Dans le monde agricole, la présence de l'eau déterminait les lieux d'implantation des communautés humaines.
Pour les éleveurs, qu'il s'agisse de populations nomades ou sédentaires, le passage au point de ravitaillement conditionnait la survie, même si certaines espèces animales sont adaptées à la sécheresse et aux migrations de longue durée.
Pour ces raisons, les lieux d'approvisionnement en eau étaient particulièrement prisés, protégés, voire défendus contre les importuns.
Mais ce pouvait être aussi des lieux de rencontres conviviales.
Le partage des terres, en fonction des ressources en eau, pouvait donc être une source de conflits.
Les bergers d'Abraham et de Loth ont probablement été confrontés à cette question de l'eau :
« Il y eut un conflit entre les bergers du cheptel d'Abram et les bergers du cheptel de Loth. Cananéen et Perizzite habitaient alors le pays. » (Genèse 13.7)
Abraham et Loth vont se séparer pour éviter ce type de problèmes.
Par la suite, Abraham va exposer une situation similaire auprès d'Abimélek :
« Mais Abraham réprimanda Abimélek à propos d'un puits d'eau dont s'étaient emparés les serviteurs d'Abimélek. » (Genèse 21.25)
Là encore, la situation se règlera à l'amiable.
De tout temps, le règlement amiable des problèmes avant qu'ils ne dégénèrent est loin d'avoir été la règle.
Combien d'affrontements, ou de guerres, auraient pu être évités si les protagonistes avaient compris la nécessité d'apprendre à vivre ensemble ?
Faute d'être capables de vivre ensemble, les humains ont développé la méfiance, le protectionnisme.
Il est presque surprenant que le serviteur d'Abraham se dirige ainsi sans hésitation vers cette femme, Rebecca, qui est venue puiser de l'eau.
Après tout, cet inconnu aurait fort bien pu effrayer la femme qui serait partie en courant ... peut-être en criant ?
Au lieu de cela, sa réponse va être pleine de bienveillance :
« Elle dit : "Bois, mon Adonaï !"
Puis elle s'empressa de baisser sa jarre avec sa main pour lui donner à boire. » (Genèse 24.18)
La Bible nous présente souvent des individus violents, arrogants, cupides ... mais elle regorge aussi de personnes bien intentionnées.
Nous trouvons un exemple similaire dans le Nouveau Testament.
« Une femme de Samarie vint puiser de l’eau.
Jésus lui dit : Donne-moi à boire. » (Evangile selon Jean 4.7)
Mais à la différence de Rebecca, la femme de Samarie va d'abord exprimer sa surprise.
« Comment toi, qui est juif, me demandes-tu à boire, à moi, une femme samaritaine ? » (Evangile selon Jean 4.9)
Il est ensuite précisé que les Juifs n'avaient pas de relations avec les Samaritains.
Au temps d'Abraham, cette question ne se posait pas.
Il y avait des rivalités territoriales, mais la famille d'Abraham était unie.
Deux mille ans plus tard, au temps de Jésus, les divisions et rivalités se sont multipliées et la volonté de Dieu, l'unité du genre humain, ne préoccupe plus grand monde.
Pourtant, la réponse de Jésus à cette femme samaritaine va nous apporter une note d'espérance :
« Celui qui boit de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif.
Car l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau d'où jaillira la vie éternelle. » (Evangile selon Jean 4.14)
L'eau de la source où puisait la Samaritaine était probablement limpide ... mais sans commune mesure avec cette Source de vie que Jésus lui proposait.
Auprès d'une source, le serviteur d'Abraham a rencontré Rebecca pour accomplir le plan de Dieu : donner une épouse à Isaac qui soit issue de la famille d'Abraham.
Auprès d'une source, Jésus a rencontré une femme samaritaine pour accomplir le plan de Dieu : donner à l'humanité l'espérance de la vie éternelle et construire une Eglise qui devienne l'épouse du Christ.
Ces deux sources ont peut-être cessé de couler depuis des siècles car les puits sont maintenant taris ou impropres à la consommation.
Mais la Source de vie offerte par Jésus est inépuisable ...