Le terme lévirat vient du latin "levir", qui signifie « frère du mari ».
Cette pratique consiste, pour le frère d'un défunt, à épouser la veuve du défunt afin d'assurer, par sa propre semence, une descendance à son frère.
Sous l'Antiquité, le lévirat était connu notamment des Égyptiens, des Babyloniens, des Phéniciens, des Hébreux mais aussi d'une tribu nomade vivant dans les steppes entre le lac Baïkal et la Chine du Nord : les Xiongnu.
Cette pratique fait sa première apparition dans ce verset 38.8 de la Genèse et sera ensuite codifiée dans la loi de Moïse en ces termes :
« Lorsque des frères habiteront ensemble et que l'un d'eux mourra sans laisser d’enfant, la femme du défunt ne se mariera pas en dehors de la famille avec un étranger. C’est son beau-frère qui s’unira à elle, la prendra pour femme et l'épousera comme beau-frère.
Le premier-né qu'elle mettra au monde succédera au frère mort et portera son nom, afin que ce nom ne soit pas effacé d'Israël.
Si l’homme ne veut pas épouser sa belle-sœur, elle montera à la porte vers les anciens et dira : "Mon beau-frère refuse de maintenir le nom de son frère en Israël, il ne veut pas m'épouser conformément à son devoir de beau-frère."
Les anciens de la ville appelleront l’homme et lui parleront. S'il persiste dans sa position et dit : "Je ne veux pas l’épouser", alors sa belle-sœur s'approchera de lui en présence des anciens, lui enlèvera sa sandale du pied et lui crachera au visage.
Prenant la parole, elle dira : "Voilà ce que l’on fera à l'homme qui ne veut pas bâtir la famille de son frère."
Et sa famille sera appelée en Israël "la famille du déchaussé". »
(Deutéronome 25.5-10)
L'analyse de cette prescription du Deutéronome permet de considérer que celui qui se dérobe à son obligation envers son frère défunt est frappé de honte, presque de déchéance au sein du peuple d'Israël.
Son refus l'expose à une humiliation publique :
- la femme du frère décédé lui crachera au visage,
- elle lui ôtera sa sandale, geste qui symbolise le fait qu'il perd son droit envers la femme du défunt, mais qui est surtout offensant car il devient en quelque sorte "bancal".
De plus, cette humiliation sera reportée sur sa descendance que l'on appelera dédaigneusement : "la famille du déchaussé".
Pour éviter une telle humiliation, pour lui comme pour sa descendance, Onan choisit de s'épancher discrètement à terre, s'imaginant sans doute que personne ne le voit (Genèse 38.9).
Erreur fatale pour Onan ... car si la femme de son frère peut ne pas l'avoir vu, rien ne saurait échapper à JHVH qui décide de le faire mourir (Genèse 38.10).
Une sanction qui peut sembler démesurée par rapport à l'acte commis par Onan.
Le Deutéronome ne prévoit pas une telle sanction pour celui qui se dérobe à la loi du lévirat.
Ceci mérite donc une explication.
S'imaginer que Dieu ne nous voit pas quand nous commettons un péché peut être plus grave que le péché lui-même.
Dans le cas présent, le péché consistait à désobéir à son père et à faire preuve d'égoïsme en refusant de donner un enfant à la femme de son frère parce que cet enfant ne serait pas pour lui (Genèse 38.9).
Mais en agissant de la sorte, Onan commet surtout un péché contre JHVH car le fait d'agir dans l'ombre revient à considérer que, si Dieu ne peut nous voir ... c'est qu'il n'existe pas.
Les rabbins se sont livrés à une analyse similaire à propos de l'adultère quand il est écrit en Job 24.15 :
« L'œil de l'adultère épie le crépuscule.
"Personne ne me verra", dit-il, et il met un voile sur sa figure. »
Le constat est identique : l'adultère est un péché.
Mais le plus grave, c'est de s'imaginer que "personne" ne le verra ... même pas Dieu, ce qui revient à nier son existence !