Nous avons précédemment présenté les conditions dans lesquelles la bénédiction qu'Isaac destinait à son premier fils, Ésaü, avait été détournée par Rebecca au profit de Jacob.
Il convient maintenant de s'intéresser au contenu de cette bénédiction et à sa portée.
Car on peut s'interroger : quelle est l'importance d'une telle bénédiction ?
Après tout, Ésaü, avait bien sous-estimé son droit d'aînesse en l'échangeant contre un plat de lentilles.
Alors pourquoi attacher un tel intérêt à une bénédiction ?
Dans un monde où l'on vit loin de Dieu, où la relation avec l'Esprit Saint est devenue très diffuse, pour ne pas dire exceptionnelle, le sens de la bénédiction et de la puissance qu'elle peut contenir s'est perdu.
Mais au temps d'Isaac, au sein de cette communauté qui, dans la lignée d'Abraham, son père, demeurait très attachée à ce Dieu qu'ils appelaient soit Elohim, soit JHVH, il n'en allait pas de même.
Isaac, tout comme Rebecca et leurs deux fils, Ésaü et Jacob, savaient que les paroles de bénédiction prononcées par Isaac seraient déterminantes pour l'avenir de la nation à laquelle Dieu avait promis la terre de Canaan.
Le contenu de cette bénédiction est le suivant :
« Elohim te donnera de la rosée des cieux, des huiles de la terre, du grain et le jus du raisin en abondance.
Des peuples te serviront, on se prosternera, les gens se prosterneront devant toi. Sois le maître de tes frères ! Les fils de ta mère se prosterneront devant toi. Sera maudit celui qui te maudira, sera béni celui qui te bénira. »
(Genèse 27.28-29)
Elle se décompose en plusieurs éléments.
1. C'est tout d'abord une promesse de fertilité : la Terre transmise en héritage sera bénie et prolifique par la volonté de Dieu.
2. C'est une promesse de puissance sur les nations environnantes qui devront s'incliner devant le peuple élu de Dieu.
3. A l'intérieur du clan familial, l'héritier de la bénédiction d'Isaac dominera sur sa propre maison.
4. Et c'est enfin une bénédiction à long terme qui portera sur les millénaires à venir :
« Sera maudit celui qui te maudira, sera béni celui qui te bénira. » (Genèse 27.29)
L'héritier de la bénédiction va être Jacob, qui sera ensuite nommé Israël.
Des milliers, pour ne pas dire des millions d'individus de toutes nations, ont maudit les Israélites depuis quatre millénaires.
Il va de soi qu'ils n'ont pu avoir conscience que le fait de maudire les Israélites génère une malédiction sur la tête de ceux qui agissent ainsi.
Mais si l'on se limite au clan familial d'Isaac, le premier qui va générer sur lui une malédiction : c'est Ésaü !
Car le fait que Jacob ait reçu la bénédiction d'Isaac va générer chez Ésaü une amertume qui va se transformer en haine, au point de vouloir tuer Isaac (Genèse 27.41).
Nul doute qu'Ésaü ait maudit son frère.
Ce faisant, il enclenchait à son encontre un processus de malédiction divine qui va se traduire au travers de cette parole d'un prophète qui s'exprimait au nom de JHVH :
« J'ai aimé Jacob, et j'ai eu de la haine pour Ésaü. » (Malachie 1.2-3).
Cette prophétie sera ensuite reprise dans le Nouveau Testament par l'apôtre Paul en Romains 9.13.
Au travers de cet épisode biblique, nous sommes invités à prendre en compte le poids des paroles prononcées, les bonnes comme les mauvaises, les bénédictions comme les malédictions.
De simples propos en apparence anodins peuvent avoir de lourdes conséquences.
Attachons-nous donc à prononcer des bénédictions et à écarter toutes formes de malédictions.
Ce qu'elles peuvent engendrer nous dépasse largement.