Quelle est cette terre orientale vers laquelle Abraham dirigea les fils de ses concubines ?
La Bible ne dit rien de plus et cette destination rappelle le territoire qui fut assigné à Caïn après le meurtre de son frère, Abel :
« Et Caïn se retira des faces de JHVH et résida dans le pays de Nod, à l'est d'Éden. » (Genèse 4.16)
Ainsi, l'Orient semble bien être une terre d'exil.
Dans le cas de Caïn, le Pays de Nod allait être un lieu d'errance, difficile à localiser car l'errance peut conduire bien loin.
A l'est d'Eden, vous pouvez errer indéfiniment jusqu'à faire le tour de la Terre ... et revenir par l'ouest : vous serez toujours un vagabond !
Car le nom de ce pays est en fait le résultat d'un jeu de mots en hébreu entre Nod et le terme hébreu que l'on traduit par "vagabond".
Pour mieux comprendre ce jeu de mots, il faut se référer à deux termes proches en hébreu :
- "nidda" qui signifie "errance",
- "nidouy" que l'on traduit par "bannissement".
Caïn était bani de la présence de Dieu, expédié là-bas, au loin, loin de la face de JHVH.
En ce qui concerne les fils des concubines d'Abraham, il ne s'agit pas d'un bannissement mais d'une probable mesure de précaution.
Isaac est le seul héritier légitime, le seul qui ait été conçu avec Sarah, l'épouse légitime, et qui a reçu la promesse de l'héritage territorial du pays de Canaan.
Mais Abraham est prudent.
Il connaît la nature humaine et ce qui peut se tramer dans le cœur des hommes.
Les autres fils d'Abraham auraient fort bien pu se liguer contre Isaac après la mort d'Abraham et contester l'héritage.
C'est donc avant sa mort que Abraham prend cette sage décision.
Peut-être avait-il aussi en mémoire ce qui s'était passé avec Hagar, la servante de Sarah, et Ishmaël, le fils que la servante avait donné à Abraham.
Après la naissance d'Isaac, quand celui-ci fut sevré, Abraham organisa un grand festin en l'honneur de son fils.
Mais Sarah n'apprécia pas le comportement d'Ishmaël ce jour-là :
« Or Sarah vit le fils que Hagar, l'Egyptienne, avait donné pour Abraham, qui se moquait. » (Genèse 21.9)
Elle obtint que le fils et sa mère soient écartés de la communauté.
C'était aussi une sage décision car Ishmaël qui était l'aîné, même issu d'une relation avec une concubine, aurait pu avoir ultérieurement des prétentions.
Isaac était ainsi protégé. Etait-ce nécessaire ?
Elohim lui avait accordé sa bénédiction et renouvelé sa promesse envers Abraham :
« Car c'est par Isaac que ta semence sera considérée ! » (Genèse 21.12)
Que pouvait-on craindre ?
Pourtant, Abraham, cet homme de foi, préfère assurer un avenir pacifique à son fils afin d'éviter que celui-ci soit contesté par ses demi-frères.
Dans ce monde où règnent l'orgueil et l'ambition, il n'est pas toujours facile d'anticiper les attaques.
La volonté de pouvoir conduit à de multiples conspirations et trahisons.
Les "amis" de la veille ont tôt fait de devenir les ennemis de demain au gré d'alliances de circonstance.
Comme Abraham, il faut savoir faire preuve de discernement.
Songeons à ce proverbe : "Mieux vaut prévenir que guérir !"
Cependant, il sera rarement possible de se permettre, comme le fit Abraham, d'envoyer les adversaires potentiels ...
Là-bas, au loin ...