Pour la Bible de Jérusalem, la Bible de la liturgie ou la Traduction Oecuménique de la Bible, il est question du "ciel et la terre" et non des cieux...
Mais le texte hébreu étant au pluriel, parlons donc "des cieux" !
La traduction de Louis Segond a conservé "les cieux".
André Chouraqui, dans sa traduction de la Bible, est très original quand il écrit :
« En tête Elohîms créait les ciels et la terre. »
Cette nuance peut susciter un ou deux niveaux de lecture de la Bible.
Si l'on s'en tient au "ciel et à la terre", notre vision sera rivée à l'histoire de notre environnement terrestre immédiat.
Ce géocentrisme est à l'origine de théories erronnées...
On a longtemps cru, que le soleil, entre autres, tournait autour de la terre.
La Bible n'affirme rien de tel mais l'Eglise s'est longtemps fondée sur cette conception de l'univers qui plaçait la terre au centre de tout.
Si l'on élargit aux "cieux", sans écarter pour autant le premier niveau de lecture, nous disposerons d'une seconde approche illustrée par ce texte de Néhémie (9.6) :
« C’est toi, Eternel, toi seul, qui as fait les cieux, les cieux des cieux et toute leur armée, la terre et tout ce qui est sur elle, les mers et tout ce qu’elles renferment. »
"Les cieux" ou "les ciels" deviennent ainsi l'image d'une autre dimension : celle de l'espace spirituel.
Cet espace spirituel peut être conçu comme le lieu de résidence du Créateur, ce qui est sous-jacent dans cette prière :
« Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié. » (Matthieu 6.9)
Cet espace est saint, c'est-à-dire mis à part de l'espace matériel, comme le nom de son créateur.
Ainsi, au commencement, Elohim a séparé l'espace spirituel d'un espace matériel comprenant la terre et son univers.
La matière d'un côté, la "non matière" de l'autre...
Ne s'agit-il pas de cette antimatière identifiée par les scientifiques mais qui aurait massivement disparu dès le commencement ?
Le Créateur pouvait préparer Son retrait et laisser à l'humanité le libre arbitre de son développement sur terre.
Ce retrait est parfois comparé à une contraction, "tsimtsoum" en hébreu, suivant un concept de la Kabbale.
Ce concept dérive des enseignements d'Isaac Louria (1534-1572) qui imagina un phénomène de contraction de Dieu permettant l'existence d'une réalité extérieure à lui.
Dans la mystique juive, cette séparation est aussi comparée à un accouchement.
En coupant le cordon ombilical qui unissait le Créateur et la création en une seule entité, les créatures de l'univers matériel doivent ainsi acquérir la conscience et l'autonomie.
Le lien subsiste avec l'univers spirituel, celui de Dieu, mais ce n'est pas un lien matériel.