Livre de LA GENESE ... Etudes et commentaires de la Bible



Ténèbre et abîme

« La terre était un tohu-bohu

avec ténèbre sur les faces de l’abîme. »

(Genèse 1.2)

Abîme

Ce passage du second verset de la Genèse est, comme c'est souvent le cas pour l'hébreu, différemment interprété :

- « il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme » (traduction Segond)

- « les ténèbres couvraient l'abîme » (Bible de Jérusalem et version Semeur)

- « la ténèbre à la surface de l'abîme » (Traduction Oecuménique de la Bible)

Nous nous sommes efforcés de conserver au texte hébreu son sens initial :

- en maintenant la "ténèbre" au singulier, ce qui personnifie l'abîme,

- en parlant de "faces" et non de "surface" car le mot hébreu est au pluriel.

« Ténèbre (choshek) sur faces (paniym) abîme (tehôm) »

Qu'est-ce que l'abîme dans le Premier Testament ?

Les traductions françaises restituent par "abîme" plusieurs mots hébreux et grecs qui présentent des nuances.

Dans les Psaumes 64.6 et 130.1, l’abîme désigne ce qui est profond.

Dans Job 26.6 et 28.22 et les Proverbes 15.11 et 27.20, s’ajoute l’idée d’un lieu de destruction (le même mot contient la notion de "néant" dans le Psaume 88.12).

Dans Esaïe 44.27 et Jonas 2.5, le terme désigne les profondeurs de la mer.

On trouve aussi le terme de "gouffre" pour évoquer cet espace.

L'abîme correspond à l’hébreu "tehôm" (en grec "abussos" qui a donné "abysse" en français).

Il évoque aussi bien les flots de la mer qu’un gouffre profond en tenant compte des conceptions cosmologiques des anciens.

L’abîme, c’est aussi dans la Bible l’étendue qui enveloppe la terre, un réservoir dont le contenu s'est déversé sur la terre lors du déluge (Genèse 7.11 et 8.2).

Eloignons-nous de la terre, et nous trouverons aux confins de l'univers l'abîme de l'espace infini plongé dans les ténèbres.

La ténèbre de l'abîme, qu'il s'agisse des fonds marins ou des profondeurs de l'univers, est une source de malédictions pour la Création.

L'absence de lumière n'est pas bien vue du Créateur.

Lorsque Caïn est chassé de sa terre, il s'éloigne de la face de Dieu (Genèse 4.14 et 4.16), il s'enfonce dans les ténèbres.

Demeurer sous la face de Dieu, en pleine lumière, c'est conserver une relation personnelle avec le Père, bénéficier de Ses bénédictions loin des ténèbres.

"La ténèbre" règne sur la face de l'abîme ... et non la lumière qui sera ensuite créée et séparée de la ténèbre.

Le terme hébreu "tehôm" est très proche du mot "tohou" qui comporte la notion de désert (voir le commentaire sur le "Tohu-bohu").

Le "tehôm" est tout aussi invivable que le "tohou".

S'éloigner de la face de Dieu, c'est se rapprocher de celle du "tehôm", aux limites du néant.

La vision ancienne des limites de l'univers est tout à fait compatible avec les conceptions modernes.

Le concept religieux de création "ex-nihilo", "à partir de rien" ... si ce n'est la volonté du Dieu créateur, est ancien.

Il implique que cet univers qui s'est développé à partir de rien, n'est matériellement rien sans la puissance spirituelle qui peut y mettre un terme.

Au-delà de cet univers il n'y a rien, si ce n'est le vide, le néant, la ténèbre, l'invisible.

De nos jours, rien ne permet de confirmer que notre univers soit fini, ou infini.

Certains théoriciens penchent pour un univers infini, d'autres pour un univers fini mais non limité.

Cet univers que l'on dit en expansion depuis sa création s'étend au détriment de rien, du vide, du néant, de l'invisible.

Car au-delà des "limites" de l'univers, fixées par les scientifiques à 13,7 milliards d'années-lumières, il est impossible pour l'humain d'observer quoi que ce soit !

Les scientifiques appellent cela "l'horizon cosmologique".

Au-delà de cet horizon, règne le "tehôm".

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Traduction interlinéaire
de la Genèse

Chapitre 1 ~ Versets 1.2 à 1.11

2. Et la terre était un tohu-bohu avec ténèbre sur les faces de l’abîme ; et l’esprit d'Elohim se mouvait sur les faces des eaux.

3. Alors il dit, Elohim : « Que la lumière soit ! » Et la lumière fut.

4. Et il vit, Elohim, que la lumière était bonne. Et il sépara, Elohim, entre la lumière et la ténèbre.

5. Et il appela, Elohim, la lumière par Jour, et pour la ténèbre il appela Nuit. Et il y eut un soir, et il y eut un matin : jour premier.

6. Alors il dit, Elohim : « Qu’il y ait un firmament entre les eaux, et qu’il sépare les eaux d’entre les eaux. »

7. Ainsi il fit, Elohim, le firmament, et il sépara entre les eaux celles qui sont sous le firmament des eaux qui sont au-dessus du firmament. Et il en fut ainsi.

8. Puis il appela, Elohim, le firmament Cieux. Et il y eut un soir, et il y eut un matin : deuxième jour.

9. Et il dit, Elohim : « Que les eaux qui sont au-dessous des cieux se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. » Et il en fut ainsi.

10. Et il appela, Elohim, le sec Terre, et la confluence des eaux il l'appela Mers. Et il vit, Elohim, que c'était bon.

11. Et il dit, Elohim : « Que la terre végète de la végétation ; l'herbage portant semence ; l'arbre du fruit, faisant du fruit selon les espèces, ayant leur semence en eux, sur la terre. » Et il en fut ainsi.