Il était facile pour Joseph de reconnaître ses frères.
Il suffisait d'en reconnaître un parmi cette dizaine d'Hébreux vêtus comme auparavant et qui avaient vieilli ... mais pas suffisamment pour être méconnaissables.
Par contre, Joseph qui n'avait que 17 ans quand ses frères l'avaient vendu comme esclave était devenu un adulte, vêtu comme un notable égyptien, parlant égyptien ... méconnaissable.
Ils ne parlaient par égyptien et Joseph semblait ne pas comprendre l'hébreux.
« Ils ne savaient pas que Joseph comprenait, car il y avait entre eux un interprète. » (Genèse 42.23)
Et puis, comment imaginer que celui qui était peut-être mort comme esclave soit devenu un grand seigneur en Égypte ?
Dans un premier temps, Joseph va être dur avec ses frères car il se souvient de ce qu'ils lui avaient fait (Genèse 42.9).
Joseph avait-il pardonné ... oublié ?
Joseph avait appelé son premier fils du nom de Manassé, car « Elohim m’a fait oublier toutes mes épreuves, et toute la maison de mon père. » (Genèse 41.51)
Le souvenir douloureux était peut-être atténué du fait de la nouvelle vie de Joseph, mais le pardon avait-il précédé l'oubli ?
Honoré de Balzac, écrivain, a dit ceci :
"On peut pardonner, mais oublier, c'est impossible" ... à moins, bien sûr, d'être affecté de pertes de mémoire avec le temps.
André Comte-Sponville, philosophe, a une approche nuancée du pardon ...
"Pardonner, ce n'est ni oublier, ni effacer ; c'est renoncer, selon les cas, à punir ou à haïr, et même, parfois à juger."
Ce pragmatisme à l'égard du pardon mérite bien que l'on s'y attarde.
Admettons avec Honoré de Balzac que l'oubli volontaire soit impossible.
Ajoutons même qu'il n'est pas souhaitable car il faut assumer sa vie, son passé, ses actes mais aussi ceux des autres envers nous, avec leurs conséquences.
Pardonner, c'est donc aussi assumer les conséquences néfastes des actes qui nous ont porté préjudice.
Ce n'est pas facile, mais pas impossible !
Que faire pour aller dans cette direction ?
Tourner la page en renonçant à toutes formes de représailles, comme l'écrit André Comte-Sponville, et, faut-il ajouter, même si celui ou celle qui vous a nuit ne s'est nullement repenti.
C'est plus difficile ... mais pas impossible !
Le pardon vient du cœur, ou du plus profond de l'âme, peu importe sa situation physiologique, il va s'inscrire dans notre conscience afin de livrer combat à un adversaire invisible qui nous dit de ne pas pardonner.
Cet adversaire, c'est Satan, un mot hébreu qui signifie "accusateur".
Satan juge, accuse, il veut punir, haïr ... et entraîner un maximum d'êtres humains dans cette dérive.
C'est le principal adversaire du Dieu qui pardonne, qui fait grâce.
Elohim a aidé Joseph afin qu'il oublie sa jeunesse et ses frères.
L'oubli n'est probablement pas total ... mais au lieu de se remémorer chaque jour ce qui avait pu lui arriver, Joseph avait relégué tout ceci dans un coin de sa mémoire et, s'il lui arrivait d'y penser, ce passé pouvait sembler bien dérisoire au regard de ce qu'il vivait à présent.
Mais Elohim a laissé à la charge de Joseph la faculté de pardonner.
Le pardon n'est pas qu'une faculté, c'est une puissance de l'Esprit que le Seigneur peut nous déléguer.
Avant de quitter Ses disciples, Jésus leur dit :
« Recevez l'Esprit Saint.
Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. »
(Jean 20.22-23)
Le premier don de l'Esprit, c'est celui-ci : le pardon !