Quand il était chez Laban, Jacob s'était enrichi.
« Et l'homme augmenta de plus en plus en troupeau, en servantes, en serviteurs, en chameaux et en ânes. » (Genèse 30.43)
Nous ignorons quelle était l'étendue de ses biens, mais au vu de ce qu'il décide d'envoyer à son frère, les troupeaux de Jacob devaient être importants.
Et ce qu'il en retire pour Ésaü peut être beaucoup au regard de ce qu'il possède ... mais c'est peut-être peu ...
« Deux cents chèvres et vingt boucs ; deux cents brebis et vingt béliers ; trente chamelles qui allaitent et leurs petits ; quarante jeunes vaches et dix jeunes taureaux ; vingt ânesses et dix ânons. » (Genèse 32.14-15)
Nous allons considérer que cette offrande à son frère est proportionnée à l'inquiétude de Jacob qui craint la confrontation avec Ésaü.
Quand il apprend que celui-ci s'avance avec quatre cents hommes ...
« Jacob en fut très effrayé et inquiet. » (Genèse 32.7)
Aussi, pour atténuer le courroux de son frère, une offrande conséquente peut être la bienvenue.
L'offrande envers un adversaire potentiel est ainsi une façon comme une autre d'acheter la paix.
Une telle pratique est fréquente dans les relations humaines ... elle est aussi courante dans la relation que l'on veut établir avec Dieu ... ou les dieux.
La lecture de la Bible nous enseigne beaucoup à ce sujet.
Combien de centaines, combien de milliers d'animaux sont ainsi offerts en sacrifice pour apaiser une éventuelle colère de la divinité ?
Les Hébreux pratiquaient ainsi, les païens de même, en sacrifiant aussi parfois des êtres humains.
Les dieux étaient-ils pour autant satisfaits ?
Dieu est-il à l'image de l'homme pour se laisser ainsi acheter ?
Beaucoup l'ont cru, quelles que soient les confessions religieuses.
La pratique des "indulgences" dans le monde chrétien en est un exemple.
Héritage du droit romain, cette pratique est devenue une institution avec le "commerce des indulgences" qui consistait, dans l'église catholique romaine, à réduire son temps de "purgatoire" moyennant des dons matériels à l'église.
Ne cherchez pas le "purgatoire" dans la Bible ... il n'y a aucun verset à ce sujet.
Dénoncée dès le XVe siècle d'abord par Jan Hus, puis par l'église réformée, la croyance que l'on peut acheter sa part de Paradis par des dons est loin d'avoir disparue.
Bon nombre de fidèles ont le sentiment, même s'ils n'en ont pas pleinement conscience, que leur salut pourrait dépendre de la quantité ou de la qualité de leurs offrandes à leurs églises.
« Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils, l'Unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse mais qu'il ait la vie éternelle. » (Evangile selon Jean 3.16)
Ce verset à lui seul apporte la réponse au problème.
Avant la venue de Jésus, les Juifs offraient des animaux en sacrifice pour "racheter" leurs péchés et obtenir une paix, temporaire, avec JHVH.
Après le sacrifice de Jésus, JHVH considère que celui qui croit en Jésus est sauvé, purifié de ses péchés.
Ce qui est attendu du croyant, ce n'est pas un sacrifice, c'est-à-dire un geste par lequel il se pénalise, mais un acte d'amour, en retour de l'acte d'amour de Dieu et de Son Fils.
« Que chacun donne comme il l’a résolu en son cœur, non à regret ou par nécessité, car Dieu aime celui qui donne avec joie. » (2 Corinthiens 9.7)
Ce texte de l'apôtre Paul nous invite à :
- Donner sans "regret" ... ne pas le vivre comme un sacrifice.
- Ne pas donner par "nécessité" ... car notre salut ne dépend pas de nos dons, il n'y a pas besoin "d'indulgences", car Jésus a racheté nos péchés.
- Donner avec "joie" ... afin de partager l'amour de Dieu, car le don, tout comme l'amour, sont des actes que l'on partage.
Il n'est certes pas toujours facile de fonctionner ainsi tant nous sommes dépendants des habitudes et des valeurs acquises dans ce monde où tout s'achète ... ou presque.
Alors il faut réapprendre à donner ...
Les préparatifs de Jacob visaient à obtenir la paix avec Ésaü moyennant des biens matériels.
Les préparatifs du croyant, s'il est entré dans la paix de Dieu par la foi en Jésus, n'excluent pas les dons matériels, notamment les actes de solidarité, tout en sachant qu'il n'y a rien à racheter ... car Dieu n'a rien à vendre !
Il n'a pas vendu son Fils ... Il s'est donné.
Nous ne pouvons que Le remercier.
« Offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent Son nom.
Et n’oubliez pas la bienfaisance et l'entraide mutuelle, car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices. »
(Epître aux Hébreux 13.15-16)