Les quatre premiers fils de Jacob, dont la mère était Léa, étaient dans l'ordre des naissances : Ruben, Shimeon, Lévi et Juda.
On pourrait s'attendre à des prises de position déterminantes de la part de l'aîné, Ruben, du fait de son droit d'aînesse.
Mais Juda va démontrer qu'il n'en est rien !
Ruben était intervenu pour rappeler à ses frères qu'il leur avait déconseillé de porter préjudice à Joseph :
« Ne vous avais-je pas prévenu en disant : "Ne péchez pas contre ce garçon" ?
Mais vous n’avez pas écouté. Et voici ! La contrepartie de son sang est requise. »
(Genèse 42.22)
Ruben est de nouveau intervenu quand ils sont revenus auprès de Jacob afin que celui-ci accepte de laisser partir Benjamin.
« Tu feras mourir mes deux fils si je ne te le ramène pas.
Remets-le entre mes mains, et moi, je te le ramènerai !. »
(Genèse 42.37)
Mais Jacob a refusé (Genèse 42.38).
C'est Juda, le quatrième fils, qui va faire céder Jacob.
L'intervention de Juda avait déjà été déterminante pour décider du sort de Joseph :
« Quel gain aurions-nous à tuer notre frère et à cacher son sang ?
Venez ! Nous le vendrons aux Ishmaélites. Ainsi notre main ne se portera pas sur lui, car il est notre frère, notre chair. »
(Genèse 37.26-27)
Juda avait des prédispositions pour commander, et son attitude anticipe le sens de la bénédiction que son père, Jacob lui donnera par la suite ...
« Juda est un jeune lion. Tu reviens du carnage, mon fils ! Il plie les genoux, il se couche comme un lion, comme une lionne : qui le fera se lever ?
Le sceptre ne s'éloignera pas de Juda, ni le bâton souverain d'entre ses pieds, jusqu'à ce que vienne le Shilo et que les peuples lui obéissent. »
(Genèse 49.9-10)
Par cette bénédiction, Jacob dévoile la trace du dessein de Dieu pour Juda.
Par son comportement, Juda avait initialisé cette trace.
Mais faut-il en déduire que tout ce qu'il entreprendra dans ses fonctions de commandement sera positif ?
Lorsque Juda sauve la vie de Joseph en le vendant aux Ishmaélites, il évite à celui-ci une mort que plusieurs de ses frères envisageaient.
C'est une décision positive et qui portera du fruit car elle s'inscrit dans le plan que Dieu a conçu pour Joseph afin que celui-ci devienne un grand dirigeant en Égypte.
Mais l'argument employé par Juda est l'appât du gain.
« Quel gain aurions-nous à tuer notre frère et à cacher son sang ?
Venez ! Nous le vendrons aux Ishmaélites. »
Juda est-il lui-même attiré par l'argent qu'ils pourraient obtenir de la vente de Joseph ... ou utilise-t-il cet argument pour convaincre ses frères, eux-mêmes séduits par le profit ?
Dans la première hypothèse, Juda est donc l'illustration de ces princes avides, cupides, prêts à tout, y compris réduire son frère en esclavage, pour avoir le pouvoir.
Dans la seconde hypothèse, Juda est représentatif de ces dirigeants contraints de manipuler leur entourage.
Ils s'assurent d'un soutien politique en faisant miroiter des rétributions.
Ainsi, dans l'un ou l'autre cas, ce qui s'annonce pour Juda n'est guère reluisant.
C'est la compromission pour les biens matériels qui l'emportera.
Et comme il est écrit que « le sceptre ne s'éloignera pas de Juda », nous comprenons pourquoi le Royaume de Juda sera largement corrompu lorsque celui-ci règnera sur Israël.
Mais cette compromission avec le monde n'aura qu'un temps.
Car la bénédiction de Jacob annonce un terme à cette gouvernance ...
« Le sceptre ne s'éloignera pas de Juda, ni le bâton souverain d'entre ses pieds, jusqu'à ce que vienne le Shilo et que les peuples lui obéissent. » (Genèse 49.10)
Comme nous l'avons développé dans une étude précédente sur la descendance de Juda, ce personnage énigmatique du Shilo qui nous est annoncé n'est autre que le Messie : Jésus.
Or, parmi Ses multiples enseignements, le Christ va privilégier le fait que les disciples du Seigneur ne doivent pas se laisser guider par l'appât du gain.
Et c'est l'appât du gain qui fut une des raisons pour lesquelles un certain Judas a vendu Jésus ... comme Juda avait vendu Joseph !
« Alors l’un des douze, nommé Judas Iscariot, se rendit auprès des grands-prêtres. Il dit :
Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai ? »
(Matthieu 26.14-15)
