Er, le fils aîné de Juda a déplu au Seigneur qui a préféré mettre un terme à ses jours plutôt que de le laisser devenir le premier héritier de Juda.
Il faut avoir en mémoire ce qui est écrit à propos de la lignée de Juda :
« Le sceptre ne s'éloignera pas de Juda, ni le bâton souverain d'entre ses pieds ... » (Genèse 49.10)
Si telle est la destinée de la tribu de Juda, il est logique que le Seigneur soit attentif à celui qui recevra le droit d'aînesse et aura donc en charge de transmettre la bénédiction.
Or peut-on transmettre une bénédiction lorsque l'on a un comportement indigne de cette bénédiction ?
Ce n'est probablement pas la volonté de Dieu ... même si, par la suite, plusieurs héritiers de la lignée de Juda se révèleront indignes.
Concernant Er, la Bible ne précise pas en quoi il déplut à JHVH mais en analysant son nom, il semble possible de remonter la piste qui révèle son indignité.
Le nom de Er signifie : "veillant" ou "éveillé" et vient d'un verbe hébreu "`Uwr" qui peut se traduire par "se réveiller, éveiller, être éveillé, inciter".
Inciter à quoi ?
A être un serviteur de Dieu ou inciter à se rebeller ?
L'utilisation du verbe "`Uwr" dans la Bible permet de comprendre que son usage peut être associé à des comportements négatifs, comme dans ce verset :
« La haine excite (`Uwr) des querelles, Mais l'amour couvre toutes les fautes. » (Proverbes 10.12)
Il peut aussi traduire le fait d'être triomphant :
« JHVH s'avance comme un héros, Il excite (`Uwr) son ardeur comme un homme de guerre ... » (Esaïe 42.13)
Que le Seigneur s'avance en héros triomphant va de soi ... mais qu'en est-il des hommes ?
Si le nom de Er est le reflet d'un individu qui se veut triomphant, arrogant, prétentieux ... il n'est pas surprenant qu'il soit devenu « méchant aux yeux de JHVH ».
Car ce que le Seigneur attendait de la part de celui qui porterait le droit d'aînesse, c'est qu'il soit un premier-né soumis à la volonté de Dieu.
Mais tout le monde n'est pas un homme de Dieu à l'image d'Abraham, le père des croyants, qui obéissait sans discuter les ordres donnés par Son Seigneur ...
Lorsque Matthieu présente la généalogie de Jésus Christ en Genèse 1.2-3, il commence ainsi :
« Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda et ses frères.
Juda engendra Pharès et Zérah issus de Tamar, Pharès engendra Esrôm, Esrôm engendra Aram ... »
Il est à noter que Matthieu, qui était Juif et s'adressait en priorité aux Juifs dans sa narration de l'Evangile, ne commence pas avec Adam, Noé ou Juda ... mais avec Abraham.
Naturellement, ce n'est pas Er mais Pharès qui succède à Juda puisque le Seigneur jugea Er indigne de cette succession.
Mais en commençant par Abraham, Matthieu souligne l'importance de ce personnage dont la foi envers son Créateur est demeurée infaillible.
Même quand le Seigneur lui demanda de sacrifier son fils Isaac (Genèse 22.2), il ne se déroba pas !
Sachant que le plan de Dieu était de sacrifier un jour Son propre fils, Jésus, pour sauver l'humanité, il est donc logique que la généalogie de Matthieu commence par Abraham et s'arrête à Jésus.
Abraham n'a pas discuté quand le Seigneur lui a demandé de sacrifier son premier-né ... le premier-né se devait donc d'être soumis à Dieu.
Au terme de la lignée héréditaire de Juda, parsemée des meilleurs commes des pires, se trouve le meilleur par excellence : Jésus, le Messie.
Abraham n'a pas eu besoin de sacrifier son fils Isaac ... mais pour Dieu, le sacrifice de Jésus, non le premier-né mais l'Unique, était incontournable :
« Car Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils, l'Unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse mais qu'il ait la vie éternelle. » (Evangile selon Jean 3.16)