Livre de LA GENESE ... Etudes et commentaires de la Bible


JHVH : Le Nom de Dieu

« Quant à Seth, aussi, naquit un fils.

Il lui donna pour nom Énosh.

C'est alors que l'on commença à invoquer le nom de JHVH. »


(Genèse 4.26)

יְהוָֹה



Le fait d'invoquer le Nom de Dieu a été interprêté comme une profanation par les rabbins. Ainsi Rachi, au XIe siècle après J.C., commentait ce verset en ces termes :

"Le mot hou‘hal (on commença) est à rapprocher de houlin (profanation). On donnait aux hommes et aux plantes des noms du Saint béni soit-Il, en leur rendant un culte idolâtre et en les désignant comme des dieux."

L'usage du Nom divin n'a pas toujours fait l'objet d'un interdit.

Il a pu de ce fait être employé sans considération ce qui justifie le commandement suivant :

« Tu ne prendras point le nom de l'Eternel, ton Dieu, en vain ... » (Exode 20.7)

Andrea Cohen, docteur en philosophie et rabbin de la synagogue de Birmingham, explique dans un ouvrage sur Le Talmud que :

"A l'époque biblique, l'usage de ce nom dans le langage courant ne semble avoir soulevé aucun scrupule.

Nombreux sont les noms de personnes composés avec Jah ou Jahou, même après l'exil babylonien ; ceci indique bien que l'emploi du tétragramme n'était nullement prohibé.

Mais dès les premiers temps de la période rabbinique, on ne le prononça plus que dans le service du temple."

De ce fait, plus personne ne peut dire avec certitude comment le tétragramme (mot de quatre lettres) sacré « JHVH », que les translittérations françaises s'efforcent d'exprimer par « YHWH », était prononcé il y a 2 500 ans.

Dans la Genèse, Dieu se nomme d’abord et exclusivement « Elohim », de Genèse 1.1 à 2.3, à 28 reprises. C’est la première "face" du Dieu-Créateur qui nous est ainsi révélée.

De Genèse 2.4 à 3.23, c’est « JHVH Elohim » (que l'on traduit souvent par l’Eternel Dieu ou le Seigneur Dieu) qui apparaît exclusivement à 21 reprises.

C’est le temps béni du séjour de l’humanité primitive aux côtés du Créateur avant l’exclusion du jardin d'Eden.

C’est le temps de l'unité entre Dieu et l'humanité, entre l'homme et la femme, qui se traduit par l'unité de Dieu en Lui-même au travers de l'emploi de son double-Nom.

« JHVH » apparaît seul à partir du chapitre 4 de la Genèse. C’est le commencement de l’histoire de l’humanité livrée à elle-même et qui va s'éloigner de plus en plus de la face de Dieu.

« Elohim » est souvent utilisé par la suite (plus de 2000 fois).

« JHVH Elohim » apparaît encore ici et là une vingtaine de fois.

Mais « JHVH » est le plus employé avec plus de 5800 mentions dans le Premier Testament. Que signifie « JHVH » ?

Le professeur Shmuel Trigano répond à cette question dans Le judaïsme et l'esprit du monde.

"Dieu se révèle sur le mode de l'être : d'abord sous le nom « Je serai qui je serai » (Exode 3.14), puis sous celui de YHVH (3.16), sous un premier nom qui échappe à la saisie en s'annonçant au futur, puis sous un nom qui dérive lui aussi du radical verbal désignant l'être (hvh). YHVH pourrait bien signifier « il sera », car le préfixe yod (y) est la marque du futur, quoique futur sortant de l'ordinaire."

« Il sera » ... n'est-ce-pas l'affirmation du devenir de Dieu par l'incarnation en Son fils unique : Jésus-Christ ?

Une hypothèse qui, cela va de soi, ne sera partagée que par les chrétiens ...

Qu'il soit fait mention, en Genèse 4.26, de la naissance d'un culte particulier envers l'Eternel doit-il être considéré, comme l'ont fait les rabbins, comme une profanation du Nom divin ?

La lecture du chapitre 4 de la Genèse nous révèle le rôle important de Caïn et de sa descendance dans le processus de déchéance progressive de l'humanité caïnique.

Puis il est question de Seth, dont la lignée conduira à Noé, seul rameau épargné par le Déluge.

Et c'est au sein de la famille de Seth qu'une volonté de rétablir la communication avec Dieu s'est manifestée.

Car invoquer le Nom de l'Eternel, n'est-ce-pas tout simplement prier ?

La Bible d'Alexandrie présente sous un angle particulier cette tentative de renouer le contact avec le Créateur :

« Et un fils naquit à Seth, il lui donna le nom d'Énôs. Celui-ci espéra invoquer le nom du Seigneur Dieu. »

Vu sous cet angle, il semble bien que le fait de rétablir un face à face avec l'Eternel soit resté une espérance ...

Pourquoi Dieu serait-il resté sourd à cet appel au temps de Seth ?

La Bible nous enseigne par la suite que JHVH « vit que la malignité de l’humanité se multipliait sur terre.

Chaque jour, son cœur fomentait le mal par toutes sortes de dispositifs. » (Genèse 6.5)

Ceci explique peut-être l'impossibilité de reconstruire à cette époque, même partiellement, la relation initialement programmée entre Dieu et l'humanité.

La rupture consommée par l'éviction du Jardin d'Eden s'accompagne d'un retrait de la divinité.

Ce retrait se manifeste peut-être par une dissociation du Nom divin « JHVH Elohim » qui se divise en deux noms distincts après avoir chassé le couple humain (Genèse 3.23).

La Bible nous enseigne qu'il sera mis un terme à cette dissociation lorsque l'humanité, réconciliée avec Son créateur, pourra vivre à ses côtés dans la Cité éternelle.

« Je n'y vis pas de temple, car son temple, c'est le Seigneur, le Dieu Tout-Puissant et l'Agneau. » (Apocalypse 21.22)

L'expression « Seigneur Dieu » (en grec Kurios o Theos) est surtout employée dans le livre de l'Apocalypse qui clôture la Bible par le rétablissement de l'unité primordiale.

« Kurios o Theos » n'est-il pas l'équivalent de « JHVH Elohim » ?

Pour éviter de profaner le Nom divin, les Juifs l'évoquent en disant "HaShem" (Le Nom).

Pour ne pas le lire lorsqu'il est mentionné dans la Torah et autres écrits bibliques, ils le remplacent le plus souvent par "Adonaï" (Mon Seigneur).

Nous avons choisi de ne pas traduire le Nom de Dieu autrement que par « JHVH ».

Ceci correspond aux quatre lettres de l'hébreu mais, en l'état, elles demeurent imprononçables en français faute de voyelles ...

Dans le langage courant, nous utilisons le mot Dieu.

Mais en ne traduisant ni « Elohim », ni « JHVH », ni « JHVH Elohim » dans notre traduction interlinéaire de la Genèse ci-contre, nous entendons conserver au texte hébreu initial toute sa puissance.

Nous considérons en effet que le terme Dieu, du fait de son origine, est impropre pour désigner réellement qui peut être le Créateur de l'univers.

Dieu vient du latin Deus que l'on retrouve dans le nom du dieu grec Zeus dont le génitif est Dios.

L'équivalent romain de Zeus est Jupiter, nom composé d'origine indo-européenne Dyeus phter, tout ceci étant donc d'origine païenne.

Quoique les chrétiens ne soient nullement tenus par des observances religieuses issues d'une quelconque tradition, n'oublions jamais ce que Jésus dit à propos du Nom divin lorsque l'on prie :

« Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié. » (Matthieu 6.9)

Etre sanctifié signifie "être mis à part".

Le Nom de Dieu, doit être mis à part, traîté avec un respect particulier.

Et ce Nom qui fut révélé dans le cadre de la Première Alliance (Ancien Testament), nous appelle à revenir vers Lui à chaque fois que nous lisons :

JHVH

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Traduction interlinéaire
de la Genèse

Chapitre 4 ~ Versets 4.25 à 4.26

25. Et Adam connut encore sa femme. Elle donna naissance à un fils, et l'appela du nom de Seth « car Elohim m'a suscité une autre semence à la place d'Abel, que Caïn a tué. »

26. Quant à Seth, aussi, naquit un fils. Il lui donna pour nom Énosh. C'est alors que l'on commença à invoquer le nom de JHVH.

Chapitre 5 ~ Versets 5.1 à 5.17

1. Voici le rouleau de la généalogie d'Adam. Le jour où Elohim créa l'humain, il le créa selon l’image d'Elohim,

2. Mâle et femelle il les créa, puis il les bénit et les appela du nom d'humain du jour où ils furent créés.

3. Et Adam vécut cent trente ans. Puis il engendra à sa ressemblance et selon son image. Il l'appela du nom de Seth.

4. Puis les jours d'Adam s'écoulèrent après avoir engendré Seth : huit cents ans. Et il engendra des fils et des filles.

5. Ainsi s'écoulèrent tous les jours d'Adam qui vécut neuf cent trente ans et mourut.

6. Et Seth vécut cent cinq ans et engendra Énosh.

7. Après avoir engendré Énosh, Seth vécut huit cent sept ans. Il engendra des fils et des filles.

8. Ainsi s'écoulèrent tous les jours de Seth qui vécut neuf cent douze ans et mourut.

9. Énosh vécut quatre-vingt-dix ans et engendra Qénân.

10. Après avoir engendré Qénân, Énosh vécut huit cent quinze ans. Il engendra des fils et des filles.

11. Ainsi s'écoulèrent tous les jours d'Énosh qui vécut neuf cent cinq ans et mourut.

12. Qénân vécut soixante-dix ans et engendra Mahalalel.

13. Après avoir engendré Mahalalel, Qénân vécut huit cent quarante ans. Il engendra des fils et des filles.

14. Ainsi s'écoulèrent tous les jours de Qénân qui vécut neuf cent dix ans et mourut.

15. Mahalalel vécut soixante-cinq ans et engendra Yéred.

16. Après avoir engendré Yéred, Mahalalel vécut huit cent trente ans. Il engendra des fils et des filles.

17. Ainsi s'écoulèrent tous les jours de Mahalalel qui vécut huit cent quatre-vingt-quinze ans et mourut.