Le nom de Jacob, "Ya`aqov", signifiait en hébreu : « il talonnera ».
En arabe "Ya`qob" signifie « Dieu a soutenu » ou « Dieu a protégé ».
Dieu a effectivement soutenu et protégé Jacob ... mais le temps de la mise à l'épreuve est venu.
Le combat de Jacob avec cet homme qui surgit dans la nuit, incarnation d'Elohim que Jacob va ainsi combattre face à face, va donner un tout autre sens à la vie de Jacob.
Car son nouveau nom, Israël, peut se comprendre différemment :
« Celui qui lutte avec Dieu » ou « Dieu est fort, Dieu triomphe ».
Si la première interprétation du nom d'Israël, « Celui qui lutte avec Dieu », est compatible avec la traduction présentée ci-dessus du verset 28, la seconde, « Dieu est fort, Dieu triomphe », ne correspond pas au fait que c'est Jacob qui semble avoir triomphé par son endurance en luttant toute la nuit.
La Bible du Rabbinat traduit ce verset 28 comme suit :
« Jacob ne sera plus désormais ton nom, mais bien Israël ; car tu as jouté contre des puissances célestes et humaines et tu es resté fort. »
Dans cette traduction, il n'est plus question d'une victoire de Jacob, mais seulement d'un homme qui serait resté fort face à Elohim.
Comment comprendre cette "force" de Jacob qui dure toute une nuit, une force qui s'apparente à une résistance face à Dieu ?
N'est-ce pas le propre d'Israël d'avoit résisté à Dieu ... auquel cas ce nouveau nom, Israël, porte en soi toute la destinée de la nation juive ?
JHVH en fait lui-même le constat :
« JHVH dit à Moïse :
Je vois que ce peuple est un peuple à la nuque raide. »
(Exode 32.9)
Formule répétée à plusieurs reprises dans le texte biblique, ce qui en fait une sorte de marque de fabrique du peuple juif.
Un peuple qui entend la Parole céleste ... mais qui va se révéler dans l'incapacité de transformer ses expériences de pensée ou de cœur par des actes concrets qui soient en adéquation avec la volonté divine.
Or cette incapacité est le reflet d'une conversion inachevée.
Ce qui conduira donc Dieu à souhaiter son anéantissement total comme il le dit à Moïse :
« Maintenant laisse-moi ; ma colère va s'enflammer contre eux, et je les consumerai ; mais je ferai de toi une grande nation. » (Exode 32.10)
La volonté divine de construire une grande nation est conforme aux promesses formulées envers Abraham, Isaac et Jacob ... mais Israël, celui qui va lutter avec Elohim, obligera Dieu à reporter Sa promesse vers d'autres nations.
Les prophètes se sont fait l'écho de la sanction annoncée par le Seigneur :
« Quand ce peuple s'approche de moi, il m'honore de la bouche et des lèvres. Mais son cœur est éloigné de moi, et la crainte qu'il a de moi n'est qu'un précepte de tradition humaine. » (Ésaïe 29.13)
« Voici, les jours viennent, dit JHVH, où je châtierai tous les circoncis qui ne le sont pas de cœur ... car toute la maison d'Israël a le cœur incirconcis. » (Jérémie 9.25-26)
Aussi le choix de Dieu s'est détourné d'Israël pour s'élargir aux peuples du monde avec la venue du messie : Jésus.
La victoire physique de Jacob-Israël face à Elohim dans son combat nocturne annonce l'incapacité à venir du peuple d'Israël d'accepter de se soumettre à JHVH.
« Dieu est fort, Dieu triomphe »
Cette seconde version du nom d'Israël est en quelque sorte l'autre face du nom.
Dans un premier temps (plusieurs millénaires) Israël va lutter avec Dieu et avec les hommes. Un peuple isolé, déporté, massacré.
Etienne a ainsi résumé l'histoire du peuple juif avant de mourir :
« Nuques raides, incirconcis de cœur et d'oreilles, vous vous opposez toujours à l'Esprit Saint, vous comme vos pères.
Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté ? Ils tuèrent même ceux qui annonçaient d'avance la venue du Juste, que vous avez trahi en devenant des meurtriers.
Vous avez reçu des anges la Loi pour commandements, et vous ne l'avez pas observée. »
(Actes des Apôtres 7.51-53)
Dans un second temps, Dieu va triompher d'Israël.
C'était l'espérance de Paul formulée il y a près de deux mille ans :
« Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne vous preniez point pour des sages : l'endurcissement d'une partie d’Israël durera jusqu’à ce que l'ensemble des païens soit entré.
C'est ainsi que tout Israël sera sauvé, comme il est écrit :
Le libérateur viendra de Sion, pour écarter de Jacob les impiétés. »
(Epître aux Romains 11-25.26)
L'espérance de Paul est aussi la nôtre.
En luttant avec Dieu, Jacob a manifesté l'impiété d'Israël ... dont le cœur va s'endurcir.
Et c'est ainsi qu'Israël s'est relevé au matin en boitant (Genèse 32.31) ... et va boiter spirituellement pendant des millénaires.