Pour se rendre de la terre de Canaan, où séjournaient les Hébreux, jusqu'en Égypte, il fallait parcourir environ 500 kilomètres.
Ce n'était pas insurmontable mais il faudrait compter plusieurs jours pour la caravane des dix frères, dix des fils de Jacob.
Ils ne seraient pas seuls à migrer ainsi pour des raisons économiques car d'autres convergeaient ainsi vers cette terre d'Égypte si fertile ...
« Les fils d’Israël partirent acheter du blé parmi ceux qui s'y rendaient, car la famine régnait en terre de Canaan. » (Genèse 42.5)
Les premières civilisations antiques se sont développées au Moyen-Orient dans cette région appelée le "croissant fertile" qui va de la Mésopotamie à l'Égypte en passant par Canaan, actuellement Israël.
Mais la fertilité due aux pluies et à la position géographique de ces territoires où des fleuves comme le Tigre, l'Euphrate, le Jourdain ou le Nil apportaient les ressources nécessaires, restait aléatoire.
Abram en avait déjà fait l'expérience, poussé par la famine jusqu'en Égypte (Genèse 12.10).
La famille de Jacob était à son tour assujettie à ce régime.
Les héritiers de Jacob allaient ainsi séjourner en Égypte pendant quatre siècles ... et ces "migrants économiques" allaient devenir des esclaves.
L'Égypte fut ainsi un terrain d'expérience pour les Hébreux, et les Juifs de confession israélite doivent s'en inspirer.
De retour en terre de Canaan, après l'avoir conquise, ils recevront cet enseignement ...
« Si un étranger vient s’installer dans votre pays, ne l’exploitez pas.
Vous traiterez l'étranger en séjour parmi vous comme s'il était un des vôtres.
Vous l'aimerez comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers dans le pays d'Egypte
Je suis JHVH, votre Elohim. »
(Lévitique 19.33-34)
Ce principe édicté dans l'Ancien Testament s'intègre dans la loi de Moïse destinée aux Juifs ... mais il doit aussi s'inscrire dans le cœur des chrétiens.
Car cet enseignement a été repris par Jésus quand il dit :
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même ... »
Cette citation classique du Nouveau Testament, issue de la Torah, se trouve dans trois Evangiles (Matthieu, Marc, Luc) et plusieurs fois dans les épîtres.
On demanda un jour à Jésus : « Qui est mon prochain ? » (Luc 10.29)
Alors Jésus raconta la célèbre parabole du bon Samaritain qui invitait les Juifs à s'ouvrir à ceux qui étaient étrangers à leur culture.
La question posée à Jésus pourrait trouver sa source dans l'ignorance, mais c'est pourtant un docteur de la Loi qui la lui posait, censé connaître la Torah et notamment le Lévitique.
On se réfère souvent à Lévitique 19.17 pour identifier la première fois où il est écrit :
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Mais pour savoir qui est notre prochain, il suffit de poursuivre la lecture jusqu'à Lévitique 19.34 :
« Vous traiterez l'étranger en séjour parmi vous comme s'il était un des vôtres.
Vous l'aimerez comme vous-mêmes ... »
Pour illustrer cet enseignement, Jésus s'est identifié à cet étranger.
« J'étais étranger, et vous m'avez recueilli. » (Matthieu 25.35)
Ce comportement d'accueil, cet esprit ouvert à l'amour de l'autre, indépendamment de ses origines, est déterminant sur l'échiquier du jugement de Dieu.
Le Seigneur nous voit quand nous nous avançons, quand nous reculons, face à l'adversaire.
Serons-nous justes dans nos actes ... ou soumis à toutes sortes de compromissions, comportements néfastes qui peuvent nous condamner ?
Alors Jésus nous dira peut-être :
« Car j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger. J’ai eu soif et vous ne m’avez pas donné à boire.
J’étais étranger et vous ne m’avez pas recueilli. J’étais nu et vous ne m’avez pas vêtu.
J’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas rendu visite. »
(Matthieu 25.42-43)
L'indifférence est blâmable ... mais le rejet de l'autre est pire que l'indifférence car le rejet est un acte délibéré qui consiste à repousser ... et pas seulement à ignorer.
Les Égyptiens ont accuilli et intégré les Hébreux, ces "migrants économiques" ... certes, pour les exploiter ensuite.
De nos jours, le monde occidental a fait de même avec les "migrants économiques" jusqu'au jour où, le chômage s'étant accru, de nombreuses voix se sont élevées pour mettre un terme aux migrations.
Peut-on encore dire ... « J'étais étranger, et vous m'avez recueilli » ?