« C'est ainsi que l'on a appelé cette ville du nom de Zoar. » (Genèse 19.22)
Zoar, aussi écrit Tsoar, signifie en hébreu petit, moindre, insignifiant, ce qui explique son nom.
Loth estime avoir le temps de se réfugier dans cette ville qui, du fait de sa taille, pourrait échapper au désastre qui va s'abattre sur la région.
Zoar est aussi nommée par ailleurs Bèla (Genèse 14.8).
Elle était située dans une plaine fertile (Genèse 13.10) près de la Mer Morte.
Zoar va ainsi être la seule des villes existant dans la plaine à avoir été épargnée par JHVH consécutivement à la requête de Loth.
Cela ne signifie pas pour autant que ses habitants étaient plus vertueux et accueillants que ceux de Sodome ou Gomorrhe qui furent anéanties.
Aussi Loth, après s'être réfugié à Zoar pendant le désastre, préfèrera quitter cette ville pour trouver un autre lieu de résidence :
« Loth se rendit au-dessus de Zoar et s'établit dans la montagne avec ses deux filles car il craignait d'habiter Zoar. » (Genèse 19.30)
De ce fait, la fonction de ville refuge n'a duré, pour ce qui concerne Zoar, que peu de temps.
Par la suite, il sera demandé aux Israélites, lors de leur installation en Terre promise, de donner à six villes la fonction de ville de refuge.
« Parmi les villes que vous donnerez aux Lévites, il y aura six villes de refuge où pourra s'enfuir le meurtrier, et quarante-deux autres villes. » (Nombres 35.6)
Ces villes instituées selon la volonté de JHVH sont bien différentes de Zoar.
Zoar était une ville pervertie qui allait accueillir peu de temps un homme juste : Loth.
Les six villes attribuées aux Lévites, donc des prêtres, hommes dévoués à JHVH, devront au contraire accueillir des pécheurs, des meurtriers.
Il ne s'agit pas de criminels ayant agi volontairement mais de personnes coupables d'un homicide involontaire :
« L'assemblée délivrera le meurtrier de la main du vengeur du sang, et le fera retourner dans la ville de refuge où il s'était enfui. Il y demeurera jusqu'à la mort du souverain sacrificateur qu'on a oint de l'huile sainte. » (Nombres 35.25)
De ce fait, le "vengeur de sang" ou gôël, parent de la victime souhaitant venger celle-ci, ne pourra pas tuer le meurtrier qui bénéficie ainsi d'un droit d'asile.
La durée pendant laquelle le meurtrier est susceptible de demeurer dans une ville de refuge est indéterminée puisque l'on ne sait pas combien de temps vivra le souverain sacrificateur (le grand-prêtre) en fonction.
Il faut donc en déduire que les Israélites s'en remettaient ainsi à l'appréciation de JHVH, seul habilité à déterminer combien de temps vivrait le grand-prêtre.
Pendant ce temps, le meurtrier réfugié dans la ville aurait tout le temps de méditer sur son acte et de s'en repentir.
Car le but des villes de refuge était aussi d’imposer au fugitif un temps d'exil expiatoire.
L’expiation était comprise comme un remords qui efface le crime, jusqu’à ce que le coupable recouvre sa proximité antérieure avec la volonté divine.
Le fait que toutes ces villes se trouvent rattachées aux Lévites leur donne un caractère sacré.
Cette pratique a trouvé par la suite de multiples développements, notamment lorsque l'on considérait qu'un homme poursuivi pouvait se réfugier dans une église ou un temple, c'est-à-dire dans une enceinte qui pouvait être considérée comme sacrée.
De nos jours, le caractère religieux du droit d'asile n'est plus reconnu dans les sociétés laïques.
Par contre, les pays démocratiques adhèrent au droit international en matière d'asile.
Ainsi la déclaration universelle des droits de l'homme énonce dans son article 14 :
« 1. Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays.
2. Ce droit ne peut être invoqué dans le cas de poursuites réellement fondées sur un crime de droit commun ou sur des agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies. »
Il ne s'agit plus ici de faire une distinction entre homicide volontaire et involontaire mais d'accorder une protection collective à des individus ou groupes d'individus persécutés.
Il s'agit donc pour l'essentiel d'un droit d'asile pour des motifs d'ordre politique ou religieux.
Tous les Etats n'ont pas la même approche de ce droit d'asile notamment lorsqu'il s'agit d'accueillir des réfugiés pour des motifs d'ordre économique fuyant la misère.
Et tous les individus d'un même Etat n'ont pas non plus la même tolérance à recevoir des réfugiés, qu'ils soient politiques ou économiques.
C'est ainsi que certaines villes seront plus accueillantes que d'autres lorsqu'il s'agit de recevoir des réfugiés.
Ces villes de refuge des temps modernes qui savent exercer l'hospitalité seront-elles considérées avec bienveillance par le Dieu de la Bible ?
« J’étais étranger et vous m’avez recueilli. » (Matthieu 25.35)
Lorsque Jésus préconisait ainsi de recevoir l'étranger, il mettait en avant les lois de l'hospitalité qui devaient animer Ses disciples.
A l'inverse, il prévenait ceux-ci que le fait de ne pas être accueillant serait sévèrement jugé dans le Royaume de Dieu.
Pour bien en prendre conscience, il sera utile de relire et méditer le chapitre 25 de l'Evangile selon Matthieu.
Si l'on analyse le comportement de Loth qui préfère fuir dans la montagne plutôt que s'établir à Zoar, il est clair que les habitants de cette petite ville ne connaissaient guère les valeurs de l'hospitalité.
Ils étaient peu différents de ceux de Sodome qui avaient menacé Loth en lui disant :
« Celui-là vient séjourner ici et il s'adjuge de juger. Aussi, nous allons te faire plus de mal qu'à eux » (Genèse 19.9)
Loth, cet étranger de passage à Sodome, était tout juste toléré ... mais il devait se faire discret !