La réponse d'Abraham est-elle suffisante pour comprendre ce que représentent ces sept agnelles ?
« Tu recevras ces sept agnelles de ma main afin que cela soit pour moi un témoignage que j'ai creusé ce puits. » (Genèse 21.30)
Ce puits est le point de départ d'un litige (Genèse 21.25).
L'approvisionnement en eau était en effet fondamental pour ces éleveurs de bétail et source de conflit.
Mais le règlement du litige va passer par une promesse, un engagement de paix entre Abraham et Abimélek, qui se traduira par le nom donné au puits : Beér Shèba.
« Aussi on appela cet endroit Beér Shèba car c'est là qu'ils jurèrent tous deux. » (Genèse 21.31)
Beér Shèba peut se traduire par "puits des sept" ou "puits du serment".
Il semble donc que le don de sept agnelles vienne renforcer le serment.
Pourquoi sept ... pourquoi pas six ou huit ?
Pourquoi des agnelles ... des femelles ... et pas des agneaux ?
Le nombre sept est hautement symbolique dans la Bible ... à commencer par les jours de la Création.
Il représente un cycle qui se reproduit semaine après semaine à l'infini.
Ainsi, le don de sept animaux est représentatif de ce cycle : un animal = un jour !
Sept animaux = un pour chaque jour de la semaine.
Mais que deviennent ces animaux ?
S'il s'agit d'agneaux, on va les consommer et le cycle va se terminer.
Par contre, en offrant des agnelles, on permet à celui qui reçoit le don des sept de se constituer un cheptel ... et de reproduire le cycle du vivant à l'infini.
C'est ainsi que ce don de sept agnelles devient synonyme d'un serment perpétuel.
Mais ce récit ne s'arrête pas là !
Abimélek s'en va avec ceux qui l'accompagnaient (Genèse 21.32) et Abraham reste là, sur le lieu du serment.
Abraham va faire deux choses : planter un arbre et invoquer Dieu.
« Il planta un tamaris à Beér Shèba. Et là il proclama le nom de JHVH : El Olâm. » (Genèse 21.33)
Le tamaris est un petit arbre très décoratif. Les tamaris ne sont jamais malades et résistent aux intempéries comme aux températures négatives.
Autant dire que planter un tel arbre au Proche-Orient est une garantie de longévité.
On le trouve en Europe comme en Asie et jusqu'en Chine où il est considéré comme un symbole d'immortalité.
Il évoque la douceur de la solitude, les vastes étendues désertes, les grandes plaines chinoises, où des civilisations se sont englouties sans qu'on s'en aperçoive, dans l'indifférence de l'éternité.
Alors, pour conclure, Abraham va invoquer Dieu en attribuant à JHVH un nouveau nom : El Olâm.
Certains traduiront cette expression par Dieu éternel ou Dieu de l'éternité ce qui résume ainsi tout ce passage sur ce que devrait être un serment.
El Olâm est ainsi témoin de l'engagement pris à Beér Shèba et qu'Abraham, homme de foi tenant ses promesses, espérait ... éternel.
Les promesses de Dieu sont éternelles ...
« Dieu n'est point un homme pour mentir, ni le fils d'un homme pour regretter.
Ce qu'il a dit, ne le fera-t-il pas ?
Ce qu'il a déclaré, ne l'exécutera-t il pas ? »
(Nombres 23.19)
Malheureusement, il n'en va de même des promesses des hommes ...