Dans l'Égypte ancienne, les funérailles des dignitaires impliquaient un certain nombre de rituels.
Le pharaon se trouvant au sommet de l'échelle sociale, ses obsèques devaient revêtir un caractère particulièrement solennel.
Au terme des 70 jours d'embaumement, la momie était déposée dans un cercueil qui était hissé sur une barque pour traverser le Nil et rejoindre la rive occidentale des morts.
Ensuite, la procession funéraire se dirigeait vers la sépulture.
Le cortège était conduit par un prêtre et suivi de deux traîneaux tirés par une paire de bœufs.
Le premier traîneau transportait la momie enfermée dans le cercueil et une chapelle dressée sur une barque elle-même placée sur un traîneau.
Le deuxième traîneau était destiné à la caisse contenant les vases avec les viscères embaumés du défunt.
Venaient ensuite la famille et les pleureuses professionnelles.
Le cortège se terminait par les porteurs chargés du matériel funéraire.
Devant la tombe, des danseurs exécutaient des danses rituelles, la veuve faisait ses adieux à la momie puis le prêtre procédait à un dernier rituel funéraire.
Les serviteurs descendaient enfin cercueils, offrandes et mobiliers funéraires dans le caveau qui était scellé.
La distance à parcourir entre le Nil et la vallée des Rois (à l'époque du Nouvel Empire) était de l'ordre de 5 à 6 kilomètres.
Pour se rendre du nord de l'Égypte jusqu'en terre de Canaan, la distance est de l'ordre de 4 à 500 kilomètres !
Le cortège funéraire qui doit accompagner la dépouille de Jacob ne se limite pas aux membres de la famille, à quelques dignitaires religieux et à des pleureuses car la Bible nous dit :
« Tous les serviteurs de Pharaon, les anciens de sa maison, et tous les anciens de la terre d’Égypte, montèrent avec lui. »
Il est assez incroyable d'imaginer que le père de Joseph ait pu bénéficier d'un tel déploiement pour ses obsèques.
Certes, Joseph avait permis de traverser les sept années de famine sans trop de dommages et le pharaon lui avait confié toute autorité sur l'Égypte.
D'où cette reconnaissance sans limite de la part du pharaon mais aussi des Égyptiens qui vont accompagner Joseph et sa famille dans le deuil.
Pharaon, lui-même, ne fait pas le déplacement ... mais ce sont des centaines de serviteurs et de dignitaires égytiens qui se lancent sur la route en direction de Canaan.
Dire qu'il s'agit de funérailles royales, ou dignes d'un prince, semble en-dessous de la réalité.
Car même les funérailles d'un pharaon ne semblent pas avoir atteint une telle ampleur ... et un tel déplacement pour cette époque.
La reconnaissance envers Joseph est une chose ... l'importance du personnage que l'on enterre, Jacob, en est une autre.
Aux yeux des Égyptiens, si Joseph était important il n'en va pas de même de Jacob.
Mais aux yeux de Dieu ... ?
Si la Bible insiste sur les funérailles de Jacob, c'est parce qu'il s'agit d'Israël, le père des douze tribus.
On n'enterre pas celui qui porte en soi le nom d'un peuple qui deviendra un territoire comme on enterre n'importe qui.
Jacob est mort et enterré ... mais Israël et les promesses qu'il a reçues comme Isaac et Abraham dépassent les générations ...
« C'est ainsi que tout Israël sera sauvé, comme il est écrit :
Le libérateur viendra de Sion, pour écarter de Jacob les impiétés.
Et voilà quelle sera mon alliance avec eux, lorsque j’enlèverai leurs péchés. »
(Epître aux Romains 11.26-27)
