Confronté à la peur de ses frères qui craignent que Joseph leur tienne encore rancune de ce qu'ils lui ont fait, Joseph les rassure.
Il ne leur dit pas explicitement qu'il leur a pardonné mais il n'engagera rien à leur encontre.
Il s'en tient à ce constat :
« Vous, vous aviez conçu le mal contre moi, Elohim l’a changé en bien pour faire ce qu'il en est aujourd’hui, afin de préserver la vie d'un grand peuple. » (Genèse 50.20)
Elohim a préservé leur vie pour préserver celle du peuple israélite ... mais qu'en sera-t-il de Son jugement envers les frères de Jacob au vu de leurs œuvres ?
La réponse de Joseph implique deux interrogations :
1. Faut-il craindre Dieu ?
2. Qui est en droit de juger ?
La Bible nous apporte de nombreuses pistes pour y répondre ...
1. Faut-il craindre Dieu ?
Affirmer que l'on doit avoir nulle crainte de Dieu peut être trompeur, car de nombreux versets laissent entendre qu'une certaine rigueur morale est attendue de l'être humain.
A titre d'exemple, on trouve ce passage, entre autres, dans l'Ancien Testament :
« Vous irez après JHVH, votre Elohim, et vous le craindrez. Vous observerez ses commandements, vous obéirez à sa voix, vous le servirez, et vous vous attacherez à lui. » (Deutéronome 13.4)
La mort est souvent évoquée comme saction de l'infidélité et ce sont parfois des hécatombes qui sont relatées consécutivement à la colère de Dieu.
Cela ne se limite pas à l'Ancien Testament car le Nouveau Testament n'apporte pas toujours le réconfort et la tranquillité d'esprit ...
« Il est terrible de tomber aux mains du Dieu vivant. » (Epître aux Hébreux 10.31)
Certes Dieu est Amour ... mais Il est aussi le Dieu Juste.
La peur de la sanction est un principe éducatif que l'on retrouve aussi dans la vie courante.
Qu'il s'agisse des parents envers leurs enfants, des enseignants qui évaluent leurs élèves, des employeurs qui peuvent sanctionner leurs salariés, ou des élus que les électeurs vont désavouer, il est évident que la vie ne se déroule pas à l'écart des réprimandes, au mieux, ou des châtiments, au pire.
Mais lorsque la sanction suit une mise en garde qui n'a pas été écoutée, faut-il redouter celui qui peut sanctionner ... ou se repentir ?
Dans l'épisode de la chute du premier couple humain, celui-ci avait été prévenu par Elohim qu'il ne fallait pas toucher un certain fruit :
« Mais de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n'en mangeras pas !
Car du jour où tu en mangeras, c'est la mort : tu mourras ! »
(Genèse 2.17)
Au lieu de se repentir, ils ont essayé de se justifier en refusant d'assumer leur faute.
Puisque nos ancêtres ont voulu connaître le bien comme le mal, le Seigneur nous a légué la Bible qui abonde en enseignements nous permettant de discerner le bien du mal, ce qui est juste de l'injustice.
Ainsi, nous avons droit à l'erreur, le péché est inscrit dans la nature humaine, mais si, par orgueil, nous refusons de nous repentir en reconnaissant nos fautes, il faudra bien tôt ou tard rendre des comptes ...
2. Qui est en droit de juger ?
Rendre des comptes ... mais à qui ?
Il est normal que les enfants rendent des comptes à leurs parents, les élèves à leurs enseignants, les salariés à leurs employeurs ou les élus à leurs électeurs.
Mais s'agissant de comportements malsains, comme ce fut le cas des frères de Joseph qui ont voulu l'éliminer, qui peut donc les juger ?
Les tribunaux disposent de certaines prérogatives ... mais beaucoup échappent à la justice des hommes.
Et quand bien même ils seraient jugés, s'ils ne se repentent pas de leurs actes, les coupables ne restent-ils pas susceptibles de recommencer ... et de demeurer ainsi dans l'attente du jugement de Dieu ?
Les jugements rendus par les tribunaux sont une chose, la reconnaissance de la faute commise en est une autre !
Jésus fut crucifié entre deux malfaiteurs ...
« L’un des malfaiteurs suspendu à la croix L’injuriait en disant :
"N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même ainsi que nous !"
Mais l’autre le reprit en disant : "Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation ?
Pour nous, ce n’est que justice, car nous recevons ce que nos actes ont mérité. Mais lui n’a rien fait de mal."
Et il dit : "Jésus, souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne."
Il lui répondit : "A vrai dire, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis." »
(Evangile selon Luc 23.39-43)
Cet épisode nous apporte la conclusion pour ces réflexions sur la crainte de Dieu et Son jugement.
L'un des malfaiteurs est sauvé car il a reconnu ses fautes et, par la foi, s'en remet à Jésus.
L'autre restera redevable de ses péchés devant Dieu au jour du jugement :
« Les morts furent jugés, selon ce qui était écrit dans les livres, en fonction de leurs œuvres. » (Apocalypse 20.12)