Abraham était un homme béni de JHVH.
C'est de JHVH qu'il avait tout reçu, ce qui permit à son serviteur d'affirmer :
« Il lui a donné tout ce qu'il a. » (Genèse 24.36)
Et tout ce qu'il avait reçu de JHVH, Abraham le donne à Isaac, à l'exception de quelques biens dont la nature n'est pas précisée mais qui iront aux fils de ses concubines (Genèse 25.6).
Pourquoi avoir ainsi privilégié Isaac ?
Lors de son installation en Canaan, Abraham s'est inquiété du fait que son épouse, Sarah, était stérile et que son seul héritier pourrait être son gérant : Eliézer de Damas.
Mais JHVH est intervenu pour lui dire :
« Ce n'est pas lui qui héritera de toi, mais en vérité c'est celui qui sortira de tes entrailles qui sera ton héritier. » (Genèse 15.4)
L'héritier serait donc son fils ... mais aussi celui de Sarah et non Ishmaël, le fils de Hagar, la servante de Sarah.
En quoi consiste cet héritage ?
Dans l'immédiat, il s'agit essentiellement de troupeaux et autres éléments liés à l'activité pastorale d'Abraham.
Car même s'il s'est installé en Canaan, Abraham n'a pas pris possession de ce territoire.
Sa communauté demeurait peu nombreuse et se devait de séjouner aux côtés de ceux qui résidaient sur cette terre.
Cependant JHVH révèle à Abraham la véritable nature de l'héritage qui sera donné à ses descendants dans la lignée d'Isaac :
« Je donne à ta semence cette terre, celle-ci, depuis le fleuve d'Egypte jusqu'au grand fleuve, le fleuve Euphrate :
la Kénite, la Kenizzite, la Kadmonite, la Hittite, la Perizzite, la Refaïte, l'Amorite, la Cananéenne, la Girgashite et la Jébusite. » (Genèse 15.18 à 21)
Dix peuplades, dix territoires ...
Cet héritage territorial, Isaac ne le recevra pas plus qu'Abraham ... mais le temps de Dieu n'est pas notre temps !
Pour l'un comme pour l'autre, et tous ceux qui leur succèderont jusqu'à l'entrée en Terre promise sous la conduite de Josué, l'héritage restera une espérance.
Beaucoup en ressentiraient de l'insatisfaction et seraient tenter de s'en plaindre.
Mais ni Abraham, ni son héritier ne réagiront de la sorte.
Au contraire, cette espérance fondée sur la foi, cette promesse territoriale destinée à leurs descendants qui naîtront plusieurs centaines d'années par la suite, fut pour eux un moteur, une raison de vivre.
C'est avec cette perspective qu'ils ne verraient jamais se réaliser qu'ils ont pourtant entrepris de construire les premiers éléments de l'édifice humain qui prendrait possession du territoire de Canaan.
« Voir ce que l'on espère, ce n'est plus espérer, car comment espérer ce que l'on a ? »
C'est dans ces termes que l'apôtre Paul invitait les disciples de Jésus, en Romains 8.24, à fonder leur espérance.
Non pas sur le fait de voir se réaliser la promesse ... mais sur l'espérance de sa réalisation.
En disant cela, Paul ne parlait pas d'une Terre promise ... mais du salut !
« Car c'est en espérance que nous avons été sauvés. » (Romains 8.24)
Nous avons été sauvés ... donc cet évènement appartient au passé.
Et pourtant, la concrétisation du salut appartient au futur et relève de l'espérance.
Car la preuve de la réalisation du salut, ce sera d'entrer dans le Royaume de la vie éternelle ...
En fait, qu'il s'agisse de la promesse territoriale qui fut donnée à Abraham à l'intention du peuple israélite, ou de la promesse du salut qui ouvre la porte du Royaume des cieux, nous trouvons dans l'un et l'autre cas une espérance en vue d'un espace réservé.
L'espace réservé aux Israélites, c'était le territoire de Canaan, un héritage délimité.
L'espace réservé aux disciples de Jésus, c'est le Royaume de Dieu, un héritage infini.
Jésus a proclamé face à Pilate :
« Mon royaume n’est pas de ce monde. » (Evangile selon Jean 18.36)
Evidemment, face à l'immensité du Royaume de Dieu, ce monde semble bien petit !
Il a cependant ajouté :
« Pour l'instant, mon royaume n’est pas ici. » (Evangile selon Jean 18.36)
Jésus est parti pour rejoindre son Père dans le Royaume des cieux.
Pourtant, un héritage l'attend sur terre ... tout comme il attend les disciples du Christ pour un règne de mille ans :
« Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection !
La seconde mort n’a pas d'emprise sur eux, mais ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et règneront avec Lui pendant mille ans. » (Apocalypse 20.6)