Livre de LA GENESE ... Etudes et commentaires de la Bible



Ésaü


« Le premier sortit, entièrement roux, comme une fourrure.

Et ils l'appelèrent du nom d'Ésaü. »

(Genèse 25.25)

Ésaü

L'origine du nom Ésaü semble incertaine car l'explication qui ressort en premier dans le récit biblique associe son nom au fait qu'il soit roux et poilu.

Or, étymologiquement, ceci ne se rapporte pas à Ésaü mais à Édom (Genèse 25.30).

Il faut donc se tourner vers les exégètes juifs, et notamment le rabbin Rachi, qui explique :

"Ésaü : De la racine « assé » (« faire »).

Tout le monde l’a appelé ainsi parce qu’il était « fait », c’est-à-dire qu’il était venu au monde tout velu, comme un homme d’âge mûr."

Cet "homme-enfant" allait plaire à Isaac, son père, auquel il rapportait du gibier, mais sa mère, Rebecca, préférait son frère Jacob, sans que la Bible nous dise pourquoi.

Dieu, pour sa part, allait aussi porter son choix vers Jacob comme nous le confirme le prophète Malachie :

« Cependant j'ai aimé Jacob, Et j'ai eu de la haine pour Ésaü, J'ai fait de ses montagnes une solitude, J'ai livré son héritage aux chacals du désert. » (Malachie 1.2-3)

Là encore, ce choix n'est pas justifié dans la Bible comme le souligne l'apôtre Paul :

« Que pourrions-nous dire ? N'est-ce pas injuste de la part de Dieu ? Il n'en est rien ! Car il dit à Moïse :

Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde, et j'aurai de la compassion pour qui j'ai de la compassion. » (Romains 9.14-15)

On ne peut discuter le choix de Dieu !

Ésaü le "mal-aimé", va non seulement se voir ravir son droit d'aînesse par son frère (Genèse 25.33) mais aussi la bénédiction de son père Isaac quand il fut âgé (Genèse 27.35).

Aussi Ésaü envisagera de tuer son frère (Genèse 27.41).

Pourtant, lorsque celui-ci reviendra après de longues années de séparation, Ésaü accueillera Jacob avec amour (Genèse 33.4).

Par la suite, Ésaü s'établit dans la montagne de Séir, au sud d'Israël, un territoire difficile où il aura de nombreux descendants.

Ce peuple, les Edomites, fut peu apprécié par les Israélites si l'on en juge par les commentaires défavorables de plusieurs prophètes de l'Ancien Testament.

Mais ce jugement négatif à l'encontre d'Ésaü dépasse l'Ancien Testament puisqu'il sert de référence, en des termes peu élogieux, à l'auteur de l'Epître aux Hébreux :

« Qu'il n'y ait ni débauché, ni profanateur, comme Esaü qui vendit son droit d'aînesse pour un seul plat.

Et vous savez que, par la suite, il fut exclu quand il a voulu hériter de la bénédiction. Il ne trouva aucun moyen de changer cela, malgré ses larmes et supplications. » (Hébreux 12.16-17)

Ésaü, l'homme roux, était-il porteur d'une malédiction ?

Ésaü est-il porteur d'une symbolique négative du fait de sa couleur ?

Sur le plan de la symbolique, on considère que le roux évoque le feu infernal dévorant, les délires de la luxure, la passion du désir, qui consument l'être physique et spirituel.

Cette approche est compatible avec ce qui est extrait ci-dessus de l'Epître aux Hébreux.

Une certaine tradition veut aussi que Judas, celui qui trahit Jésus, aurait eût les cheveux roux.

Mais rien ne vien confirmer ceci dans la Bible.

C'est toutefois dans le prolongement d'un tel état d'esprit à l'encontre des roux que ceux-ci ont pu être considérés comme des sorciers, notamment en France au Moyen Âge.

Et ne doutons pas que, l'obscurantisme aidant, certains aient pu justifier leur condamnation des roux sur le fait que Dieu avait préféré Jacob à Ésaü !

Ésaü a méprisé son droit d'aînesse ... c'était une erreur.

Ses descendants, les Edomites, devaient-ils pour autant payer pour la faute de leur ancêtre ?

Non, la Bible nous enseigne au contraire qu'un fils ne doit pas être responsable des erreurs de son père et encore moins ses lointains descendants.

« L'âme qui pèche, c'est celle qui mourra. Le fils ne portera pas l'iniquité de son père, et le père ne portera pas l'iniquité de son fils. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui. » (Ezéchiel 18.20)

Et d'un point de vue chrétien, le salut offert à l'humanité ne concerne pas certains peuples au détriment des autres.

Car si les Edomites ont depuis longtemps disparu en tant que peuple identifiable, il n'en demeure pas moins qu'il n'y a plus « ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous êtes tous un en Jésus Christ. » (Epître aux Galates 3.28)

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Traduction interlinéaire
de la Genèse

Chapitre 25 ~ Versets 25.19 à 25.30

Parashat Toledot

19. Voici la généalogie d'Isaac, fils d'Abraham. Abraham engendra Isaac.

20. Et ce fut Isaac, âgé de quarante ans, qui prit Rebecca pour femme, la fille de Bethuel, l'Araméen de Padan-Aram, sœur de Laban, l'Araméen.

21. Isaac intercéda auprès de JHVH à propos de sa femme qui était stérile, et JHVH intercéda pour lui. Rebecca, sa femme devint enceinte.

22. Les fils se heurtaient à l'intérieur. Alors elle dit : « S'il en est ainsi, pourquoi suis-je enceinte ? » Et elle alla consulter JHVH.

23. JHVH lui dit : « Deux nations sont dans ton ventre et deux peuples différents issus de tes entrailles se sépareront. L'un dominera l'autre et le plus âgé servira le moindre. »

24. Puis les jours où elle donna naissance arrivèrent et voici : des jumeaux dans son ventre !

25. Le premier sortit, entièrement roux, comme une fourrure. Et ils l'appelèrent du nom d'Ésaü.

26. Ensuite, son frère sortit. Sa main tenait le talon d'Ésaü. Ils l'appelèrent du nom de Jacob. Isaac était âgé de soixante ans à leur naissance.

27. Les garçons grandirent. Ésaü devint un homme connaisseur en gibier, un homme de terrain, et Jacob un homme sans défaut restant sous les tentes.

28. Isaac aimait Ésaü parce qu'il mettait du gibier dans sa bouche ; et Rebecca aimait Jacob.

29. Pendant que Jacob faisait cuire un potage, Ésaü arriva du terrain, exténué.

30. Ésaü dit à Jacob : « S'il te plaît ! Fais-moi donc manger de ce roux ! De ce roux, celui-ci, car je suis exténué. » C'est ainsi qu'on l'appela du nom d'Édom.