"Les Cépanou sont la plus vieille civilisation de l'Univers ...
Mais une de leurs caractéristiques était de faire des gaffes, voire des bêtises, voire même des grosses bêtises. Et comme pour s'excuser à chaque fois ils disaient : C'est pas nous !"
Ce passage est extrait d'une histoire diffusée sur Internet.
L'auteur apporte aussi ce commentaire :
"Un couple de Cépanou porte un prénom qui ne peut être changé. Les enfants s'appellent du même prénom avec le qualificatif Junior. Quand les parents meurent ou disparaissent le qualificatif disparaît et ainsi de suite.
Nous pouvons donc faire abstraction de la lignée généalogique et parler tout le temps d'Adam et Eve Cépanou."
Que l'on apprécie ou non ce type d'humour, il faut bien reconnaître que, dans la lignée du premier couple humain, la formule "c'est pas nous" a toujours rencontré un grand succès.
"C'est pas nous ... ou c'est pas moi" est souvent suivi d'une autre formule qui peut se résumer comme suit "c'est l'Autre ..." ou "c'est la faute aux autres".
Dans le meilleur des cas, on ne sait pas qui est ainsi visé, mais la plupart du temps le soi-disant coupable, "l'Autre", est bien ciblé.
Dans le cas d'Adam, "les autres" sont au nombre de deux :
- Adam renvoie la balle à son Créateur : "La femme que TU m'as donnée ..."
- Puis il transfère sa responsabilité sur son épouse qui lui "a donné de l'arbre."
Nous pouvons même visualiser la scène en imaginant Adam qui montre sa femme du doigt pour préciser : « celle-ci ».
Il n'y avait aucune autre femme, mais Adam pouvait ainsi se décharger au maximum.
Adam est frappé d'amnésie, il oublie qu'il était présent aux côtés de sa femme lorsque le serpent leur a laissé miroiter qu'ils deviendraient à l'égal de Dieu s'ils mangeaient du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
Relisons Genèse 3.6 :
« Elle convoita l'arbre qui ouvre l’intelligence. Elle prit de son fruit et en mangea.
De plus, elle en donna à son homme, QUI ETAIT AVEC ELLE, et il en mangea. »
Adam n'était pas à l'autre bout du jardin.
On peut aussi sous-entendre qu'il était tenu de le faire puisque sa femme lui a proposé.
La traduction du Rabbinat parle de « la femme que tu m'as associée » en Genèse 3.12.
Cette formulation introduit la notion de contrat : l'homme et la femme se devant d'être solidaires, Adam ne pouvait faire autrement que de suivre son "associée" sur la voie du péché.
Alors ... à qui la faute ?
S'adressant ensuite à la femme, Dieu reçoit pour réponse :
« Le serpent m’a attirée, et j’en ai mangé. » (Genèse 3.13)
Effectivement, le serpent l'a "piégée" ... et elle aussi fut frappée d'amnésie en oubliant la recommandation de Dieu :
« Mais de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n'en mangeras pas !
Car du jour où tu en mangeras, c'est la mort : tu mourras ! »
(Genèse 2.17)
Il est écrit dans la Bible que la femme fut extraite d'une côte, ou d'un côté, de l'homme.
Il n'est donc pas surprenant qu'elle réagisse comme son conjoint en s'efforçant de se décharger sur un tiers : le serpent.
Dieu ne demande pas au serpent de se justifier. Qu'aurait-il pu répondre ?
Le serpent n'est-il pas aussi une créature de Dieu ?
Que l'on aborde le problème d'un côté ou de l'autre, on peut effectivement trouver une causalité initiale reposant sur le Créateur de toutes choses et de tout être vivant.
Dieu a-t-il eu raison de nous créer tels que nous sommes ?
La Bible nous dit : « Et il vit, Elohim, tout ce qu’il avait fait et voici : très bon ! » (Genèse 1.31)
Très bon, certes, mais pas parfait au sens d'immuable.
Très bon car en mesure d'évoluer DANS LE BON SENS au sein de la création.
Très bon car disposant d'un libre-arbitre permettant de vivre d'une façon autonome pour effectuer des choix et en assumer les conséquences.
Que se serait-il passé si l'homme et la femme, au lieu de se dérober, avaient reconnu leur péché ?
Auraient-ils été pardonnés ?
Laissons parler le seul qui soit habilité à nous juger :
« L’Eternel, l’Eternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui conserve son amour jusqu’à mille générations, qui pardonne l’iniquité, la rébellion et le péché, mais qui ne tient point le coupable pour innocent, et qui punit l’iniquité des pères sur les enfants et sur les enfants des enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération ! » (Exode 34.6-7)
Cette proclamation, toute en nuances, privilégie le pardon sans que son bénéficiaire soit pour autant tenu pour innocent.
Toutefois, si la sanction peut porter ses effets sur trois ou quatre générations, la puissance du pardon va jusqu'à mille !
On dit couramment qu'une "faute avouée est à moitié pardonnée".
A moitié ... seulement ?
Peut-être, chez les humains.
Ou totalement pardonnée ... par notre Père divin !