Au terme des combats qui ont opposé Abram à ses adversaires, qui avaient capturé Loth et les siens, surgit un personnage qui n'a rien à voir avec ce conflit.
Melchisédek est à la foi un roi et un prêtre du Dieu suprême.
Cette formule est plusieurs fois répétée afin de bien distinguer ce Dieu suprême des divinités païennes que la plupart des peuples de cette époque honoraient.
Abram et Melchisédek ont en commun d'honorer un Dieu unique au-dessus de toutes autres créatures.
Mais seul Abram précise son nom : JHVH.
« Je lève la main vers JHVH, Dieu suprême, maître des cieux et de la terre. » (Genèse 14.22)
Pour sa part, Melchisédek bénit à la fois Abram et le Dieu suprême qui a donné la victoire à Abram.
Puis Melchisédek disparaît ... tout comme il était apparu.
Il disparaît de la Genèse pour faire une courte apparition dans le livre des Psaumes dans des termes surprenants, lorsque JHVH dit à son interlocuteur :
« Tu es prêtre pour toujours, à la manière de Melchisédek. » (Psaume 110.4)
Est-ce à un homme que JHVH s'adresse ?
Comment un humain pourrait-il être prêtre pour toujours ... pour l'éternité ?
Certes, la croyance en la vie éternelle après la résurrection permet de valider cette hypothèse ... mais pourquoi à la manière de Melchisédek ?
Ce Psaume 110 est cité plusieurs fois dans le Nouveau Testament, du fait de son premier verset énigmatique :
« Proclamation de JHVH à l'intention de mon Adonaï :
Siège à ma droite jusqu’à ce que j'ai fait de tes ennemis un escabeau pour tes pieds. »
En hébreu, JHVH comme Adonaï sont deux termes permettant de désigner le Seigneur.
Dieu parle ... à Dieu !
Aussi, le fait que le Seigneur se parle à Lui-même dans ce verset a été interprêté par Jésus et les apôtres comme un dialogue entre le Père et le Fils de Dieu.
Et c'est Lui, le Fils de Dieu, qui s'entend dire par JHVH :
« Tu es prêtre pour toujours, à la manière de Melchisédek. »
C'est ce qui va permettre ultérieurement à l'auteur de l'Epître aux Hébreux d'écrire à propos de Melchisédek :
« Sans père, sans mère, sans généalogie, ni commencement pour ses jours, ni fin pour sa vie, il est assimilé au Fils de Dieu et demeure prêtre à perpétuité. » (Hébreux 7.3)
Melchisédek est bien une préfiguration de Jésus.
Après les Psaumes, Melchisédek disparaît de l'Ancien Testament pour ressurgir dans l'Epître aux Hébreux.
Mais le Psaume 110 permet de considérer que Melchisédek était déjà une référence spirituelle dans le Judaïsme, un personnage investi de qualités surprenantes qui annonçait l'incarnation du Christ.
« En effet, ce Melchisédek, roi de Salem, prêtre du Dieu Très-Haut, est allé au-devant d’Abraham lorsqu’il revenait du combat contre les rois, et il le bénit.
Abraham lui remit la dîme de tout.
D’abord, son nom se traduit "roi de justice", et il est ensuite "roi de Salem", c’est-à-dire roi de paix. »
(Hébreux 7.1-2)
Roi de justice et de paix ... qui, sinon notre Roi, Jésus Christ, pouvait mériter une telle distinction ?