjour des morts ne peut pas te louer ni la Mort te célébrer. Ceux qui sont descendus dans la tombe n'espèrent plus en ta fidélité.
19. Le vivant, lui seul, te loue, comme moi aujourd'hui. Le père fera connaître à ses fils ta fidélité.
20. SEIGNEUR puisque tu m'as sauvé, faisons retentir nos instruments tous les jours de notre vie, devant la Maison du SEIGNEUR.
21. Esaïe dit : « Qu'on apporte un gâteau de figues et qu'on l'applique sur les tumeurs. » Et le roi guérit.
22. Et Ezékias dit : « Quel sera le signe que je pourrai monter à la Maison du SEIGNEUR ? »
|
Commentaires du chapitre 38
38.1 à 38.8 : La maladie d'Ezéchias
On estime généralement que le règne d'Ezéchias dura de 715 à environ 686 avant Jésus Christ.
Le verset 5 nous informe que le Seigneur va allonger de quinze années la vie du roi.
Considérant la date de son décès, cet évènement se produit en l'an 701, lorsque les Assyriens sont aux portes de Jérusalem, ce qui concorde avec cette promesse du Seigneur :
« Je te délivrerai, toi et cette ville, de la main du roi d’Assyrie ; je protégerai cette ville. » (verset 6)
Le premier verset nous dit qu'il s'agit d'une maladie mortelle pour Ezéchias et celle-ci est qualifiée d'ulcère ou de tumeur au verset 21.
Il s'agit probablement d'un cancer de la peau sur lequel on étend des figues... faute de mieux !
Mais la rémission d'Ezéchias est le fruit de sa prière et de la volonté du Seigneur.
N'est-il pas écrit en Habakuk 2.4 que « Le juste vivra par sa foi » ?
S'agit-il de la foi du requérant ? De la foi que le Seigneur place dans celui qui le sollicite ? Et pourquoi pas des deux ?
38.9 à 38.22 : La louange d'Ezéchias
Quoi qu'il en soit, cette guérison fondée sur la foi mérite bien un chant de louange.
Celui-ci va être révélateur de l'état des croyances au temps d'Ezéchias et d'Esaïe. Car nous pouvons lire au verset 17 :
« Tu as pris plaisir à retirer mon âme de la fosse du néant... »
Le séjour des morts appelé "Shéol", était conçu comme un lieu sombre, un lieu d'oubli, peut-être un état assimilable au néant, à l'absence de vie, à une mort éternelle.
La croyance en une vie au-delà de la mort terrestre, sous forme de résurrection, était loin d'être acquise.
Nous en trouvons cependant les prémices au verset 16 qui peut fonder cette espérance :
« Le Seigneur est auprès des siens : ils vivront et son esprit animera tout ce qui est en eux. »
Cette parole d'Ezéchias peut être rapprochée d'une prophétie de la même époque :
« Au bout de deux jours, il nous aura rendu la vie, au troisième jour, il nous aura relevés et nous vivrons en sa présence. » (Osée 6.2)
Mais c'est aussi chez Esaïe que nous trouvons l'affirmation préalable d'une croyance en la résurrection :
« Tes morts revivront, leurs cadavres ressusciteront. Réveillez-vous, criez de joie, vous qui demeurez dans la poussière ! » (Esaïe 26.19)
Après l'apposition de figues sur ses plaies, Ezéchias voit disparaître les traces de tumeur et connaît une rémission en ce monde.
Mais la question demeure sur son devenir car il mourra tôt ou tard. Il lui reste quinze ans à vivre.
Va-t-il persévérer dans la foi et, à terme, rejoindre le Seigneur ?
« A quel signe connaîtrai-je que je monterai à la maison de l’Eternel ? » (verset 22)
|