Livre de LA GENESE ... Etudes et commentaires de la Bible


Le pays de Nod


« Que tu serves la terre ! Elle cessera de te donner sa vitalité.

Tu seras errant et vagabond sur terre. »


(Genèse 4.12)

A l'est d'Eden ...


Quand Adam fut chassé hors du jardin d'Eden, Dieu lui dit :

« La terre est maudite à cause de toi. C’est dans la douleur que tu t'en nourriras tous les jours à vivre.

Elle te fera pousser des épines et des chardons, et tu mangeras l’herbe du champ. » (Genèse 3.17-18)

La vie sera dure pour Adam et sa descendance, mais parmi les ronces, la terre pourra encore produire de quoi se nourrir.

Les femmes accoucheront dans la douleur et la terre sera travaillée par les hommes dans la douleur.

Le premier fils d'Adam, Caïn, en est le premier héritier puisqu'il était cultivateur.

Mais cette terre dont la culture lui incombait allait devenir totalement hostile.

La situation de Caïn est beaucoup plus délicate du fait de son crime.

La faute d'Adam avait généré une malédiction sur la terre.

Mais le meurtre d'Abel, et son sang versé sur la terre, suscite un rejet de celle-ci envers Caïn :

« Et maintenant tu es maudit depuis la terre qui a ouvert sa bouche béante pour recevoir de ta main les sangs de ton frère. » (Genèse 4.11)

Depuis le crime de Caïn, combien de fois la terre a-t-elle dû ouvrir sa bouche pour recueillir les sangs des multitudes qui se sont entretuées ?

Une terre maudite qui, en retour, proclame une malédiction ... voici un processus étrange qui peut sembler bien loin de nos conceptions modernes du monde.

Cette personnification de la terre nous renvoie au concept ancien de "Terre Mère" nourricière.

La plus belle illustration de cette Mère nourricière, c'est la "Terre promise" :

« Si JHVH nous est favorable, il nous mènera dans ce pays, et nous le donnera : c’est un pays où coulent le lait et le miel. » (Nombres 14.18)

Cette description de la Terre promise « où coulent le lait et le miel » est reproduite vingt fois dans le Premier Testament.

Elle illustre bien l'espérance d'un rétablissement de la grâce divine au travers d'une Terre nourricière.

Mais tout ceci ne sera pas pour Caïn !

Puisque le sol qu'il cultivait lui est devenu hostile, il ne lui reste plus qu'à errer pour mendier sa nourriture.

Un pays lui est assigné : « Et Caïn se retira des faces de JHVH et résida dans le pays de Nod, à l'est d'Éden. » (Genèse 4.16)

Cette précision géographique a conduit certains exégètes à vouloir localiser le Pays de Nod. Il pourrait correspondre à l'actuel Afghanistan.

En fait, il est peu probable qu'une quelconque localisation ait un sens.

Car ce pays inconnu est en fait le fruit d'un jeu de mots en hébreu entre Nod (verset 16) et le mot traduit par "vagabond" dans les versets 12 et 14 de ce chapitre de la Genèse.

Le Pays de Nod, c'est une terre d'errance, sans limites spatiales.

A l'est d'Eden, vous pouvez errer indéfiniment jusqu'à faire le tour de la Terre ... et revenir par l'ouest : vous serez toujours un vagabond !

Pour mieux saisir le sens de ce nom, il faut se référer à deux termes proches en hébreu :

- "nidda" qui signifie "errance",

- "nidouy" que l'on traduit par "bannissement".

Caïn est désormais un bani, un paria.

L'errance de Caïn s'accompagne d'une autre conséquence dramatique.

Il est écrit que « Caïn se retira des faces de JHVH ... »

Il faut se souvenir que ses parents, Adam et Eve, vivaient au contact permanent de Dieu dans le jardin d'Eden.

Leur éviction du jardin paradisiaque les a certes soumis aux contraintes du monde mais ils demeuraient sous les regards de leur Créateur.

Caïn comme son frère, Abel, bénéficiaient encore de cette relation avec Dieu.

Ils parlaient à Dieu et celui-ci s'adressait à eux.

Pour Caïn, le dialogue est désormais rompu par son éloignement des faces de Dieu.

Caïn n'aura plus de relation personnelle avec son Créateur.

Rappelons ici que le mot hébreu est toujours au pluriel ce qui nous incite à traduire faces de Dieu et non "face" au singulier.

Pourquoi ce pluriel ?

Parce que l'on ne peut ainsi faire aucune représentation d'une "face" d'un Dieu qui est Esprit (Jean 4.24) et qui, par sa dimension infinie, ne saurait avoir une seule "face" ... mais un nombre incalculable de faces.

De ce fait, se retirer comme Caïn des faces de Dieu implique le retrait de l'Esprit Saint.

Pour celui qui a pu bénéficier de cette sainte présence, ce retrait le rend seul face à lui-même.

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Traduction interlinéaire
de la Genèse

Chapitre 4 ~ Versets 4.8 à 4.20

8. Et Caïn parla à son frère Abel puis il le suivit. Arrivés au champ, Caïn se dressa contre Abel, son frère, et le tua.

9. Alors il dit, JHVH, à Caïn : « Où est Abel, ton frère ? » Et il répondit : « Je ne sais pas. Suis-je gardien de mon frère ? »

10. Alors il dit : « Qu'as-tu fait ! La voix des sangs de ton frère pousse des cris vers moi depuis la terre.

11. Et maintenant tu es maudit depuis la terre qui a ouvert sa bouche béante pour recevoir de ta main les sangs de ton frère.

12. Que tu serves la terre ! Elle cessera de te donner sa vitalité. Tu seras errant et vagabond sur terre. »

13. Alors Caïn dit à JHVH : « Ma perversion est trop grande pour être supportée.

14. Vois ! Tu me chasses aujourd'hui des faces de la terre et je serai caché loin de tes faces. Je deviens errant et vagabond sur la terre, et il adviendra que, quiconque me trouve, me tuera. »

15. Mais il lui dit, JHVH : « En conséquence, si quelqu’un tuait Caïn, il serait vengé sept fois. » Et il mit, JHVH, un signe sur Caïn afin que quiconque le trouve ne le tue pas.

16. Et Caïn se retira des faces de JHVH et résida dans le pays de Nod, à l'est d'Éden.

17. Puis Caïn connut sa femme et elle fut enceinte et donna naissance à Hénok. Et il bâtit une ville. Il donna pour nom à cette ville le nom de son fils Hénok.

18. Puis Irad naquit à Hénok et Irad engendra Mehouyaél. Mehouyaél engendra Metoushaél et Metoushaél engendra Lémec.

19. Et Lémec prit deux femmes pour lui. Le nom de l’une était Ada, et le nom de la seconde Tsilla.

20. Et Ada donna naissance à Jabal. C'est lui qui fut le père de tout éleveur qui demeure sous la tente.