Abraham souhaitait acquérir un lieu de sépulture pour son épouse, Sarah.
Il était prêt à payer la caverne de Macpéla et le terrain voisin au prix demandé par son propriétaire, Ephron.
Mais il ignorait si celui-ci serait prêt à lui vendre.
Aussi demande-t-il au fils de Heth d'appuyer sa requête auprès d'Ephron.
« Si vous avez à l'esprit que j'enterre ma défunte près de ma face, écoutez-moi !
Et intercédez pour moi auprès d'Ephron, fils de Zohar !
Et il me donnera la caverne de Macpéla qui est à lui, qui se trouve à l'extrémité de son champ, contre sa pleine valeur en argent. »
(Genèse 23.8-9)
Dans un premier temps, Ephron semble prêt à céder le terrain gratuitement.
« Le champ, je te le donne. Et la caverne qui s'y trouve, je te la donne.
Sous les yeux des fils de mon peuple, je te la donne. »
(Genèse 23.11)
Ephron prend à témoin l'assemblée présente de sa bonne volonté, laissant entendre qu'il est prêt à céder gratuitement ce bien.
Mais au fond, Ephron préférerait la vendre.
Et s'il laisse croire qu'il est prêt pour une cession gratuite, c'est parce qu'il souhaite sauver les apparences devant ces hommes qui sont favorables à Abraham (Genèse 23.6).
Abraham est un homme de Dieu, et son don de discernement lui permet de deviner la véritable intention d'Ephron.
Aussi insiste-t-il pour payer le champ à son prix (Genèse 23.13).
La réponse d'Ephron (Genèse 23.15) est ce que l'on appelle en psychologie (analyse transactionnelle) une transaction cachée.
Les transactions cachées, ou à double-fond, sont des transactions complexes parce qu’une seule phrase comporte deux messages.
Le premier message, appelé le "message social", ce sont les mots prononcés.
C'est ce qui est formulé verbalement et que tout le monde peut entendre.
Le second est le message caché ou psychologique à l'aide de mots non formulés verbalement, mais qui peuvent – ou non – être très bien "entendus" par un interlocuteur.
L’une des formes bien connues de ce type de communication, ce sont les sous-entendus.
Dans le cas présent, le "message social" vise à laisser croire à l'auditoire qu'Ephron est au-dessus des questions d'argent, qu'il est généreux :
« Qu'est-ce qu'une terre de quatre cents pièces d'argent entre toi et moi ? »
Mais ce faisant, il annonce le prix du champ qu'il espère obtenir : 400 pièces !
Sa réponse est donc hypocrite ... ce qui est souvent le cas dans ce type de conversations où votre interlocuteur exprime des sentiments qu'il ne ressent pas.
La réponse honnête, franche et directe aurait été celle-ci :
"J'évalue cette terre à quatre cents pièces d'argent."
Ephron aurait peut-être déçu son peuple, mais la sincérité l'aurait emporté.
D'ailleurs, n'était-il pas en droit d'attendre une somme d'argent en retour de la cession de son terrain ?
« Un homme du nom d'Ananias, avec sa femme Saphira, vendit un bien.
Il en conserva une partie pour son profit, de connivence avec sa femme, et apporta le reste qu'il déposa aux pieds des apôtres. Pierre lui dit :
Ananias, pourquoi Satan a-t-il envahi ton cœur afin que tu trompes l'Esprit Saint en retenant à ton profit une partie du prix du terrain ?
Ne pouvait-il rester en ta possession et, en le vendant, demeurer ton bien ?
Pourquoi donc as-tu conçu cette affaire dans ton cœur ? Tu n'as pas menti aux hommes ... mais à Dieu ! »
(Actes 5.1 à 5.4)
Cette mésaventure relatée dans le Livre des Actes des Apôtres peut être rapprochée du comportement d'Ephron.
Ananias comme Ephron pouvaient tirer de leur bien la somme qu'ils en attendaient : chacun est libre !
Mais l'un comme l'autre ont triché en affichant des intentions qui n'étaient pas aussi bonnes qu'elle pouvaient paraître.
Etre ... ou paraître ?
Le comportement humain dépend au quotidien de ces deux postures.
Aux yeux du monde, nous sommes en permanence conduits à semer des illusions, à faire semblant d'être ce que nous ne sommes pas en vérité.
A nos propres yeux, il est toujours possible d'assumer cette situation, de la corriger ou de tricher en toute inconscience ... ou en se donnant bonne conscience.
Dans les yeux de Dieu qui nous observe et nous apprécie, il y a de la tristesse ... ou de la joie quand l'un d'entre nous se repent.
Le repentir n'est-il pas le meilleur moyen de ne plus "paraître" ... pour "être" en esprit et en vérité ?
Ananias s'est présenté comme un croyant ... ce qui ne fut pas le cas d'Ephron.
La sanction pour Ananias fut très lourde : il s'effondra sur le champ pour avoir menti à Dieu !
Pour Ephron qui a seulement menti à ses hommes, la Bible ne parle pas de sanction.
Abraham paye le prix demandé et l'affaire est conclue.
Il faut dire que le fait de mentir, et de se mentir réciproquement, dans le monde des humains est tellement courant qu'il n'y aurait plus personne sur terre si Dieu intervenait à chaque fois pour sanctionner le mensonge.