Bethel ... un lieu où Jacob est appelé à retrouver les sources de sa spiritualité.
Car c'est là que son grand-père, Abram, proclama pour la première fois le nom sacré de JHVH ...
« Il planta sa tente entre Bethel, côté mer, et Aï, à l'est. Et là, il bâtit un autel à JHVH et proclama le nom de JHVH » (Genèse 12.8)
C'est aussi en ce lieu que JHVH Elohim se révéla à Jacob.
« Je suis JHVH, Elohim d'Abraham, ton père, Elohim d'Isaac. La terre où tu te reposes, je te la donnerai ainsi qu'à ta semence. » (Genèse 28.13)
Mais tout ceci était déjà bien loin, et Jacob, devenu Israël (Genèse 32.28), ne savait plus trop où il en était sur le plan spirituel.
Arrivé à Sichem, il dresse un autel, non à Elohim ou JHVH, mais à un certain "El", divinité mal définie qu'il s'efforce d'identifier comme la sienne ...
« Il dressa là un autel et lui donna pour nom :
Dieu (El), Elohim d'Israël. »
(Genèse 33.20)
Puis il s'ensuit le massacre de Sichem où ses deux fils éliminent tous les hommes du pays.
Comment ne pas être déboussolé dans ces conditions et ne plus savoir vers quel "dieu" se tourner ?
Mais Dieu, le vrai, celui d'Abraham et d'Isaac, qui se révéla aussi pour Jacob à Bethel, est un Dieu d'ordre ... et non de désordre.
Il doit bien souvent remettre les choses à leurs places, notamment dans nos têtes lorsque celles-ci se laissent aller à divaguer.
Pour Jacob, il est donc nécessaire de retourner aux sources de sa spititualité, à Bethel.
Elohim l'invite ainsi à retrouver non pas n'importe quel "dieu", mais « celui qui t’apparut ».
Et pour cela : « Monte à Bethel et habite là ! »
Jacob ne va pas s'établir définitivement à Bethel ... juste le temps de retrouver le Dieu de ses pères.
Bethel est au sud de Sichem, à une altitude similaire.
Le fait de se rendre de Sichem à Bethel n'implique donc pas de "monter" vers un lieu sensiblement plus élevé mais de s'élever spirituellement.
Car "Bethel" fut appelé ainsi par Jacob et signifie : "Maison de Dieu".
« Comme ce lieu est effrayant ! Celui-ci n'est rien moins que la maison d'Elohim et ceci, la porte des cieux. » (Genèse 28.17)
Il faut en effet se rappeler que cette "porte des cieux" est celle où Jacob vit monter et descendre des messagers d'Elohim dans un songe (Genèse 28.12).
Certes, Jacob ne va pas pour autant "monter" à la suite des messagers d'Elohim.
Ce qu'il avait vu en rêve une vingtaine d'années auparavant ne se reproduira pas.
En lui disant de se rendre à Bethel, Elohim ne veut pas lui faire revivre son expérience spirituelle, mais l'inciter à s'en souvenir.
Car le fait d'oublier ce que l'on a connu initialement sur le plan de la foi est souvent préjudiciable ...
Et lorsque ce que l'on a connu s'est produit en rêve, n'est-il pas légitime de douter de sa réalité ?
« Mais j’ai contre toi d'avoir abandonné ton premier amour. » (Livre de l'Apocalypse 2.4)
Lorsque ce reproche est formulé dans le Nouveau Testament à l'encontre de l'Eglise d'Ephèse, celle-ci est invitée à se repentir et à s'en retourner aux sources de sa spiritualité.
Bien souvent, ce "premier amour" est celui des premiers temps qui suivent la conversion du croyant.
Celui-ci est alors plein d'ardeur : il vient de faire la connaissance de son sauveur, Jésus-Christ.
Puis les années passent, la ferveur peut diminuer, parfois s'éteindre.
On ne sait plus trop en qui on a cru : était-ce Jésus qui s'est manifesté dans ma vie ?
Le doute s'installe avec la confusion.
Ne soyons pas comme Jacob qui en était arrivé à honorer non plus « JHVH, Elohim d'Abraham, Elohim d'Isaac » ... mais un certain « El, Elohim d'Israël. »
Il ne faut pas confondre la foi en Dieu ... et le "déisme" qui ne permet pas d'identifier la divinité.