Livre de LA GENESE ... Etudes et commentaires de la Bible



Les ruses de Rebecca


« Que cette malédiction retombe sur moi, mon fils !

Ecoute donc ma voix et va !

Prends-les moi ! »

(Genèse 27.13)

Les ruses de Rebecca

Les personnages bibliques ne sont pas toujours ce que nous voudrions qu'ils soient.

Ce sont des humains, loin d'être parfaits, souvent le reflet de nos comportements, qui sont là pour nous inviter à méditer sur nos propres dérives, sur nos propres préférences, quelles soient justifiées ou non.

« Isaac aimait Ésaü parce qu'il mettait du gibier dans sa bouche ; et Rebecca aimait Jacob. » (Genèse 25.28)

C'est au nom de cette préférence envers Jacob, de cet amour maternel, que Rebecca va être poussée à développer un stratagème en faveur de son fils bien-aimé.

Le texte biblique nous incite cependant à partager cette préférence envers Jacob en le qualifiant aisni : « homme sans défaut ». (Genèse 25.27)

A ses côtés, son frère Ésaü, le chasseur couvert de poils, fait figure de sauvage, d'homme primitif.

Cela ne veut pas dire pour autant que Rebecca ne l'aimait pas.

Tout comme Jacob, Ésaü est appelé dans le texte biblique : « son fils ».

Et confrontée à la colère d'Ésaü qui veut ensuite tuer son frère, Rebecca, craignant les perdre ainsi tous les deux, les place à un même niveau :

« Pourquoi serai-je privée de vous deux en un seul jour ? » (Genèse 27.45)

Mais quels que soient les sentiments maternels, ce qui compte le plus pour Rebecca c'est probablement l'aptitude à hériter de la bénédiction d'Isaac.

Ésaü, chasseur et vagabond de la nature, pouvait-il hériter et transmettre une bénédiction qui serait déterminante pour l'avenir du peuple d'Israël ?

Jacob, « homme sans défaut », n'était-il pas le mieux apte à recevoir cette bénédiction ... même si l'ordre des naissances favorisait Ésaü.

Aussi Rebecca n'hésite pas ... il faut inverser l'ordre issu des naissances.

Légalement, Ésaü devait recevoir la bénédiction ... mais Rebecca préfère la légitimité à la légalité.

Et ceci au risque d'encourir une sanction, une malédiction si Isaac s'aperçoit du stratagème, malédiction qu'elle entend reprendre à son compte pour dédouaner son fils Jacob de toute responsabilité.

Pour aboutir à ses fins, Rebecca va ruser.

Mentir, tricher, ruser ... n'est certainement pas recommandable.

Mais peut-on, doit-on, éviter de recourir à de telles pratiques dans tous les cas de figure ?

C'est ici que la Bible nous invite à méditer.

Qu'aurions-nous fait si nous avions été à la place de Rebecca, convaincue que Jacob, et non Ésaü, devait être porteur de la destinée de son peuple ?

Car si telle était la volonté légitime de Dieu, ne fallait-il pas aller à l'encontre de la légalité humaine, de la coutume, qui incitait Isaac à bénir le premier-né ?

« Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. » (Actes des Apôtres 5.29)

Encore faut-il être certain qu'il s'agit bien de la volonté de Dieu pour en arriver à la désobéissance envers les hommes.

Dans le cas présent, la désobéissance de Rebecca envers son mari allait la conduire à élaborer une machination risquée ... mais probablement nécessaire.

Rebecca aurait pu se présenter devant Isaac pour lui demander de bénir Jacob au lieu d'Ésaü ... mais une telle démarche serait couronnée d'échec.

Elle le savait. Alors ...

« Soyez donc avisés comme les serpents et ingénus comme les colombes. » (Matthieu 10.16)

Quand Jésus fit cette recommandation à ses disciples avant de les envoyer dans le monde, il savait à quoi ceux-ci seraient confrontés.

Se référer au serpent comme exemple à suivre peut surprendre si l'on songe à cet autre enseignement de la Genèse :

« Le serpent était le plus rusé de tous les animaux ... » (Genèse 3.1)

Mais le terme employé par Jésus pour décrire le serpent est : « avisé ».

Quelqu'un d'avisé est quelqu'un de prudent, de réfléchi, qui ne s'engage pas à la légère ... comme le serpent qui hésite avant de s'avancer.

Ce que Jésus met en avant, ce n'est pas la dimension maléfique du serpent de la Genèse, qui est un symbole, mais son comportement apparemment réfléchi.

En ce cas, faut-il parler de "ruse" à propos de Rebecca ... ou d'une démonstration d'intelligence de la part de quelqu'un qui se révèle "avisée" ?

Car elle va encore en faire preuve à la fin de ce chapitre en usant d'un second stratagème pour inciter Isaac à faire partir son fils, Jacob.

Ésaü veut maintenant tuer Jacob.

Il faut que Jacob parte (Genèse 27.43).

Mais Isaac sera-t-il d'accord ?

Pour cela, il faut que ce soit le père, et non la mère de Jacob, qui lui ordonne de s'en aller.

Un nouveau stratagème va être utilisé par Rebecca : elle rappelle à Isaac combien les épouses d'Ésaü sont désagréables (Genèse 26.35 & 27.46).

« Je suis dégoûtée de ma vie à cause des filles de Heth.

Si Jacob prend une femme parmi des filles de Heth comme celles-ci, au sein de ce pays, que sera ma vie ? »

Rebecca a gagné !

En Genèse 28.2 nous verrons Isaac ordonner à Jacob de partir chercher une épouse en dehors de Canaan, dans la famille dont sa mère était issue.

Jacob va ainsi échapper à la vengeance de son frère.

Le plan de Dieu pour Jacob, le futur Israël, va ainsi s'accomplir.

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Traduction interlinéaire
de la Genèse

Chapitre 27 ~ Versets 27.1 à 27.15

1. Isaac vieillit et ses yeux devinrent trop faibles pour voir. Il appela Ésaü, son fils, l'aîné, et il lui dit : « Mon fils. » Celui-ci répondit : « Me voici ! »

2. Puis il dit : « Vois, je t'en prie ! Je suis vieux et ne connais pas le jour de ma mort.

3. Maintenant lève-toi, s'il te plait ! Equipe-toi de ton carquois et de ton arc. Va au champ et chasse pour moi du gibier ! Du gibier !

4. Et fais-moi un plat savoureux comme je l'aime ! Apporte-le moi ! Je mangerai afin que mon âme te bénisse avant de mourir. »

5. Rebecca entendit Isaac qui parlait à Ésaü, son fils. Ésaü partit au champ chasser le gibier pour le rapporter.

6. Rebecca parla à Jacob, son fils, pour dire : « Voici ! J'ai entendu ton père qui parlait à Ésaü, ton frère, il a dit :

7. "Apporte-moi du gibier et fais-moi un plat savoureux. Je mangerai et te bénirai face à JHVH, face à ma mort."

8. Maintenant, mon fils, écoute ce que je te recommande de ma voix !

9. Va, je t'en prie, au troupeau ! Et prends-moi, de là, deux bons chevreaux ! Et j'en ferai un plat savoureux pour ton père comme il l'aime.

10. Puis porte-le à ton père afin qu'il mange et te bénisse avant sa mort. »

11. Jacob dit à Rebecca, sa mère : « Vois ! Ésaü, mon frère est un homme velu, et je suis glâbre.

12. Mon père le sentira peut-être et je passerai à ses yeux pour un menteur. J'attirerai sur moi la malédiction et non la bénédiction. »

13. Sa mère lui dit : « Que cette malédiction retombe sur moi, mon fils ! Ecoute donc ma voix et va ! Prends-les moi ! »

14. Il s'en alla les prendre pour les porter à sa mère. Alors sa mère fit un plat savoureux comme son père l'aimait.

15. Puis Rebecca prit les habits d'Ésaü, son fils, l'aîné, les plus beaux qui se trouvent dans la maison, et les mit sur Jacob, son fils, le petit.