Livre de LA GENESE ... Etudes et commentaires de la Bible



Mon Adonaï

« Ecoute-nous ! Mon Adonaï, prince d'Elohim au milieu de nous,

enterre ta défunte dans une de nos tombes selon ton choix ! »

(Genèse 23.6)

Adonaï

« Mon Adonaï, prince d'Elohim ... »

Quelle étrange façon de s'adresser à Abraham ?

Est-il un dieu pour qu'on l'appelle Adonaï ... ou le fils d'un dieu pour être nommé prince d'Elohim ?

De tels qualificatifs de la part des fils de Heth auraient pu honorer Abraham, son orgueil aurait pu s'en ressentir.

Mais non, en toute humilité :

« Abraham se leva et s'inclina devant le peuple de ce territoire : les fils de Heth. » (Genèse 23.7)

Mon Adonaï ... ce qualificatif apparaît pour la première fois en Genèse 15.2 quand Abram s'adresse à Dieu :

« Mon Adonaï, JHVH, que me donneras-tu ? »

Dans la bouche d'Abram, le fait d'appeler quelqu'un Mon Adonaï est réservé à JHVH, ou Elohim, ou toute autre dénomination de Dieu ... mais certainement pas aux hommes.

Pourtant, cette appellation que l'on peut traduire par Mon Seigneur a été bien détournée de sa destination initiale.

En France, Mon Seigneur est devenu Monseigneur, un titre d’appel réservé à des personnages puissants, tels les membres de la haute aristocratie ou du haut clergé.

Mais Monseigneur s'est aussi banalisé en donnant ... Monsieur !

Car Monsieur vient de la contraction de l’adjectif possessif "mon" et du nom commun "sieur", qui est lui-même une contraction de "seigneur".

Monsieur est donc une forme simplifiée de "monseigneur".

Mais après tout, pourquoi le commun des mortels ne mériterait-il pas d'être appelé Monseigneur ... tout autant que ces hauts personnages qui se croient au-dessus des autres ?

Les fils de Heth ne l'entendaient pas ainsi !

Le fait d'appeler Abraham Mon Seigneur, et d'ajouter prince d'Elohim reflète un respect ... mais aussi une crainte.

Car en territoire de Canaan, Abraham avait une solide réputation, comme le mentionne Abimélek :

« Elohim est avec toi en tout ce que tu fais. » (Genèse 21.22)

La réussite d'Abraham incite à la méfiance ... même si les fils de Heth, comme la plupart des habitants de Canaan, ne croient probablement pas au Dieu unique d'Abraham, il était d'usage dans l'Antiquité de craindre que les dieux des autres soient supérieurs aux siens.

Et quand bien même ils ne le seraient pas, il valait mieux éviter de les offenser, ou de porter préjudice à celui qui semblait être soutenu par l'un de ces dieux.

Alors, pour ne pas prendre de tels risques, ne valait-il pas mieux honorer Abraham en lui descernant pour titres : « Mon Adonaï, prince d'Elohim ... » ?

Ainsi, ce Dieu d'Abraham qu'ils ne connaissaient pas leur serait peut-être favorable.

« Au dieu inconnu. » (Actes des Apôtres 17.23)

Deux mille ans plus tard, l'apôtre Paul en circulant à Athènes aperçoit un autel qui portait cette mention.

Les siècles se sont écoulés, mais le monde païen, polythéiste, craignait toujours au temps de Paul que le dieu des autres soit meilleur que le sien.

Il fallait donc tous les honorer ... sans en oublier un !

Pour les chrétiens, le dieu inconnu s'est révélé dans la personne de Jésus Christ.

Mais pour beaucoup, Dieu est resté cet inconnu faute d'avoir réussi à le reconnaître.

Friedrich Nietzsche n'est guère apprécié dans les milieux chrétiens.

Pourtant, celui dont l'œuvre fut une cinglante critique de la culture occidentale moderne et de l'hypocrisie religieuse, lui qui proclamait "Dieu est mort", a intitulé son premier poème, composé à l'âge de 20 ans :

« Au dieu inconnu. » (Friedrich Nietzsche ~ 1864)

Voici la dernière strophe de ce poème, un petit joyau rédigé en forme de prière, œuvre de jeunesse, reflet d'un âge où l'espérance renverse les forteresses ... .

« Je veux te connaître, Inconnu.

Toi Qui plonge tes racines dans les profondeurs de mon âme

Et qui, tel un cyclone, traverse mon existence en tourbillonnant

Toi l’Ineffable qui m’est apparenté !

Je veux te connaître et même : te servir. »

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Traduction interlinéaire
de la Genèse

Chapitre 23 ~ Versets 23.3 à 23.13

3. Abraham s'éloigna des faces de sa défunte puis alla parler aux fils de Heth pour leur dire :

4. « Je séjourne en visiteur parmi vous. Donnez-moi une propriété funéraire parmi vous et j'enterrerai ma défunte près de ma face. »

5. Les fils de Heth répondirent à Abraham en lui disant :

6. « Ecoute-nous ! Mon Adonaï, prince d'Elohim au milieu de nous, enterre ta défunte dans une de nos tombes selon ton choix ! Aucun homme parmi nous ne refusera son tombeau pour que toi tu enterres ta défunte. »

7. Abraham se leva et s'inclina devant le peuple de ce territoire : les fils de Heth.

8. Alors il leur parla pour leur dire : « Si vous avez à l'esprit que j'enterre ma défunte près de ma face, écoutez-moi ! Et intercédez pour moi auprès d'Ephron, fils de Zohar !

9. Et il me donnera la caverne de Macpéla qui est à lui, qui se trouve à l'extrémité de son champ, contre sa pleine valeur en argent. Il me la donnera au milieu de vous comme propriété funéraire. »

10. Ephron était assis parmi les fils de Heth. Ephron le Hittite répondit à Abraham. Les fils de Heth, et tous ceux qui avaient franchi la porte de sa ville, l'entendirent quand il parla.

11. « Non, mon Adonaï, écoute-moi ! Le champ, je te le donne. Et la caverne qui s'y trouve, je te la donne. Sous les yeux des fils de mon peuple, je te la donne. Enterre ta défunte ! »

12. Abraham s'inclina face au peuple de ce territoire.

13. Puis il parla à Ephron, à l'écoute du peuple de cette terre, pour dire : « Si tu voulais bien m'écouter. Je te donne l'argent du champ, accepte-le de moi ! Ensuite, j'enterrerai ma défunte. »