Qui n'a jamais commencé une phrase par ces deux mots : "Moi, je ..." ?
Ce n'est pas un péché d'engager ainsi une prise de parole, c'est une façon d'affirmer notre présence et notre volonté d'être entendu.
Mais faut-il encore que ce qui va suivre ce "Moi, je ..." mérite que l'on s'y attarde et que l'on soit écouté.
Car souvent, cette entrée en matière annonce une vantardise, ou tout du moins une volonté de s'afficher au-dessus de ce que l'on vaut réellement.
Ce sont parfois des faibles, des individus sous-estimés qui interviennent ainsi en espérant attirer l'attention.
Hélas, les regards qui se tournent alors vers eux seront souvent méprisants, narquois ... au mieux, indifférents.
"Moi, je ..." ne permet pas de mieux faire passer le message.
Surtout pour les habitués du "Moi, je ... " qui ont la fâcheuse manie de toujours vouloir se mettre en avant, et n'hésiteront pas à couper la parole à celui ou celle qui s'exprimait.
Ce genre d'interventions sont ainsi mal perçues et ceux qui les pratiquent abondamment le sont tout autant.
Ils sont considérés comme des individus qui ramènent toujours tout à eux sans se soucier des autres.
Ainsi, "Moi, je ..." doit être consommé avec modération.
Cette forme de prise de parole apparaît cependant dans la Bible lorsque JHVH s'adresse à Abram :
« Moi, JHVH, je t'ai conduit depuis Ur des Chaldéens pour te donner cette terre en héritage. » (Genèse 15.7)
Nous relevons ensuite cette intervention du pharaon qui dit à Joseph :
« Moi, je suis Pharaon.
Mais sans toi, personne ne lèvera la main ou le pied sur toute la terre d’Égypte. » (Genèse 41.44)
Nous pouvons ainsi constater qu'il n'est pas donné à n'importe qui de se présenter ainsi.
C'est JHVH dans le premier cas ; dans le second cas, c'est le pharaon que l'on considérait comme un dieu vivant, fils du dieu Rê, le créateur suprême.
Outre l'importance des personnes qui se manifestent ainsi dans la Genèse, nous relevons que leurs propos sont bien loin des banalités ou des vantardises dont les "Moi, je ..." ont la spécialité.
JHVH révèle à Abram que celui-ci héritera du territoire de Canaan.
Pharaon annonce à Joseph qu'il lui confère les pleins pouvoirs sur l'Égypte.
Et tout ceci est bien réel car ils ont les moyens de mettre en œuvre ce qu'ils annoncent, la puissance nécessaire, universelle pour JHVH, et territoriale pour le pharaon.
Aussi, quand Elohim affirme à Jacob ...
« Moi, je descendrai avec toi en Égypte, et Moi, je t’en ferai aussi sûrement remonter. »
... nul ne pourrait contester qu'Il réalisera ce qu'Il a promis.
Et pour souligner que cette promesse est certaine, nous voyons poindre un adverbe significatif dans cette phrase : « sûrement ».
A la différence des fanfarons, Dieu ne parle pas pour rien !
Lorsque le Seigneur s'est incarné dans la personne de Jésus, Il s'est révélé dans des termes similaires quand les gardes sont venus l'arrêter dans le jardin de Gethsémané :
« Ego eimi » (en grec), ce que nous pouvons traduire par :
« C'est moi, Je suis. » (Evangile selon Jean 18.5)
Les gardes cherchaient Jésus, le Nazôréen ... ils ne s'attendaient pas à rencontrer la puissance de Dieu.
C'est pourquoi la brève réponse de Jésus fut comme une onde de choc ...
« Au moment où Il leur dit : "Je suis", ils reculèrent et tombèrent à terre. » (Jean 18.6)
Il est peu probable de rencontrer un jour quelqu'un qui se manifeste en vous disant "Moi, je ..." et que vous en tombiez à terre.
Mais si cela se produit, attendez-vous alors à entendre autre chose que des futilités.
Aussi, ne tombez pas en arrière comme les gardes venus arrêter Jésus