Un proverbe polonais, cité par Samuel Goldwyn, d'origine polonaise, nous enseigne :
"Un accord verbal ne vaut même pas le papier sur lequel il est écrit."
Samuel Goldwyn, comme tant d'autres, en a très certainement fait l'expérience au cours de sa vie et notamment dans le cadre de sa carrière de producteur cinématographique.
Il est facile de comprendre ce qu'il a voulu dire :
"Un accord verbal ne vaut rien !"
Mais puisqu'il est verbal, il n'est pas écrit.
Donc on ne peut se référer à la valeur du papier sur lequel il n'a pas été écrit.
Ce qui revient à dire que cet accord est écrit ... sur du vide.
Or quelle pourrait être la valeur du vide ?
De tels raisonnements relèvent de l'humour juif qui sait souvent donner toute sa saveur à l'humour.
La non réalisation d'un accord écrit peut résulter de la volonté des parties ... ou de l'absence de support écrit.
L'absence de support écrit pour réaliser un contrat peut sembler improbable de nos jours où l'on trouve du papier sans difficulté.
Mais au temps d'Abraham, il y a 4 000 ans, non seulement le papier n'existait pas, et la pratique de l'écriture était aussi rare que les supports susceptibles de consigner des accords écrits.
C'est donc la tradition orale, avec des accords verbaux, qui étaient les plus répandus.
Le texte de la Genèse qui relate les évènements au temps d'Abraham a été consigné par écrit bien plus tard.
Et là encore, c'est la tradition orale qui a permis la transmission, de génération en génération, du souvenir de ces évènements.
La tradition considère que c'est Moïse, qui vécut plusieurs centaines d'années par la suite, qui aurait écrit les cinq premiers livres de la Bible (la Torah) mais il est tout aussi valable de considérer que la Torah ait été rédigée ultérieurement par différents auteurs.
L'important n'est d'ailleurs pas de savoir qui en fut l'auteur humain ... si l'on admet que l'inspirateur de ces écrits est divin.
Bien souvent, le souvenir de la tradition orale ne suffira pas s'il n'est porté que par une seule personne.
Il fallait donc que la transmission orale s'appuie sur plusieurs personnes qui ont été témoins de l'évènement.
D'où la nécessité de préciser « C'est ainsi qu'il fut confirmé devant les fils d'Heth ... » c'est-à-dire devant des témoins oculaires.
Ainsi l'accord verbal était conclu et attesté par plusieurs personnes.
Quelle serait sa valeur ? Sa durée ? Combien de générations s'en souviendraient ?
Tout ceci paraît bien fragile ... mais comment fonctionner autrement en ces temps reculés ?
Cette fragilité du fait des hommes est liée à la faiblesse de la parole humaine.
L'être humain sait fort bien cacher le fond de sa conscience.
L'homme est peu digne de confiance, c'est pourquoi un accord écrit vaudra mieux qu'un engagement oral.
Il en irait autrement si les relations et comportements humains n'étaient fondés sur la dissimulation.
Malheureusement, nous sommes porteurs de l'héritage des premiers temps de l'humanité.
Le premier homme, Adam, ne s'est-il pas caché aux yeux de Dieu en s'imaginant que celui-ci ne pourrait le voir ?
« J’ai entendu ton bruit dans le jardin, et j’ai eu peur car je suis nu, alors je me suis caché. » (Genèse 3.10)