L'iniquité est synonyme d'une injustice flagrante, évidente.
Mais bien qu'elle soit manifeste, l'iniquité reste souvent cachée, ignorée de la plupart, car ceux qui en sont responsables ont tout intérêt à ne rien révéler.
En vendant Joseph comme esclave, ses frères avaient commis une iniquité longtemps restée cachée ... mais que les circonstances vont mettre à jour.
Juda et ses frères ont pris conscience de leur péché et ils ont maintenant le sentiment qu'il vont devoir payer pour cela.
Faute de savoir dans quelles conditions la coupe d'argent de Joseph a pu se retrouver dans le sac de Benjamin, ils ne peuvent envisager que l'intervention d'Elohim.
Le jugement de Dieu est derrière tout cela ...
Benjamin était le seul à ne pas avoir péché contre son frère Joseph car il était trop jeune pour avoir accompagné ses frères quand ceux-ci ont vendu Joseph.
Mais c'est Benjamin qui est accusé du vol.
Ses frères auraient pu se désolidariser de Benjamin et l'accuser à leur tour pour ne pas encourir la colère présumée de Joseph.
Mais ils préfèrent se montrer solidaires de leur jeune frère.
Le motif invoqué par Juda est l'impossibilité de retourner vers Jacob sans Benjamin (Genèse 44.30 & 31).
Mais la seconde raison sous-entendue c'est le sentiment de devoir collectivement payer pour leur injustice envers Joseph.
Or, sur ce point, Benjamin ne pourrait être tenu pour responsable, même s'il avait réellement volé la coupe d'argent.
La solidarité face à l'épreuve, même au sein d'une famille, est loin d'être toujours la règle.
Car bien souvent c'est dans ces moments difficiles que surgissent de vieilles rancunes et l'épreuve peut être l'occasion du règlement de comptes.
Etre solidaire d'un inconnu est peut-être plus facile, car au moins on ne peut rien lui reprocher sur son passé ... à moins que cet inconnu soit une source de rejet : parce qu'il est étranger !
Etranger ou différent, peu importe, son apparence peut inciter à ne pas le secourir.
« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba au milieu de brigands qui le dépouillèrent, lui infligèrent des coups, et s’en allèrent le laissant à moitié mort.
Un prêtre qui descendait par hasard par le même chemin le vit et passa outre.
De même, un Lévite qui arriva en ce lieu le vit et passa outre.
Mais un Samaritain qui voyageait, arrivé là, fut ému de compassion lorsqu’il le vit.
Il s’approcha, soigna ses blessures en y versant de l’huile et du vin. Puis il le mit sur sa propre monture, l'emmena dans une auberge et prit soin de lui. »
(Evangile selon Luc 10.30-34)
La parabole du Samaritain est exemplaire ...
Le Samaritain est solidaire d'un Juif blessé et abandonné par ceux de son peuple, prêtre ou Lévite.
Or les Samaritains et les Juifs s'ignoraient.
Pourtant, ce Samaritain porte secours à ce Juif inconnu, mettant ainsi en pratique cette recommandation de Jésus :
« Tu aimeras ... ton prochain comme toi-même. » (Evangile selon Luc 10.27)
Au vu de ces éléments, et de cette parabole, qu'il s'agisse ou non d'un membre de notre famille, ou de notre peuple, peut se révéler sans influence sur notre comportement.
L'individu altruiste, celui qui est porté à aimer son prochain quel qu'il soit, aura naturellement tendance à être solidaire.
Celui qui est égoïste, par contre, qu'il s'agisse ou non de ses frères, pensera avant tout à lui-même et son individualisme l'incitera à se désolidariser des autres.
Il arrivera un temps où son indifférence pourra rejaillir sur sa propre vie quand lui-même aura besoin d'aide, notamment sur ses vieux jours.
Et si ce n'est pas le cas sur terre, n'est-ce-pas au ciel que le jugement de Dieu va se manifester ?
On lui dira peut-être alors, comme au riche égoïste qui ignorait le pauvre Lazare devant sa porte ...
« Mon enfant, souviens-toi, tu as reçu tes biens pendant ta vie et Lazare autant de maux.
Maintenant, par contre, lui est consolé ici pendant que toi tu es torturé. »
(Evangile selon Luc 16.25)