Livre de LA GENESE ... Etudes et commentaires de la Bible



L'hospitalité


« Je vais prendre un morceau de pain pour vous restaurer.

Ensuite, vous irez selon votre cœur

après être passés auprès de votre serviteur. »

(Genèse 18.5)

Hospitalité

« Trois personnes se tenaient devant lui !

En les voyant, il courut à leur rencontre depuis l'entrée de la tente et se prosterna à terre. » (Genèse 18.2)

Qui sont ces inconnus devant lesquels Abraham va se prosterner ?

Abraham avait-il pressenti une présence divine ... ou aurait-il accueilli de la même façon n'importe quel visiteur ?

Au chapitre suivant, nous voyons Loth agir de la même manière en accueillant deux inconnus (Genèse 19.2).

Qu'en était-il des lois de l'hospitalité au temps d'Abraham ... et d'une façon générale dans le monde Antique ?

La Bible en témoigne ... mais d'autres sources écrites attestent aussi à quel point l'hospitalité pouvait être un devoir fondamental et sacré dans un monde dépourvu de lois susceptibles de protéger l'individu.

Chez les Juifs, cette tradition se poursuivra après la destruction du Temple de Jérusalem (en l'an 70 après Jésus-Christ) lorsque les synagogues deviendront des lieux d'accueil.

Les synagogues étaient ainsi à la fois des lieux de prière, des centres d’étude, des lieux de sociabilité (partage des repas, cour de justice, salle de réunion et d’assemblée), mais aussi des centres d'accueil pour les Juifs de passage.

Dans la Grèce antique, l'étranger qui demandait asile devait être accueilli comme un envoyé des dieux, voire comme une divinité en personne.

Les poèmes homériques se réfèrent souvent à cette pratique de l'hospitalité.

On se devait de donner un repas à l'hôte, de le faire asseoir devant le foyer, de lui fournir un emplacement où dormir.

Le développement de relations internationales au temps des cités grecques a étendu la notion d'hospitalité aux étrangers d'outre-mer, commerçants, ambassadeurs et diplomates.

A Rome, l'hospitalité ne diffère guère de celle qui se pratiquait en Grèce.

Mais elle est devenue plus officielle et juridique.

En accueillant son hôte, le Romain lui remettait la moitié d'un objet et gardait l'autre moitié.

Ainsi était scellé par ce geste et ce symbole un pacte d'attachement entre deux personnes.

Sur ces objets, les noms des "alliés" pouvaient être mentionnés.

Cette pratique, une sorte de pacte d'alliance ou d'engagement entre des parties, rappelle celle qui consistait à jeter une pierre, ou tout autre objet qui se brise, et à en conserver chacun un morceau.

En grec, "jeter" ou "lancer" se dit "bállô", et en ajoutant la racine grecque "syn", qui signifie "ensemble", nous obtenons le symbole.

Le symbole trouve ainsi son sens d'origine au travers d'un acte qui mémorisait le fait d'avoir "jeté ensemble" afin d'établir un lien d'affinité.

L'histoire de l'hospitalité est ainsi parsemée de gestes et de moments mémorables dont la Bible s'est fait l'écho.

« N'oubliez pas l'hospitalité, car grâce à elle, certains ont accueilli des anges sans le savoir. » (Hébreux 13.2)

Quand il écrit cette phrase, l'auteur de l'épître aux Hébreux songeait-il à Abraham ou à Loth ?

Peut-être était-il aussi influencé par la coutume grecque qui considérait l'étranger de passage comme un envoyé potentiel des dieux ?

Quoi qu'il en soit, les croyances se rejoignent et font de l'étranger qui vous échoit une personne à part qu'il faut traiter avec des égards.

Dans le christianisme, l'hospitalité est une vertu qui se fonde ainsi sur plusieurs passages de l'Ancien comme du Nouveau Testament.

D'abord entre chrétiens ... « Prenez part aux besoins des saints, en exerçant l’hospitalité. » (Romains 12.13)

... et avec de la bonne volonté, sans le vivre comme une contrainte : « Pratiquez l'hospitalité les uns envers les autres sans murmurer. » (1 Pierre 4.9)

Le lavement des pieds des visiteurs faisait partie de la qualité de l'accueil dans le prolongement des coutumes anciennes.

Paul s'exprime ainsi à propos de personnes honorables :

« Elle doit être réputée pour ses belles œuvres, avoir élevé des enfants, exercé l'hospitalité, lavé les pieds des saints, assisté les malheureux, et s'être ainsi impliquée dans toute œuvre bonne. » (1 Timothée 5.10)

Mais celui qui est allé le plus loin dans la mise en valeur de l'hospitalité, c'est incontestablement Jésus, avec notamment sa parabole du Samaritain (Luc 10.25-37).

Nous y voyons un Samaritain secourir un Juif alors que ceux-ci se considéraient d'ordinaires comme des étrangers et ne se fréquentaient pas.

Et la récompense est grande pour celui qui a suivi un tel enseignement.

Car si certains ont cru accueillir des anges, selon Jésus c'est le Seigneur en personne que l'on accueille lorsque l'on reçoit un étranger :

« J’étais étranger et vous m’avez recueilli. » (Matthieu 25.35)

Et ce n'est pas Abraham qui aurait prétendu le contraire, lui qui a reçu JHVH en personne !

Qu'en est-il de nos jours, notamment dans les pays de culture chrétienne ?

Si, comme le dit un jour un premier ministre français "La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ...", il ne faut pas oublier la fin de la citation : "... mais elle doit en prendre sa part."

Il incombe en effet à chacun, dans les pays développés dont la croissance et la richesse sont bien souvent le fruit de l'exploitation des ressources de pays pauvres, de prendre sa part en exerçant l'hospitalité.

Et certaines Eglises, des communautés de croyants soucieuses de mettre la Parole de Dieu en application, se sont attachées à accueillir des étrangers, des migrants, comme Jésus le préconise.

Peut-être ont-elles ainsi accueilli des anges ... voire mieux !

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Traduction interlinéaire
de la Genèse

Chapitre 18 ~ Versets 18.2 à 18.15

2. Il levait les yeux quand il regarda, et voici : trois personnes se tenaient devant lui ! En les voyant, il courut à leur rencontre depuis l'entrée de la tente et se prosterna à terre.

3. Alors il dit : « Adonaï, je t'en prie ! Si je trouve grâce à tes yeux, je t'en prie, ne passe pas loin de ton serviteur.

4. Je vous en prie ! Prenez un peu d'eau pour laver vos pieds ! Et détendez-vous sous l'arbre !

5. Je vais prendre un morceau de pain pour vous restaurer. Ensuite, vous irez selon votre cœur après être passés auprès de votre serviteur. » Ils répondirent : « Fais donc comme tu l'as dit. »

6. Abraham se hâta de retourner à la tente et dit à Sarah : « Hâte-toi de pétrir trois mesures de fine farine ! Et fais cuire des gâteaux ! »

7. Puis Abraham courut au troupeau et prit un jeune du troupeau, tendre et bon. Il le donna à un garçon qui se hâta de lui préparer.

8. Il prit de la crème caillée et du lait avec le jeune du troupeau qu'il avait préparé et les plaça devant leurs faces. Il se tint debout à leurs côtés, sous l'arbre, et ils mangèrent.

9. Ils lui dirent : « Où est Sarah, ta femme ? » Il répondit : « La voici, dans la tente. »

10. L'un dit : « Au retour, je reviendrai vers toi, à la saison vivante et voici : Sarah, ta femme aura un fils ! » Sarah écoutait, à l'entrée de la tente qui était derrière lui.

11. Abraham et Sarah étaient vieux, avancés en âge, ce qui se passe chez les femmes avait arrêté de se produire pour Sarah.

12. Sarah rit intérieurement et se disait : « Après l'avoir perdu, le plaisir me reviendrai ? Mon seigneur est si vieux. »

13. Aussi dit-il, JHVH, à Abraham : « Pourquoi Sarah a-t-elle ri en se disant : "Quoi ! Vraiment j'aurai un enfant, moi, si vieille ?"

14. Qu'y aurait-il d'extraordinaire pour JHVH ? En temps voulu, je reviendrai vers toi, à la saison vivante, et Sarah aura un fils. »

15. Sarah se dissimula en disant : « Je n'ai pas ri. » Elle avait peur. Il répondit : « Non, tu as bien ri. »