Dans l'Égypte ancienne, la momification s'inscrivait dans un rituel funéraire.
La conservation du corps était un symbole important car la destruction de celui-ci était redoutée. Les Égyptiens croyaient en l'immortalité.
La mort, pour les Égyptiens, se traduisait par la séparation entre le support matériel et les éléments immatériels (l'âme et l'énergie vitale).
Il fallait donc que ces éléments, au réveil de la nouvelle vie, puissent réintégrer le corps préalablement conservé par la momification.
Cette croyance n'est pas très lointaine de la notion de résurrection des corps.
Le natron, un désinfectant et un agent de dessiccation, était le principal ingrédient utilisé dans ce processus de momification.
Composé de carbonate de sodium et de bicarbonate de soude, le natron servait essentiellement à dessécher le corps.
On en remplissait des sacs de lin et on les entassaient autour du corps dont l'intérieur était aussi rempli.
On le laissait ainsi en place de 35 à 40 jours, temps nécessaire pour débarrasser les tissus de leur humidité.
Cette période est mentionnée comme suit dans la Bible :
« 40 jours s’écoulèrent, car ainsi se déroule le temps de l’embaumement. » (Genèse 50.3)
Dès que le décès avait lieu, le corps était remis aux embaumeurs au milieu des "pleureuses professionnelles" ...
« Les Égyptiens le pleurèrent aussi 70 jours. » (Genèse 50.3)
Ces 70 jours correspondent aussi au temps global de traitement du corps.
Dans un atelier disposant d'une table d'embaumement au plan incliné et d'une rigole centrale, les prêtres embaumeurs lavaient et préparaient le corps afin de procéder aux diverses opérations de momification pendant 70 jours.
Ainsi, suivant les directives de Joseph, Israël va connaître une procédure funéraire bien différente de celle qui fut appliquée à ses ancêtres.
Si l'on se réfère au fait que la momification s'inscrivait dans une croyance en l'immortalité impliquant un réveil pour une nouvelle vie, il est légitime de se demander dans quelle mesure cette croyance n'a pas influé sur celles des Hébreux qui allaient séjourner quatre siècles en Égypte.
En effet, le concept de résurrection des morts n'apparaît pas de façon explicite dans les premiers livres de la Bible constitutifs de la Torah.
D'ailleurs, au temps de Jésus, les Sadducéens, qui ne croyaient pas en la résurrection des morts, ne reconnaissaient que la Torah comme source fondée de leur foi.
C'est à l'époque des prophètes, au premier millénaire avant Jésus Christ, que cette croyance s'est développée chez les Juifs, bien après avoir quitté l'Égypte.
Il est cependant intéressant de constater que lors de la mort de Jacob ni Joseph, ni ses frères, ne trouvent inconvenant que l'on applique à Israël un processus de funérailles issu du paganisme ... mais qui implique la résurrection.
Il est de plus hautement symbolique que ce soit Israël, le père des douze tribus, qui soit le premier dont le décès s'inscrive clairement dans un processus conduisant à la résurrection.
Ceci permet de mieux comprendre cette parole que Jésus adressa aux Sadducéens :
« Que les morts se réveillent, Moïse l'a aussi indiqué devant le buisson quand il appelle le Seigneur "le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac et Dieu de Jacob".
Dieu n’est pas Dieu des morts, mais des vivants, car pour Lui tous sont vivants. »
(Evangile selon Luc 20.37-38)