A la demande de Sarah, Abraham a accepté que Hagar et son fils quittent la communauté formée autour d'Abraham.
« Abraham se leva de bon matin. Il prit du pain et une outre d'eau qu'il donna à Hagar pour la mettre sur son épaule. Il la renvoya avec le garçon. Elle s'en alla et erra dans le désert de Beér Shèba. » (Genèse 21.14)
Le désert ... Hagar le connaissait déjà !
Une quinzaine d'années auparavant, n'avait-elle pas dû déjà s'enfuir dans le désert ?
« Un messager de JHVH la trouva près d'une source d'eaux dans le désert, la source qui est sur la route de Shour. » (Genèse 16.7)
Le messager de JHVH dit à Hagar, qui était enceinte d'Ishmaël, de retourner auprès de ses maîtres.
Elle est donc revenue ... mais ce n'était qu'un sursis !
Le mépris de Hagar envers Sarah l'avait conduite au désert (chapitre 16).
La moquerie d'Ishmaël envers Isaac (Genèse 21.9) le conduit aussi au désert avec sa mère.
Il semble donc que le séjour au désert soit dans les deux cas la conséquence d'une attitude désobligeante.
Hagar et Ishmaël ne seront pas les seuls à en faire l'expérience.
« Jusqu'à quand ce peuple me méprisera-t-il ? Jusqu'à quand ne croira-t-il pas en moi, malgré tous les prodiges que j'ai faits au milieu de lui ? » (Nombres 14.11)
Plusieurs centaines d'années se sont écoulées depuis Abraham et le peuple d'Israël, à la porte de la Terre promise de Canaan, refuse de croire qu'il est possible de s'emparer de ce territoire.
Pour avoir méprisé JHVH, la sanction sera très lourde :
« Vos cadavres, à vous, tomberont dans le désert ; et vos enfants paîtront quarante années dans le désert ... » (Nombres 14.32-33)
Venus d'Egypte, après avoir traversé le Sinaï, les Israélites furent ainsi repoussés par JHVH vers le désert.
Cet évènement est tellement connu qu'il est à l'origine d'une expression courante : la traversée du désert.
La traversée du désert correspond à une période de la vie pendant laquelle on connaît des difficultés et des échecs qui peuvent donner un sentiment d'abandon.
Celle-ci sera plus ou moins longue ... et peut se répéter plusieurs fois dans la vie d'un même individu.
La question qui peut se poser à celui ou celle qui est confronté à une telle expérience pourrait être :
"En quoi suis-je responsable ? A qui ai-je causé un tel préjudice pour en arriver là ?"
Dans les exemples cités ci-dessus, le préjudice envers Sarah, Isaac ou JHVH semble évident.
Pour les Israélites, le séjour dans le désert a pu être un temps de réflexion nécessaire à une guérison intérieure leur permettant de reconnaître en JHVH leur véritable guide spirituel ... au lieu des idoles comme le Veau d'or (Exode 32.4).
Pour chacun d'entre nous, un temps de "désert spirituel" peut être nécessaire au rétablissement de nos relations avec notre entourage ... ou avec Dieu.
Mais dans le cas d'Ishmaël, le séjour au désert va devenir une résidence permanente ... voire perpétuelle.
Car si Israël a passé quarante années dans le désert au temps de Moïse, les descendants d'Ishmaël y séjournent depuis quatre mille ans.
Certes, la promesse d'Elohim s'est accomplie :
« Car je ferai de lui une grande nation. » (Genèse 21.18)
Mais dans quelles conditions ?
« Cet homme deviendra un âne sauvage, sa main contre tous, et toute main contre lui. Et il demeurera face à tous ses frères. » (Genèse 16.12)
Quatre mille ans que cela dure ... quatre mille ans de relations conflictuelles.
Avec pour point de départ, le simple fait que Ishmaël, adolescent d'une quinzaine d'années, ait ri d'Isaac, un bébé ... mais pas n'impote quel enfant !
Car Isaac était porteur de la promesse de JHVH envers son peuple.
« Qu'elles sont belles, tes tentes, ô Jacob ! Tes demeures, ô Israël !
Béni soit quiconque te bénira, Et maudit soit quiconque te maudira ! »
(Nombres 24.5 & 9)
Oui, le fait de vouloir porter préjudice au peuple de JHVH peut avoir de fâcheuses conséquences.
Et dans le cas d'Ishmaël, un simple rire moqueur fut déterminant pour son avenir ... et celui de ses descendants.