Livre de LA GENESE... Etudes et commentaires de la Bible



Elohim, le Dieu trinitaire ?

« Berechit bara Elohim...

Entête Elohîms créait... »

(Genèse 1.1)

Elohim

Est-il logique que la première dénomination du Créateur dans la Bible, Elohim, le Dieu unique, soit un mot dont la terminaison hébraïque corresponde à un pluriel ?

Comment concilier le fait que Dieu ordonne le monothéisme en ces termes :

« Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » (Exode 20:3)... avec le fait que Son premier nom dans le livre de la Genèse soit un pluriel ?

On pourrait être tenté de traduire ce premier verset de la Bible en écrivant Dieu au pluriel : « Au commencement, DieuX créa les cieux et la terre. »

En fait, il serait impropre de traduire "Elohim" par "Dieux" car le pluriel de "El" (dieu) donne en hébreu "Elim" (les dieux).

Faut-il d'ailleurs traduire Elohim par "Dieu" sachant que ce mot est dérivé du latin "Deus" qui provient probablement lui-même du grec "Zeus" ?

Par respect pour Elohim, nous avons choisi de ne pas traduire Son nom dans la traduction interlinéaire de la Genèse figurant ci-contre.

De même, au risque d'alourdir la traduction, nous avons retenu les répétitions de Son nom telles qu'elles apparaissent dans le texte hébreu car ce respect devait manifestement imprégner l'auteur juif du texte initial.

Dans sa traduction de la Bible, André Chouraqui restitue pour sa part ce "Dieu pluriel" en ajoutant un "S" à Elohim...

« Entête ElohîmS créait les ciels et la terre. »

« Dieux » au pluriel suivi d'un verbe conjugué au singulier (créait)... telle est l'anomalie grammaticale qui se répète plusieurs dizaines de fois dès le premier chapitre de la Genèse.

On pourrait admettre une erreur dans la copie des textes... mais pas cinquante fois !

La théologie traditionnelle considère qu'il s'agit d'un pluriel de majesté ou d'un pluriel de qualité.

Cette approche s'inspire de ce type de proclamations : "Nous, Louis, roi de France, ordonnons..."

Mais ce concept de pluriel de qualité est inconnu de la grammaire hébraïque biblique.

Il faut donc envisager l'hypothèse du pluriel numérique... notamment à la lecture de Genèse 1.26 : « Nous allons faire l’humain à notre image, selon notre ressemblance. »

Ce pluriel numérique fut rapidement identifié par les premiers chrétiens comme une préfiguration de la Trinité.

Théophile d'Antioche, qui fut le premier à employer le mot grec "Trias" (qui signifie trois ou trinité) pour désigner Dieu, écrivait au IIe siècle :

"... comme s'il sollicitait un auxiliaire, on voit Dieu dire : « Faisons l'homme... ». Mais ce n'est à personne d'autre qu'il dit « Faisons », sinon à son propre Logos et à sa propre Sophia."

- Jésus est le "Logos", la Parole incarnée car « la parole a été faite chair... » (Jean 1.14)

- l'Esprit Saint est la "Sophia", la Sagesse qui existe depuis toujours.

En effet elle fut « établie depuis l'éternité, dès le commencement, avant l'origine de la terre. » (Proverbes 8.23)

Les rabbins furent amenés à défendre leur conception du monothéisme face aux premiers chrétiens qualifiés de "sectaires" qui cherchaient dans le Premier Testament des préfigurations, ou antétypes, de la doctrine trinitaire.

"Les sectaires demandaient au rabbin Simlaï : « Combien de dieux ont créé l'univers ? »

Il répondit : « Consultons les anciens jours, car il est écrit : « Interroge les temps anciens qui t’ont précédé, depuis le jour où Elohim créa l’homme sur la terre » ... (Deutéronome 4:32)

Créa n'est pas un verbe écrit au pluriel, mais au singulier, ce qui implique un sujet au singulier. La même réponse s'applique à Genèse 1:1. »

Ces arguments des rabbins, relatés dans le Talmud, ne résolvent rien.

En répondant sur la forme et non sur le fond, les rabbins esquivaient le problème.

ELOHIM garde son mystère !

Lisons ce qu'en dit Shmuel Trigano dans le "Le judaïsme et l'esprit du monde" :

C'est un nom problématique car il semble formé du pluriel de El / Dieu, mais un pluriel erratique, avec un intercalé : non pas elim / dieux mais elohim.

Cette intercalation joue aussi dans le nom d'Abram et Saray qui deviennent Abraham (Gn 17, 5) et Sarah (Gn 17, 15), en même temps qu'ils passent des elim, les dieux du paganisme, à Elohim. Cette lettre est, de fait, une des quatre lettres de YHVH, le nom imprononçable."

Quel était le statut spirituel de la famille d'Abram avant de connaître le Dieu unique ?

Josué (24.2) nous rappelle qu'ils étaient idolâtres :

« Ainsi parle l’Eternel, le Dieu d’Israël : Vos pères, Térach, père d’Abraham et père de Nachor, habitaient anciennement de l’autre côté du fleuve, et ils servaient d’autres dieux. »

Le changement de nom d'Abram et de son épouse reflète bien leur évolution spirituelle du fait de la conversion d'Abraham et Sarah.

La lettre , dont la valeur numérique est 5, symbolise en hébreu le souffle de vie.

C'est la lettre du cinquième jour au cours duquel Dieu crée, et bénit de Son souffle, toutes sortes d'êtres vivants par la multiplication des espèces.

se prononce comme un souffle : hey !

« Et il les bénit, Elohim, en disant : "Fructifiez ! Multipliez ! Remplissez les eaux des mers ! Et que l'oiseau se multiplie sur la terre."

Et il y eut un soir, et il y eut un matin : cinquième jour. » (Genèse 1.22-23)

Le , c'est la seule lettre qui se dédouble dans le tétragramme divin : Y H V H.

Le hey, c'est ce souffle qui unit les créatures au Créateur et les créatures entre elles, comme Abraham et Sarah en les rendant féconds...

« Et tu ne seras plus appelé désormais du nom d'Abram, car ton nom devient Abraham. Je te fais père d'une multitude de nations. Je te rends fécond en abondance, infiniment. Je te donne aux nations ; des rois sortiront de toi. » (Genèse 17.5-6)

« Saraï, ta femme, tu ne l'appelleras plus du nom de Saraï, car son nom est Sarah. Je la bénis, et je vais lui donner un fils pour toi, oui je la bénis, et d'elle seront issues des nations, des rois de peuples sortiront d'elle. » (Genèse 17.15-16)

Le de Elohim, comme le double de YHVH, symbolisent la créativité au travers de la transmission de la vie.

Par contre, l'absence de dans elim ~ les dieux païens ~ en fait des dieux-morts.

Les elim ne peuvent pas créer.

Seul le Dieu vivant, ELOHIM, le peut !

« Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant :

Quand irai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu ? » (Psaume 42.2)

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Traduction interlinéaire
de la Genèse

Parashat Bereshit

Chapitre 1 ~ Versets 1.1 à 1.16

1. En un commencement, Elohim créa les cieux et la terre.

2. Et la terre était un tohu-bohu avec ténèbre sur les faces de l’abîme ; et l’esprit d'Elohim se mouvait sur les faces des eaux.

3. Alors il dit, Elohim : « Que la lumière soit ! » Et la lumière fut.

4. Et il vit, Elohim, que la lumière était bonne. Et il sépara, Elohim, entre la lumière et la ténèbre.

5. Et il appela, Elohim, la lumière par Jour, et pour la ténèbre il appela Nuit. Et il y eut un soir, et il y eut un matin : jour premier.

6. Alors il dit, Elohim : « Qu’il y ait un firmament entre les eaux, et qu’il sépare les eaux d’entre les eaux. »

7. Ainsi il fit, Elohim, le firmament, et il sépara entre les eaux celles qui sont sous le firmament des eaux qui sont au-dessus du firmament. Et il en fut ainsi.

8. Puis il appela, Elohim, le firmament Cieux. Et il y eut un soir, et il y eut un matin : deuxième jour.

9. Et il dit, Elohim : « Que les eaux qui sont au-dessous des cieux se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. » Et il en fut ainsi.

10. Et il appela, Elohim, le sec Terre, et la confluence des eaux il l'appela Mers. Et il vit, Elohim, que c'était bon.

11. Et il dit, Elohim : « Que la terre végète de la végétation ; l'herbage portant semence ; l'arbre du fruit, faisant du fruit selon les espèces, ayant leur semence en eux, sur la terre. » Et il en fut ainsi.

12. Et la terre produit de la végétation ; de l’herbage portant semence, selon les espèces ; et des arbres faisant du fruit, ayant leur semence en eux, selon les espèces. Et il vit, Elohim, que c'était bon.

13. Et il y eut un soir, et il y eut un matin : troisième jour.

14. Et il dit, Elohim : « Qu’il y ait des luminaires au firmament des cieux, pour séparer entre le jour et la nuit ; et qu'ils deviennent des signes pour les fêtes, et pour les jours et les années.

15. Qu’ils soient des luminaires au firmament des cieux pour donner de la lumière sur la terre. » Et il en fut ainsi.

16. Et il fit, Elohim, les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour réguler le jour, et le petit luminaire pour réguler la nuit, et les étoiles.