Livre de LA GENESE ... Etudes et commentaires de la Bible



Les chiens de paille

« Avant qu'ils ne soient couchés, les gens de la ville,

les gens de Sodome, entourèrent la maison,

du plus jeune à l'homme âgé, toute la population

venant des quartiers les plus éloignés. »

(Genèse 19.4)

Les chiens de paille

"Les chiens de paille", un film réalisé en 1971, raconte l'histoire d'un homme, David, et de sa femme, qui, installés dans une ferme, se trouvent confrontés à la violence d'un groupe d'hommes issus du village voisin.

Retranché dans la ferme, David élabore des pièges afin d'assurer sa survie.

Ce cauchemar démontre à quel point les instincts humains peuvent conduire aux comportements les plus intolérables, notamment le harcèlement et le viol.

De tels comportements, qui sont basés sur les instincts les plus sordides, au mépris de la vie humaine et du droit de chacun de disposer de son corps, sont bien souvent contagieux car ils génèrent des phénomènes de groupe.

Ainsi, dans le cas de Sodome, ce ne sont pas quelques individus mais tous les hommes de la ville qui entendent violer les deux personnes accueillies chez Loth.

Leurs intentions sont proclamées dans des termes qu'il faut cependant expliciter :

« Montre-les nous que nous les connaissions ! » (verset 5)

Dans le langage courant, le fait de connaître quelqu'un semble bien anodin.

Mais au temps d'Abraham, et à l'époque où la Genèse fut rédigée, connaître, en hébreu, peut avoir plusieurs sens, et notamment celui d'avoir des relations sexuelles avec quelqu'un.

Il a ainsi cette signification lorsqu'il est écrit :

« Et Adam connu Ève, sa femme.

Puis elle fut enceinte et donna naissance à Caïn. » (Genèse 4.1)

En français, la décomposition du verbe connaître a fait l'objet d'un jeu de mot :

Co-naître c'est naître avec !

Selon Jean Cocteau, par exemple, « toute connaissance est une co-naissance : connaître, c’est naître avec. »

Que penser de cette affirmation si l'on considère que le fait de se connaître, comme le firent Adam et Eve et tant d'hommes et de femmes, a permis à l'humanité de se multiplier ?

La connaissance charnelle de deux individus homosexuels permet-elle de faire naître une nouvelle créature ?

Assurément non !

Seule la connaissance charnelle hétérosexuelle permet à un nouvel individu de naître avec ses parents par la procréation.

Seul le couple hétérosexuel permet à l'homme et à la femme réunis dans leur fonction de procréateurs d'être à l'image du Créateur suprême.

Sans ce processus hétérosexuel, l'humanité n'aurait connu aucun développement !

Qu'en est-il de nos chiens de paille venus frapper à la porte de Loth ?

Manifestement, les relations hétérosexuelles ne les intéressent pas.

Car lorsque Loth leur propose ses filles pour préserver ses deux invités (Genèse 19.8), ils dédaignent cette proposition et de surcroît envisagent de s'en prendre à Loth :

« Aussi, nous allons te faire plus de mal qu'à eux. » (Genèse 19.9)

La proposition de Loth est très choquante, car offrir ses enfants en substitution est scandaleux.

Mais à cette époque, il semble que les traditions d'hospitalité dépassaient le sentiment parental que l'on doit porter envers ses propres filles.

Il s'avère par la suite que les deux filles de Loth vont faire boire leur père pour avoir des relations sexuelles avec lui.

Cela semble impensable mais peut vouloir démontrer que les deux filles de Loth étaient contaminées par la perversité ambiante qui régnait à Sodome où elles avaient grandi.

Est-ce pour cela aussi que Loth est prêt à les livrer à ces hommes ?

On trouve d'aileurs une situation comparable dans un autre texte de la Bible.

« Les hommes de la ville, gens pervers, entourèrent la maison, frappèrent à la porte, et dirent au vieillard, maître de la maison :

"Fais sortir l'homme qui est entré chez toi, pour que nous le connaissions."

Le maître de la maison, se présentant à eux, leur dit :

"Non, mes frères, ne faites pas le mal, je vous prie ; puisque cet homme est entré dans ma maison, ne commettez pas cette infamie.

Voici, j'ai une fille vierge, et cet homme a une concubine. Je vous les amènerai dehors, vous les déshonorerez, et vous leur ferez ce qu'il vous plaira.

Mais ne commettez pas sur cet homme une action aussi infâme. » (Juges 19.22-24)

La suite de ce récit extrait du Livre des Juges nous fait chavirer dans l'horreur ... et nous en resterons là !

L'humanité a toujours su se distinguer par sa brutalité et ses perversions.

Ce qui règne au plus profond de l'âme humaine est souvent exécrable.

Loin de concevoir des plans vertueux, beaucoup sont fascinés par le mal ... jusqu'au jour où le jugement divin se manifeste, comme ce fut le cas pour Sodome.

Ecoutons ce que prophétisait Esaïe dans un texte qui peut aussi bien concerner Sodome que les perspectives à venir du jugement dernier :

« Maintenant je me lèverai, dit JHVH, maintenant je serai exalté, maintenant je serai élevé.

Vous avez conçu du foin, vous enfanterez de la paille. Votre souffle, c'est un feu qui vous dévorera.

Les peuples seront des fournaises, des épines arrachées qui brûlent au feu. » (Esaïe 33.10-12)

De tout temps, les chiens de paille ont conçu du foin ... ils ne peuvent qu'enfanter de la paille.

Une paille appelée à brûler, dévorée par son propre souffle, le souffle des désirs charnels incontrôlés.

Car lorsque le feu de JHVH est tombé sur Sodome et Gomorrhe, c'est toute la plaine qui fut dévastée.

Et lorsque Abraham, le lendemain matin, s'est rendu sur place ...

« une fumée montait de la terre comme la fumée d'une fournaise ... » (Genèse 19.28)

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Traduction interlinéaire
de la Genèse

Chapitre 19 ~ Versets 19.1 à 19.14

1. Deux des messagers arrivèrent à Sodome en soirée et Loth, assis à la porte de Sodome, les aperçut. Il se leva à leur rencontre et se prosterna, ses narines touchaient terre.

2. Il dit : « Attendez ! S'il vous plaît, mes seigneurs ! Dirigez-vous, je vous en prie, vers la maison de votre serviteur pour y loger ! Vous laver les pieds ! Vous vous lèverez tôt et reprendrez votre chemin ! » Ils répondirent : « Non, nous nous installerons sur la place. »

3. Il les pressa avec une telle insistance qu'ils s'en remirent à lui en venant dans sa maison. Il leur prépara un festin et fit cuire des pains sans levain et ils mangèrent.

4. Avant qu'ils ne soient couchés, les gens de la ville, les gens de Sodome, entourèrent la maison, du plus jeune à l'homme âgé, toute la population venant des quartiers les plus éloignés.

5. Ils appelèrent Loth et lui dirent : « Où sont les personnes qui sont venues chez toi cette nuit ? Montre-les nous que nous les connaissions ! »

6. Loth s'avança vers eux sur le pas de porte et ferma la porte derrière lui.

7. Il dit : « Je vous en prie mes frères. Vous allez commettre le mal !

8. Voici ! Je vous prie ! J'ai deux filles qui n'ont pas connu d'homme. Je vous en prie, je vous les amènerai et vous leur ferez ce qui est bon à vos yeux. Mais vous ne devez rien faire à ces personnes qui sont venues à l'abri sous mon toit. »

9. Ils répondirent : « Eloigne-toi ! » Et ajoutèrent : « Celui-là vient séjourner ici et il se permet de juger. Aussi, nous allons te faire plus de mal qu'à eux. » Ils poussèrent Loth avec insistance et s'avancèrent pour enfoncer la porte.

10. Les personnes étendirent leur main et attirèrent Loth vers elles, dans la maison, puis fermèrent la porte.

11. Elles frappèrent d'éblouissement les gens qui étaient à l'entrée de la maison, du plus petit au plus grand, et ils s'épuisèrent à trouver l'entrée.

12. Les personnes dirent à Loth : « Qui as-tu encore ici ? Gendre, fils et filles, et tout ce qui est à toi dans la ville : tu les conduits hors de ce lieu !

13. Car nous allons détruire ce lieu parce que le cri à son encontre est grand aux faces de JHVH et JHVH nous a envoyés pour le détruire. »

14. Loth sortit pour parler à ses gendres, ceux qui prisaient ses filles, il leur dit : « Levez-vous ! Partez de ce lieu, de cette ville que JHVH va détruire ! » Mais il passa pour un plaisantin aux yeux de ses gendres.