La bénédiction de Jacob envers Joseph, son fils préféré, se décompose en deux temps.
En premier lieu, Jacob rappelle les évènements qui ont concouru à l'ascension de Joseph.
Puis Jacob discerne ce que Joseph peut préfigurer.
Mais au préalable, Jacob évoque les conditions initiales qui ont préludé à la vie de Joseph :
« Joseph est un rejeton fertile ... »
Tout rejeton n'est pas fertile, mais celui que sa mère, Rachel, nomma Joseph, était appelé à être fertile car ce prénom signifie :
« Il m'ajoutera, JHVH » ... Dieu ajoutera (Genèse 30.24).
Concrètement, JHVH ajouta effectivement un autre fils à Rachel par la naissance de Benjamin.
Joseph lui-même fut fertile en ayant deux fils, Manassé et Éphraïm, qui vaudront une double part à la descendance de Joseph après la conquête de Canaan conformément à la volonté d'Israël (Genèse 48.22).
Mais la fertilité de ce rejeton ne s'arrête pas là ...
Car après avoir rappelé les épreuves que Joseph a subies face à ses frères mais aussi au début de son séjour en Egypte (Genèse 49.23-24), Israël prononce une prophétie qui dépasse toutes les autres bénédictions par son ampleur ...
« Le Dieu de ton père, Lui t’aidera, Shaddaï te bénira des bénédictions des cieux en haut, des bénédictions de l’abîme en-dessous, des bénédictions des seins et de la matrice.
Les bénédictions de ton père surpassent les bénédictions de mes ancêtres jusqu’au bout des collines infinies. Elles viendront sur la tête de Joseph, sur le front de celui qui a été mis à part de ses frères. »
(Genèse 49.25-26)
Israël annonce une bénédiction universelle pour Joseph.
Cette bénédiction est à la fois céleste et terrestre. Elle relève de la dimension humaine par les seins et la matrice.
Jacob déclare que ce qu'il dit à l'égard de Joseph est supérieur aux bénédictions de ses ancêtres, Abraham et Isaac, et porte à l'infini.
« Elles viendront sur la tête de Joseph ... » et pourtant ses héritiers, les tribus de Manassé et Éphraïm, seront incorporées au Royaume du Nord rejoignant ainsi les dix tribus perdues après l'invasion des Assyriens et la chute de Samarie.
Ainsi, la bénédiction d'Israël envers Joseph n'a nullement transité par la descendance directe et matérielle ... mais par l'Esprit Saint.
Car Israël désigne Joseph comme « celui qui a été mis à part de ses frères ».
Etre mis à part ... c'est être saint !
Etre mis à part, c'est le sens initial de la sainteté.
Et Celui qui est à la fois béni des cieux, de l'abîme, des seins et de la matrice ne peut être que le Saint de Dieu : le Messie.
C'est pourquoi Marie, quand elle portait Jésus en son sein, entendit Elisabeth lui dire :
« Tu es bénie d'entre les femmes. Que le fruit de ton ventre soit béni ! » (Evangile selon Luc 1.42)
Joseph, le fils d'Israël est une préfiguration du Christ.
Et Jésus que Joseph, l'époux de Marie, éleva comme son fils, est porteur de la bénédiction de Jacob envers Joseph.
Et ceci « jusqu’au bout des collines infinies » ... pour l'éternité !
Après ceci, la bénédiction destinée à Benjamin semble bien pâle :
« Benjamin est un loup qui met en pièces. Le matin, il dévore la proie, et le soir il partage le butin. » (Genèse 49.27)
Le territoire de la tribu de Benjamin sera situé entre la tribu d'Éphraïm au nord, et celle de Juda au sud.
Benjamin restera allié à Juda lors du schisme qui divisa l'empire de Salomon.
Le loup est devenu le symbole de cette tribu.
L’image du loup est généralement employée dans un sens défavorable.
Mais Jacob ayant utilisé le symbole du lion pour Juda (Genèse 49.9), Benjamin est ainsi compéré à un animal sauvage plus petit, dépeignant de ce fait la vaillance d’une tribu moins importante.
Et le loup de Benjamin restera fidèle au lion de Juda ...