La réaction de Jacob à son réveil est surprenante.
Comment aurait-il pu savoir que JHVH se tenait en ce lieu ... plutôt qu'ailleurs ?
La présence de Dieu devrait-elle se limiter à un lieu ?
Et serait-il tenu de nous informer sur ses allées et venues ?
Non, de toute évidence.
En fait, cette réaction reflète un état d'esprit, un niveau de croyances qui ne correspond plus à ce que l'on peut envisager de nos jours ... à condition d'être libéré des anciennes conceptions religieuses.
La conception la plus ancienne, manifestée dès la préhistoire, consistait à se représenter la ou les divinités au travers d'objets sacrés, souvent des pierres.
Les lieux sacrés seront alors mémorisés dans les croyances païennes par l'édification de stèles, de statues, d'édifices religieux.
Il est intéressant de constater que le comportement de Jacob, qui dresse une stèle avec la pierre sur laquelle il a dormi (Genèse 28.18), et sur laquelle il verse de l'huile, est tout à fait compatible avec les croyances idolâtres.
Cette stèle annonce la multitude d'édifices religieux qui vont parsemer le monde et où les fidèles seront tenus de s'acquitter d'une dîme.
C'est pourquoi Jacob proclame :
« Et cette pierre que j'ai posée en stèle sera la maison d'Elohim. Et de tout ce que tu me donneras, je t'en donnerai la dîme. » (Genèse 28.22)
Par la suite, les institutions religieuses pourront interpréter ce verset comme une justification du versement de la dîme auprès de l'établissement cultuel.
Il n'est pas toujours facile de se libérer d'un héritage culturel ... même lorsque l'on vit dans la foi du Dieu unique.
Par la suite, la Bible ne cesse de relater des épisodes où le peuple élu d'Israël fut tenté de se tourner, ou se tourna, vers les croyances idolâtres.
La construction du Temple de Salomon, et le fait que celui-ci soit considéré comme le lieu de résidence de JHVH, a traversé les siècles et trouvé son prolongement dans le second Temple de Jérusalem jusqu'à sa destruction par les Romains.
Cette approche restrictive de la présence de Dieu s'est déclinée dans d'autres religions.
Les mosquées comme les églises sont souvent considérées comme des lieux sacrés ... ce qui est assez surprenant en ce qui concerne les chrétiens qui le croient quand on lit dans le Nouveau Testament :
« Mais le Très-Haut n’habite pas dans ce qui est fait de main d’homme. » (Actes 7.48)
Et le peuple d'Israël aurait tout aussi bien pu prêter attention à cette proclamation qui date du VIIe siècle avant Jésus-Christ :
« Ainsi parle JHVH :
Le ciel est mon trône, Et la terre mon marchepied. Quelle maison pourriez-vous me bâtir, Et quel lieu me donneriez-vous pour demeure ? »
(Esaïe 66.1)
Cette conception d'un Dieu enfermé dans des édifices, où limité à des lieux saints, a pour conséquence de considérer la présence de Dieu comme un phénomène exceptionnel ... donc redoutable.
« Comme ce lieu est effrayant ! Celui-ci n'est rien moins que la maison d'Elohim et ceci, la porte des cieux. » (Genèse 28.17)
Il est vrai que de nombreuses manifestations de la puissance de Dieu - songeons par exemple à l'anéantissement de Sodome et Gomorrhe - peuvent susciter la peur.
Mais est-ce la peur que Dieu veut susciter par sa présence ... où l'enthousiasme ?
« J'ai constamment JHVH sous mes yeux ; Quand il est à ma droite, je ne chancelle pas.
Aussi mon coeur est dans la joie, mon esprit dans l'allégresse, Et mon corps repose en sécurité. »
(Psaume 16.8-9)
Cette profession de foi de David exprime à quel point la présence de Dieu est une source de réconfort ... et non d'inquiétude.
Une présence qui n'est nullement dépendante d'un lieu puisque David considère que le Seigneur est constamment à ses côtés.
Manifestement, David, comme tous véritables croyants, était revêtu de l'onction de l'Esprit Saint et celui-ci régnait en lui quand il fit cette proclamation.
« Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême.
Un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, parmi tous, et en tous. »
(Epître aux Ephésiens 4.5-6)
L'apôtre Paul a ainsi décrit et résumé la présence de Dieu ... en tous !
En tous ... c'est-à-dire les croyants qui, par le baptême dans l'Esprit Saint, sont investis de sa présence.
Une présence qui se traduira non par la peur mais par l'enthousiasme, expression qui vient du grec "en theo", ce qui veut donc dire "avoir Dieu en soi".