Ce n'est pas l'avis des historiens qui datent le Livre d'Hénok du troisième siècle avant Jésus-Christ.
Auquel cas Hénok n'en serait pas l'auteur et cet ouvrage serait pseudépigraphe.
Ecarté du Tanakh (Premier Testament) par les Juifs, il le sera aussi par les chrétiens au concile de Laodicée (vers 364 après Jésus-Christ).
Il demeure toutefois dans le canon biblique de l'Église éthiopienne orthodoxe.
Ainsi, le Livre d'Hénok a connu le sort de nombreux textes mis à l'index par les églises officielles.
« Toute Ecriture inspirée de Dieu est aussi utile à l'enseignement, pour réfuter, pour corriger, pour éduquer dans la justice. » (2 Timothée 3.16)
Mais qui peut dire quels sont les écrits inspirés par Dieu ?
On peut être tenté de s'en tenir aux seuls textes inclus dans la Bible ... mais l'histoire de l'élaboration biblique permet de s'interroger : est-ce Dieu ou les hommes qui ont décidé de fixer le canon ?
Quelques exemples permettront d'étayer la réflexion.
Au concile de Laodicée, qui écarta le Livre d'Hénok, le Livre de l'Apocalypse était également écarté et sera reconnu comme inspiré 18 ans plus tard (décret du pape Damase en l'an 382) !
Que penser par ailleurs des Livres Deutérocanoniques inclus dans les bibles catholiques et orthodoxes mais écartés tardivement des éditions protestantes parce qu'ils n'étaient pas reconnus comme inspirés dans le canon hébraïque ?
C'est en effet vers l'an 100 que le synode juif de Jamnia écarta ces textes écrits en grec pour ne retenir que les textes en hébreu.
Or, si nous nous référons aux écrits du Nouveau Testament, antérieurs au synode de Jamnia, les citations extraites du Premier Testament sont celles de la traduction grecque des Septante.
Qu'il est donc difficile de trancher !
Il est tellement plus simple de s'en tenir à une sélection hermétique de textes en traduisant 2 Timothée 3.16 le plus souvent comme suit :
« Car toute l'Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, réfuter, redresser et apprendre à mener une vie conforme à la volonté de Dieu. »
Toute l'Ecriture ... sous-entendu celle qui a été considérée comme Sainte après avoir éliminé tout ce qui ne l'était pas.
Ainsi se sont formées des divergences de recueils, de traductions, et d'interprétations car les textes, en grec et à plus forte raison en hébreu, offrent des approches différentes.
Ces différences peuvent être sources d'enrichissement par leur confrontation ... ou de déchirements lorsque les uns ou les autres n'admettent pas que l'on puisse avoir une autre approche que la leur.
Par respect pour toutes ces traductions bibliques, pour ceux qui ont contribué à cet édifice, mais aussi par respect pour ceux qui ont cru, à leur époque que tel écrit était inspiré, ne faut-il pas tout étudier ?
L'étude ne veut pas dire l'adhésion : il appartient à chacun de ressentir différemment ce qu'il reçoit.
Que celui ou celle qui considère le Livre d'Hénok comme inspiré de Dieu soit accueilli avec autant d'amour que celui qui s'en tient aux écrits officiels de son église.