Arrivé en terre de Canaan , Abram s'avance dans le pays jusqu'à Sichem.
Sichem, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Jérusalem et à deux kilomètres de l'actuelle ville de Naplouse, est plusieurs fois évoquée dans la Bible.
Elle deviendra la capitale du royaume d'Israël après sa séparation du royaume de Juda.
Par contre le lieu-dit Moreh avec son chêne est peu mentionné.
Certaines traductions parlent de "chênes" au pluriel, d'une plaine ou d'une colline.
Qu'avait-il donc de particulier ce lieu où Abram s'est arrêté ?
C'est à cet endroit que JHVH apparaît pour lui dire :
« Je donnerai cette terre à ta semence. » (Genèse 12.7)
Le terme de semence se comprend d'abord comme une progéniture nombreuse, mais aussi par tout ce que pourra semer Abram d'un point de vue matériel (plantations de végétaux) ... ou spirituel : par la foi !
Songeons à la parabole du Semeur enseignée par Jésus ...
« Celui qui est ensemencé dans la bonne terre écoute et comprend la parole. » (Matthieu 13.23)
Quel rapport avec le lieu-dit Moreh ?
Ce mot, en hébreu, peut prendre plusieurs significations :
- il peut désigner la pluie d'automne qui permet les semailles,
- il peut désigner l'archer,
- ou encore l'enseignant.
Ainsi, par son nom, ce lieu est propice à l'épandage de la semence ... et de l'enseignement.
Et pas n'importe quel enseignement !
Méditons ce texte extrait d'un ouvrage de Gérard Blais intitulé "Les Psaumes de Compostelle" ...
« Le mot hébreu pour dire "instruction", c'est Torah. Un mot que l'on rend habituellement en français par "Loi".
La loi divine, les commandements de Dieu sont des instructions. Si l'on creuse encore davantage l'étymologie de "Torah", on y trouve la racine "iarah" qui signifie "viser juste".
C'est le verbe pour décrire le geste de l'archer qui ajuste son tir pour viser la cible.
De la même racine vient le mot "professeur" (morêh), celui qui apprend à ses élèves à viser juste dans la vie.
Vue sous cet angle, la Torah est une leçon de tir à l'arc. »
Sous le chêne de Moreh, Abram s'est arrêté.
Il a reçu de l'enseignant divin cette instruction, ce passage de la Torah :
« Je donnerai cette terre à ta semence. »
Saraï, son épouse, était stérile et ils n'avaient pas d'enfant. (Genèse 11.30)
Et pourtant JHVH lui annonçait une semence et une grande nation (Genèse 12.2).
« Celui qui est ensemencé dans la bonne terre écoute et comprend la parole. »
Alors Abram s'est levé pour bâtir en ce lieu un autel en l'honneur de JHVH qui lui était apparu.