Voici de nouveau la famine.
Comme aux jours d'Abraham (Genèse 12.10), Isaac est tenté de se rendre en Egypte pour assurer la subsistance des siens.
Il en sera de même lorsque Jacob enverra ses fils en Egypte pour se ravitailler (Genèse 42.1), quand une nouvelle famine va sévir.
Dans le monde antique, l'Egypte était très attractive pour les populations voisines plus susceptibles de subir les aléas du climat.
En Egypte, la crue annuelle du Nil venait fertiliser les sols et garantir les récoltes.
La crue du Nil a lieu chaque été et elle apportait en Égypte le limon noir et l'eau permettant la culture sur ses rives.
C'est de ce limon noir que vient le nom antique de l'Égypte, "Kemet", qui veut dire « la terre noire ».
Mais le risque était grand pour le petit peuple conduit par Isaac.
Abram en avait fait l'expérience.
Son épouse avait été prise pour la maison de Pharaon (Genèse 12.15).
Ce qui attendait Isaac en Egypte, c'était l'esclavage !
Outre ce risque non négligeable, il faut aussi prendre en considération la fragilité spirituelle du peuple de Dieu.
Seul peuple monothéiste sous la conduite d'Abraham, il serait exposé en Egypte à la puissance séductrice de croyances idolâtres.
Car, en Egypte, la crue du Nil pouvait être comprise comme une bénédiction des dieux.
Personne ne connaissait à cette époque les raisons naturelles de cette crue.
Ils ignoraient que le Nil Blanc, venant des régions de climat équatorial en Afrique centrale, fournit de l'eau toute l'année et permet au Nil de traverser le Sahara malgré une très forte évaporation.
La jonction du Nil Blanc avec le Nil Bleu, venant des régions de climat tropical humide, avec de fortes pluies saisonnières de printemps, accroit l'abondance de l'eau qui s'écoule vers le Nord pour aboutir à la crue annuelle ressentie en été en Égypte.
« Tu ne dois pas descendre en Egypte. Installe-toi sur la terre où te dirai ! » (Genèse 26.2)
JHVH prend soin de son peuple.
Il veut le préserver de l'idolâtrie ... tout en lui assurant sa subsistance sur la terre qui lui sera indiquée.
Le temps du long séjour en Egypte qui était annoncé en Genèse 15.13 n'est pas encore venu :
« Sache ce que tu dois savoir : ta semence ira séjourner sur une terre qui n'est pas la vôtre. Ils y seront asservis, ils seront humiliés pendant quatre cent ans. »
Le séjour ultérieur des Israélites en Egypte a laissé des traces.
L'asservissement ne les a pas empêchés de regretter l'Egypte et ils reprocheront plusieurs fois à Moïse de les avoir sortis d'Egypte pour les emmener au travers du désert vers la Terre promise.
Pendant ces quatre cent ans, les Israélites seront contaminés par l'idolâtrie et l'épisode du veau d'or démontre à quel point il est facile de se détourner du seul vrai Dieu.
JHVH aime son peuple et veut le nourrir.
Il en était ainsi au temps d'Isaac.
Il les a aussi nourris au temps de Moïse dans le désert, pendant quarante ans avec la manne, tout en leur faisant subir des tribulations nécessaires à leur conversion.
Et de nos jours encore il se tient prêt à nourrir ceux qui croient en Lui.
« Fixez le regard sur les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n'assemblent pas non plus dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas davantage qu’eux ? » (Matthieu 6.26)
Mais outre la nourriture qui nous est nécessaire pour éviter la famine, il nous a donné une nourriture spirituelle.
« L'homme ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu. » (Matthieu 4.4)
Cette parole de Jésus se réfère à un enseignement extrait de la Torah :
« Il t'a humilié, il t'a fait souffrir de la faim, et il t'a nourri de la manne, que tu ne connaissais pas et que n'avaient pas connue tes pères, afin de t'apprendre que l'homme ne vit pas de pain seulement, mais que l'homme vit de tout ce qui sort de la bouche de JHVH. » (Deutéronome 8.3)
L'Egypte, la famine, le désert, les souffrances et les épreuves sont autant d'enseignements qui visent à nous démontrer que la volonté de Dieu est souveraine et que la nôtre doit s'inscrire dans la sienne par la prière.
Et c'est par la prière, fondée sur la foi, que face aux épreuves comme la famine, nous pouvons proclamer :
« JHVH est mon berger, je ne manquerai de rien ! » (Psaume 23.1)