Pour la première fois, la Bible mentionne l'association du pain et du vin.
Offir du pain et du vin à des combattants au retour de la guerre est une pratique qui a traversé les âges.
Mais au-delà de ce rituel, il serait bien surprenant que des chrétiens ne s'attardent pas sur le sens symbolique de cette offrande de Melchisédek.
L'auteur de l'Epître aux Hébreux s'est intéressé, dans les chapitres 5 à 7, au personnage de Melchisédek sans toutefois relever le fait que celui-ci offre du pain et du vin à Abram.
Qui était Melchisédek ?
L'Epître aux Hébreux nous dit ceci :
« Sans père, sans mère, sans généalogie, ni commencement pour ses jours, ni fin pour sa vie, il est assimilé au Fils de Dieu et demeure prêtre à perpétuité. » (Hébreux 7.3)
Il s'agit donc d'une préfiguration de Jésus ... deux mille ans avant que le Fils de Dieu ne vienne sur terre.
« Comme ils mangeaient, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit et, l'ayant donné aux disciples, Il dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps.
Puis, ayant pris une coupe et rendu grâce, Il leur donna en disant : Buvez-en tous !
Car ceci est mon sang, celui de l'alliance, répandu pour une multitude en vue du pardon des péchés. »
(Matthieu 26.26-28)
Le repas de la Cène est plusieurs fois rappelé dans le Nouveau Testament.
Mais bien avant, il est annoncé en Genèse 14.18.
Car Melchisédek, venu de nulle part, offre le pain de vie et le sang de l'alliance à Abram.
Certes, ce n'est pas clairement formulé.
Mais c'est implicite dès lors que nous admettons, comme l'auteur de l'Epître aux Hébreux, que Melchisédek est une préfiguration du Christ.
Ainsi s'est déroulée, en présence d'Abram, une "Cène", terme issu du latin "cena", qui correspond au "repas du soir".
Abram fut-il conscient de l'importance du personnage qui se présentait devant lui ?
Oui, très probablement, car en retour de ce don que lui fit Melchisédek :
« Il lui donna la dîme de tout. » (Genèse 14.20)
Abram donne à Melchisédek le dixième de ce qu'il avait pu récupérer sur ses adversaires vaincus.
Pourquoi aurait-il ainsi donné la dîme à un inconnu ?
De toute évidence, Abram a compris l'importance du geste de Melchisédek.
Ou tout du moins, il a pressenti ce que cela pouvait représenter.
Le pain de Melchisédek annonçait le corps du Christ comme le vin symbolisait l'alliance par le sang du Christ.
Et en reconnaissance de ce sacrifice, la dîme va de droit à celui qui a offert le pain et le vin.
C'est au nom du sang de cette alliance qu'Abram donne à Melchisédek le dixième de ses biens.
Cet épisode de la Genèse est particulièrement enrichissant.
Il illustre bien le fait que l'Ancien Testament (Ancienne Alliance) porte en germe les enseignements du Nouveau Testament (Nouvelle Alliance) qui seraient ultérieurement révélés par Jésus et les apôtres.
Mais en attendant la venue de Jésus tel que nous le connaissons, il fut offert aux Hébreux de connaître une première ébauche du Messie au travers de la personne de Melchisédek.