Etudes et commentaires de la Bible

Esaïe ... chapitre 51 : Les rachetés du Seigneur

La Bible et les prophètes

Traduction Louis Segond 1910

1 Ecoutez-moi, vous qui poursuivez la justice, Qui cherchez l’Eternel ! Portez les regards sur le rocher d’où vous avez été taillés, Sur le creux de la fosse d’où vous avez été tirés.

2 Portez les regards sur Abraham votre père, Et sur Sara qui vous a enfantés ; Car lui seul je l’ai appelé, Je l’ai béni et multiplié.

3 Ainsi l’Eternel a pitié de Sion, Il a pitié de toutes ses ruines ; Il rendra son désert semblable à un Eden, Et sa terre aride à un jardin de l’Eternel. La joie et l’allégresse se trouveront au milieu d’elle, Les actions de grâces et le chant des cantiques.

4 Mon peuple, sois attentif ! Ma nation, prête-moi l’oreille ! Car la loi sortira de moi, Et j’établirai ma loi pour être la lumière des peuples.

5 Ma justice est proche, mon salut va paraître, Et mes bras jugeront les peuples ; Les îles espéreront en moi, Elles se confieront en mon bras.

6 Levez les yeux vers le ciel, et regardez en bas sur la terre ! Car les cieux s’évanouiront comme une fumée, La terre tombera en lambeaux comme un vêtement, Et ses habitants périront comme des mouches ; Mais mon salut durera éternellement, Et ma justice n’aura point de fin.

7 Ecoutez-moi, vous qui connaissez la justice, Peuple, qui as ma loi dans ton coeur ! Ne craignez pas l’opprobre des hommes, Et ne tremblez pas devant leurs outrages.

8 Car la teigne les dévorera comme un vêtement, Et la gerce les rongera comme de la laine ; Mais ma justice durera éternellement, Et mon salut s’étendra d’âge en âge.

9 Réveille-toi, réveille-toi ! revêts-toi de force, bras de l’Eternel ! Réveilletoi, comme aux jours d’autrefois, Dans les anciens âges ! N’est-ce pas toi qui abattis l’Egypte, Qui transperças le monstre ?

10 N’est-ce pas toi qui mis à sec la mer, Les eaux du grand abîme, Qui frayas dans les profondeurs de la mer Un chemin pour le passage des rachetés ?

11 Ainsi les rachetés de l’Eternel retourneront, Ils iront à Sion avec chants de triomphe, Et une joie éternelle couronnera leur tête ; L’allégresse et la joie s’approcheront, La douleur et les gémissements s’enfuiront.

12 C’est moi, c’est moi qui vous console. Qui es-tu, pour avoir peur de l’homme mortel, Et du fils de l’homme, pareil à l’herbe ?

13 Et tu oublierais l’Eternel, qui t’a fait, Qui a étendu les cieux et fondé la terre ! Et tu tremblerais incessamment tout le jour Devant la colère de l’oppresseur, Parce qu’il cherche à détruire ! Où donc est la colère de l’oppresseur ?

14 Bientôt celui qui est courbé sous les fers sera délivré ; Il ne mourra pas dans la fosse, Et son pain ne lui manquera pas.

15 Je suis l’Eternel, ton Dieu, Qui soulève la mer et fais mugir ses flots. L’Eternel des armées est son nom.

16 Je mets mes paroles dans ta bouche, Et je te couvre de l’ombre de ma main, Pour étendre de nouveaux cieux et fonder une nouvelle terre, Et pour dire à Sion : Tu es mon peuple !

17 Réveille-toi, réveille-toi ! lève-toi, Jérusalem, Qui as bu de la main de l’Eternel la coupe de sa colère, Qui as bu, sucé jusqu’à la lie la coupe d’étourdissement !

18 Il n’y en a aucun pour la conduire De tous les fils qu’elle a enfantés, Il n’y en a aucun pour la prendre par la main De tous les fils qu’elle a élevés.

19 Ces deux choses te sont arrivées : -Qui te plaindra ? -Le ravage et la ruine, la famine et l’épée. -Qui suis-je pour te consoler ? -

20 Tes fils en défaillance gisaient à tous les coins de rues, Comme le cerf dans un filet, Chargés de la colère de l’Eternel, Des menaces de ton Dieu.

21 C’est pourquoi, écoute ceci, malheureuse, Ivre, mais non de vin !

22 Ainsi parle ton Seigneur, l’Eternel, Ton Dieu, qui défend son peuple : Voici, je prends de ta main la coupe d’étourdissement, La coupe de ma colère ; Tu ne la boiras plus !

23 Je la mettrai dans la main de tes oppresseurs, Qui te disaient : Courbe-toi, et nous passerons ! Tu faisais alors de ton dos comme une terre, Comme une rue pour les passants.

Traduction œcuménique de la Bible

1. Ecoutez-moi, vous qui êtes en quête de justice, vous qui cherchez le SEIGNEUR : Regardez le rocher d'où vous avez été taillés, et le fond de tranchée d'où vous avez été tirés ;

2. regardez Abraham, votre père, et Sara qui vous a mis au monde ; il était seul, en effet, quand je l'ai appelé ; or je l'ai béni, je l'ai multiplié !

3. Oui, le SEIGNEUR réconforte Sion, il réconforte toutes ses dévastations ; il rend son désert pareil à un Eden et sa steppe pareille à un Jardin du SEIGNEUR ; on y retrouvera enthousiasme et jubilation, action de grâce et son de la musique.

4. Accordez-moi votre attention, vous, mon peuple, vous, populations, tendez l'oreille vers moi : car de moi sortira la loi, et mon jugement, lumière des peuples, je l'activerai !

5. Elle est proche, ma justice ; il sort, mon salut, et mes bras vont juger les peuples ; les îles mettront leur espérance en moi et seront dans l'attente de mon bras.

6. Levez vos yeux vers les cieux, puis regardez en bas, vers la terre : oui, les cieux comme une fumée s'effilocheront, la terre comme un habit s'usera et ses habitants mourront comme des insectes. Mais mon salut sera là pour toujours et ma justice ne sera jamais terrassée.

7. Ecoutez-moi, vous qui connaissez la justice, peuple de ceux qui ont ma Loi dans leur cœur : Ne craignez pas la risée des humains, et par leurs sarcasmes ne soyez pas terrassés,

8. car la teigne les mangera comme un habit, la mite les mangera comme de la laine. Mais ma justice sera là pour toujours, et mon salut, de génération en génération.

9. Surgis, surgis, revêts-toi de puissance, bras du SEIGNEUR, surgis, comme aux jours du temps passé, des générations d'autrefois. N'est-ce pas toi qui as taillé en pièces le Tempétueux, transpercé le Dragon ?

10. N'est-ce pas toi qui as dévasté la Mer, les eaux de l'Abîme gigantesque, qui as fait du fond de la mer un chemin, pour que passent les rachetés ?

11. Les affranchis du SEIGNEUR reviendront, ils entreront dans Sion au milieu des acclamations, la jubilation d'autrefois nimbant leur tête. Enthousiasme et Jubilation afflueront, Tourment et Gémissement se sont enfuis.

12. C'est moi, c'est moi qui vous réconforte. Qui es-tu pour craindre l'humain qui meurt, le fils d'Adam qui est compté comme une herbe,

13. pour oublier le SEIGNEUR qui t'a fait, qui a tendu les cieux et fondé la terre, pour frémir sans cesse à longueur de jour devant la fureur de l'oppresseur, comme s'il était assez stable pour détruire ? Mais où est-elle, la fureur de l'oppresseur ?

14. Vite, le voilà dégagé celui qui était prostré : il ne mourra pas, il n'est pas pour la fosse, et le pain ne lui manquera jamais !

15. C'est moi qui suis le SEIGNEUR, ton Dieu, qui active la mer au point que ses flots grondent et dont le nom est : « le SEIGNEUR de l'univers ».

16. J'ai mis mes paroles dans ta bouche, dans l'ombre de ma main je t'ai abrité en plantant les cieux, en fondant la terre et en disant à Sion : « Mon peuple c'est toi ! »

17. Resurgis, resurgis, mets-toi debout, Jérusalem, toi qui as bu de la main du SEIGNEUR le calice de sa fureur ; la coupe du calice de vertige tu l'as bue, tu l'as vidée.

18. De tous les fils qu'elle a enfantés, pas un qui l'ait menée se rafraîchir ; de tous les fils qu'elle a fait grandir, pas un qui l'ait tenue par la main !

19. Ces deux choses te sont arrivées : – qui te plaindra ? – Dégât et Brisement, Famine et Epée : qui te réconfortera ?

20. Tes fils sont enlisés, gisant à tous les coins de rue, comme antilope prise au piège, domptés par la fureur du SEIGNEUR, par la menace de ton Dieu.

21. Dès lors, écoute donc ceci, humiliée, enivrée, mais non de vin :

22. Ainsi parle ton Maître, le SEIGNEUR, ton Dieu, qui épouse la querelle de son peuple : Voici que j'ai retiré de ta main le calice du vertige, la coupe du calice de ma fureur désormais tu n'auras plus à la boire.

23. Je la mettrai dans la main de tes tourmenteurs, de ceux qui te disaient, à toi : « Aplatis-toi, pour que nous passions » ; alors, tu avais mis ton dos en guise de sol, en guise de rue pour les passants.

Commentaires du chapitre 51

51.1 à 51.10 : Appel aux héritiers d'Abraham
Après avoir réagi au chapitre 50 contre ceux de son peuple qui s'opposent à la Parole de Dieu, Esaïe va se tourner vers ceux qui voudraient l'écouter :

« Ecoutez-moi, vous qui poursuivez la justice, Qui cherchez l’Eternel ! » (verset 1)

Il cite pour référent Abraham, celui que le Seigneur appela en lui disant :

« Va-t'en ! De ta terre, de ta famille, de la maison de ton père, vers la terre que je te montrerai.

Et je ferai de toi une grande nation. Je te bénirai. Je ferai grandir ton nom et tu seras une bénédiction ! » (Genèse 12.1-2)

L'appel d'Abraham cité au verset 2, et le fait que celui-ci ait mis sa foi dans la Parole du Seigneur, eut cette conséquence :

« Et il crut en lui, JHVH, et cela lui fut compté pour justification. » (Genèse 15.6)

La justifiction se fonde sur la foi en la Parole de Dieu et celle-ci peut conduire au salut.

Le jugement des nations est en vue, y compris les plus lointaines qui peuvent encore s'en remettre au Seigneur (verset 5).

Mais le verset 7 nous rappelle que ce sont les dépositaires de la Loi qui furent en premier héritiers de la justice. Jésus n'a-t-il pas dit :

« Nous, nous adorons ce que nous connaissons parce que le salut vient des Juifs. » (Jean 4.22)

Cette connaissance reposait sur la Loi de Moïse et sur la foi en écoutant le Dieu unique.

C'est ainsi que le peuple de Dieu a pu s'enfuir d'Egypte.

Au verset 9, le pharaon est associé à un "monstre", un "Tempétueux", une figure du Dragon qui a vu ses troupes noyées dans la mer derrière les rachetés qui se sauvaient (verset 10).

C'est par un processus similaire que le peuple de Dieu, symbolisé par une femme, est sauvé en Apocalypse 12.15-16 :

« Alors le serpent projeta de sa bouche derrière la femme comme un fleuve d'eau afin de la faire emporter par les flots.

Et la terre vint au secours de la femme en ouvrant sa bouche. Elle engloutit le fleuve que le dragon avait projeté de sa bouche. »

51.11 à 51.23 : Le retour des rachetés
« Ainsi les rachetés de l’Eternel retourneront, Ils iront à Sion avec chants de triomphe... » (verset 11)

Il semble ici que le prophète se situe dans le contexte historique du retour de Babylone qui commence en 538 avant Jésus Christ.

Un retour qui va s'accompagner d'un regain de foi envers le Seigneur en réponse à Son appel :

« Réveille-toi, réveille-toi ! lève-toi, Jérusalem, Qui as bu de la main de l’Eternel la coupe de sa colère, Qui as bu, sucé jusqu’à la lie la coupe d’étourdissement ! » (verset 17)

Il faut en effet se rappeler que les déboires du royaume d'Israël face aux Assyriens, suivis de ceux que le royaume de Juda a subi de la part des Babyloniens, furent compris par les prophètes et les rabbins comme une sanction divine.

Les Samaritains comme les Juifs s'étaient laissés séduire par l'idolâtrie qualifiée ici de « coupe d'étourdissement ».

Car l'idolâtrie détourne du Seigneur en incitant l'individu à investir sa foi dans ce qu'il voit, dans ce qu'il touche, dans le matériel au lieu de croire en ce qui l'entend de la voie immatérielle du Seigneur comme le fit Abraham. Paul écrira à ce sujet :

« Ainsi la foi vient de ce que l'on écoute en écoutant la parole du Christ. » (Romains 10.17)

Le Seigneur s'engage à ne plus s'emporter contre Son peuple : « Voici que j'ai retiré de ta main le calice du vertige, la coupe du calice de ma fureur désormais tu n'auras plus à la boire. » (verset 22)

Cela ne veut pas dire pour autant que les bénficiaires de cette grâce ne vont pas rechuter d'une façon ou d'une autre.

Et pourtant, Dieu les aime toujours...

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