Traduction Louis Segond 1910
1 Fuyez, enfants de Benjamin, du milieu de Jérusalem, Sonnez de la rompette à Tekoa, Elevez un signal à Beth-Hakkérem ! Car on voit venir du septentrion le malheur Et un grand désastre.
2 La belle et la délicate, Je la détruis, la fille de Sion !
3 Vers elle marchent des bergers avec leurs troupeaux ; Ils dressent des tentes autour d’elle, Ils broutent chacun sa part.
4 Préparez-vous à l’attaquer ! Allons ! montons en plein midi !… Malheureusement pour nous, le jour baisse, Les ombres du soir s’allongent.
5 Allons ! montons de nuit ! Détruisons ses palais ! -
6 Car ainsi parle l’Eternel des armées : Abattez les arbres, Elevez des terrasses contre Jérusalem ! C’est la ville qui doit être châtiée ; Il n’y a qu’oppression au milieu d’elle.
7 Comme un puits fait jaillir ses eaux, Ainsi elle fait jaillir sa méchanceté ; Il n’est bruit en son sein que de violence et de ruine ; Sans cesse à mes regards s’offrent la douleur et les plaies.
8 Reçois instruction, Jérusalem, De peur que je ne m’éloigne de toi, Que je ne fasse de toi un désert, Un pays inhabité !
9 Ainsi parle l’Eternel des armées : On grappillera comme une vigne les restes d’Israël. Portes-y de nouveau la main, Comme le vendangeur sur les ceps.
10 A qui m’adresser, et qui prendre à témoin pour qu’on écoute ? Voici, leur oreille est incirconcise, Et ils sont incapables d’être attentifs ; Voici, la parole de l’Eternel est pour eux un opprobre, Ils n’y trouvent aucun plaisir.
11 Je suis plein de la fureur de l’Eternel, je ne puis la contenir. Répands-la sur l’enfant dans la rue, Et sur les assemblées des jeunes gens. Car l’homme et la femme seront pris, Le vieillard et celui qui est chargé de jours.
12 Leurs maisons passeront à d’autres, Les champs et les femmes aussi, Quand j’étendrai ma main sur les habitants du pays, Dit l’Eternel.
13 Car depuis le plus petit jusqu’au plus grand, Tous sont avides de gain ; Depuis le prophète jusqu’au sacrificateur, Tous usent de tromperie.
14 Ils pansent à la légère la plaie de la fille de mon peuple : Paix ! paix ! disent-ils ; Et il n’y a point de paix ;
15 Ils seront confus, car ils commettent des abominations ; Ils ne rougissent pas, ils ne connaissent pas la honte ; C’est pourquoi ils tomberont avec ceux qui tombent, Ils seront renversés quand je les châtierai, Dit l’Eternel.
16 Ainsi parle l’Eternel : Placez-vous sur les chemins, regardez, Et demandez quels sont les anciens sentiers, Quelle est la bonne voie ; marchez-y, Et vous trouverez le repos de vos âmes ! Mais ils répondent : Nous n’y marcherons pas.
17 J’ai mis près de vous des sentinelles : Soyez attentifs au son de la trompette ! Mais ils répondent : Nous n’y serons pas attentifs.
18 C’est pourquoi écoutez, nations ! Sachez ce qui leur arrivera, assemblée des peuples !
19 Ecoute, terre ! Voici, je fais venir sur ce peuple le malheur, Fruit de ses pensées ; Car ils n’ont point été attentifs à mes paroles, Ils ont méprisé ma loi.
20 Qu’ai-je besoin de l’encens qui vient de Séba, Du roseau aromatique d’un pays lointain ? Vos holocaustes ne me plaisent point, Et vos sacrifices ne me sont point agréables.
21 C’est pourquoi ainsi parle l’Eternel : Voici, je mettrai devant ce peuple des pierres d’achoppement, Contre lesquelles se heurteront ensemble pères et fils, Voisins et amis, et ils périront.
22 Ainsi parle l’Eternel : Voici, un peuple vient du pays du septentrion, Une grande nation se lève des extrémités de la terre.
23 Ils portent l’arc et le javelot ; Ils sont cruels, sans miséricorde ; Leur voix mugit comme la mer ; Ils sont montés sur des chevaux, Prêts à combattre comme un seul homme, Contre toi, fille de Sion !
24 Au bruit de leur approche, Nos mains s’affaiblissent, L’angoisse nous saisit, Comme la douleur d’une femme qui accouche.
25 Ne sortez pas dans les champs, N’allez pas sur les chemins ; Car là est le glaive de l’ennemi, Et l’épouvante règne à l’entour !
26 Fille de mon peuple, couvre-toi d’un sac et roule-toi dans la cendre, Prends le deuil comme pour un fils unique, Verse des larmes, des larmes amères ! Car le dévastateur vient sur nous à l’improviste.
27 Je t’avais établi en observation parmi mon peuple, Comme une forteresse, Pour que tu connusses et sondasses leur voie.
28 Ils sont tous des rebelles, des calomniateurs, De l’airain et du fer ; Ils sont tous corrompus.
29 Le soufflet est brûlant, Le plomb est consumé par le feu ; C’est en vain qu’on épure, Les scories ne se détachent pas.
30 On les appelle de l’argent méprisable, Car l’Eternel les a rejetés.
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Traduction œcuménique de la Bible
1. Quittez Jérusalem, Benjaminites, pour chercher ailleurs un refuge. Sonnez du cor à Teqoa ; sur Beth-Kèrem, élevez un signal : des hauteurs du nord, un malheur vous guette, un grand désastre.
2. Toi, la belle Sion, la charmante, la coquette, tu es réduite au silence.
3. C'est vers elle que viennent des bergers avec leurs troupeaux. Contre elle, tout autour, ils plantent leurs tentes ; chacun broute sa parcelle.
4. Proclamez contre elle la guerre de Dieu ! Debout ! montez à l'assaut en plein midi ! Pauvres de nous ! Le jour décline, les ombres du soir s'allongent.
5. Debout ! montons à l'assaut en pleine nuit, détruisons leurs belles maisons !
6. Ainsi parle le SEIGNEUR de l'univers : Coupez les arbres, construisez une chaussée vers Jérusalem : c'est la ville qui est livrée ; on n'y trouve partout que brutalité.
7. Comme la citerne conserve ses eaux, ainsi conserve-t-elle sa méchanceté. Chez elle il n'est question que de violence et de ravage, constamment souffrances et sévices attristent mes regards.
8. Accepte la leçon, Jérusalem ! Sinon, je me désolidarise d'avec toi, et je te transforme en désolation, en une terre inhabitée.
9. Ainsi parle le SEIGNEUR de l'univers : Qu'on grappille soigneusement, telle une vigne, le reste d'Israël ! Que ta main, comme celle du vendangeur, revienne sur les sarments !
10. Qui écoutera mes paroles, mes attestations ? Hélas ! leur oreille est incirconcise ; ils ne peuvent pas être réceptifs. Ils considèrent la parole du SEIGNEUR comme une insulte, ils n'en veulent pas.
11. « Je suis rempli de la fureur du SEIGNEUR, je n'en peux plus de la retenir. » Répands-la sur les enfants dans la rue et sur tout le groupe des jeunes. Hommes et femmes sont pris, l'ancien et celui qui est comblé de jours.
12. Leurs maisons passent à d'autres avec leurs champs et leurs femmes. J'étends la main sur les habitants du pays – oracle du SEIGNEUR.
13. Tous, petits et grands, sont âpres au gain. Tous, prophètes et prêtres, ont une conduite fausse.
14. Ils ont bien vite fait de remédier au désastre de mon peuple, en disant : « Tout va bien ! tout va bien ! » Et rien ne va.
15. Ils sont confondus parce qu'ils commettent des horreurs, mais ils ne veulent pas en rougir ; ils n'ont pas conscience de leur déshonneur. Eh bien ! ils s'écrouleront comme tous les autres, ils trébucheront quand je sévirai contre eux, dit le SEIGNEUR.
16. Ainsi parle le SEIGNEUR : Arrêtez-vous sur les routes pour faire le point, renseignez-vous sur les sentiers traditionnels. Où est la route du bonheur ? Alors suivez-la et vous trouverez où vous refaire. Mais ils disent : « Nous ne la suivrons pas ! »
17. J'ai posté des sentinelles pour veiller sur vous. Attention à l'alerte du cor ! Mais ils disent : « Nous ne voulons pas faire attention. »
18. Eh bien, nations, écoutez ! Et toi, l'assemblée, sache ce qui est en elles !
19. Terre, écoute : Moi, je vais faire venir sur ce peuple le malheur, fruit de ses machinations. Ils ne font pas attention à mes paroles, et mes directives, ils les méprisent.
20. Qu'ai-je à faire de l'encens importé de Saba, du roseau aromatique d'un pays lointain ? Vos holocaustes, je n'en veux pas ; vos sacrifices ne me sont pas agréables.
21. Eh bien ! ainsi parle le SEIGNEUR : Je place devant ce peuple des obstacles sur lesquels ils trébucheront : père et fils à la fois, voisins et compagnons périront.
22. Ainsi parle le SEIGNEUR : Un peuple vient du pays du nord, une grande nation se met en branle au bout du monde.
23. Ils empoignent arc et javelot, ils sont cruels et sans pitié, le bruit qu'ils font est comme le mugissement de la mer, ils montent des chevaux ; ils sont rangés comme des troupes pour le combat contre toi, la belle Sion.
24. Nous apprenons la nouvelle : nous sommes démoralisés, l'angoisse nous étreint, une douleur comme celle d'une femme en travail.
25. Ne sors pas dans la campagne, ne va pas sur la route, car l'épée de l'ennemi, c'est partout l'épouvante.
26. Toi, mon peuple, revêts le sac, roule-toi dans la poussière ! Comme pour un fils unique, fais tous les rites du deuil, une amère lamentation ! Car soudain vient sur nous le dévastateur.
27. Chez mon peuple, je te nomme essayeur de métaux, tu apprécieras et examineras leur conduite.
28. Ils sont tous des rebelles invétérés, calomniateurs, bronze et fer ; ce sont tous des destructeurs.
29. Le soufflet ronfle, le feu fait disparaître le plomb. Mais c'est en vain que le fondeur fond : les mauvais éléments ne se détachent pas.
30. On les appelle « argent méprisable », car le SEIGNEUR les méprise.
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Commentaires du chapitre 6
6.1 à 6.6 : Attaque contre Jérusalem
Lors de la conquête de Canaan, le partage du territoire a donné à la tribu de Benjamin un espace situé au nord et attenant à Jérusalem.
Il est donc logique que Jérémie s'adresse d'abord aux descendants de Benjamin car ce sont eux qui sont les premiers exposés en cas d'offensive vers Jérusalem en provenance du nord (verset 1).
Dans cette approche de Jérusalem, nous voyons surtout des préparatifs.
Progressivement, des bergers s'installent avec leurs troupeaux, le ravitaillement est en place (verset 3).
De jour (verset 4) comme de nuit (verset 5) l'attaque se prépare.
Les assaillants aménagent le terrain en construisant une route (verset 6).
6.7 à 6.8 : Appel à la résignation
Faut-il résister ?
Ce qui se profile contre Jérusalem vient sanctionner sa perversion.
Le Seigneur préconise de se résigner en reconnaissant ses fautes :
« Accepte la leçon, Jérusalem ! » (verset 8)
6.9 à 6.15 : La sanction
Le verset 10 nous rappelle à quel point le Seigneur fut ignoré.
Faute d'avoir été entendu, la sanction arrive.
Le prophète s'indigne, pleinement solidaire du juge supprême :
« Je suis rempli de la fureur du SEIGNEUR, je n'en peux plus de la retenir. » (verset 11)
Tout le pays va en subir les conséquences (verset 12) car ils sont tous corrompus (verset 13).
Certains se voilent les yeux, nient l'évidence (verset 14), car c'est le meilleur moyen de ne pas se repentir tout en poursuivant dans les mêmes voies (verset 15).
6.16 à 6.20 : Les sentinelles
Le peuple de Dieu a refusé d'écouter les voies de ceux qui les invitaient à ne pas s'écarter du droit chemin.
Il s'agit de sentinelles, essentiellement des prophètes, dont la fonction est détaillée par ailleurs comme suit :
« Fils de l'homme, je t'établis comme sentinelle sur la maison d'Israël. Tu écouteras la parole qui sortira de ma bouche, et tu les avertiras de ma part.
Quand je dirai au méchant : Tu mourras! si tu ne l'avertis pas, si tu ne parles pas pour détourner le méchant de sa mauvaise voie et pour lui sauver la vie, ce méchant mourra dans son iniquité, et je te redemanderai son sang.
Mais si tu avertis le méchant, et qu'il ne se détourne pas de sa méchanceté et de sa mauvaise voie, il mourra dans son iniquité, et toi, tu sauveras ton âme.
Si un juste se détourne de sa justice et fait ce qui est mal, je mettrai un piège devant lui, et il mourra ; parce que tu ne l'as pas averti, il mourra dans son péché, on ne parlera plus de la justice qu'il a pratiquée, et je te redemanderai son sang.
Mais si tu avertis le juste de ne pas pécher, et qu'il ne pèche pas, il vivra, parce qu'il s'est laissé avertir, et toi, tu sauveras ton âme. » (Ezéchiel 3.17-21)
6.21 à 6.26 : Face au dévastateur
Les premiers versets de ce chapitre faisaient état de préparatifs avant l'assaut contre Jérusalem.
Maintenant nous voyons poindre des armes et des troupes (verset 23).
Le dévastateur est en marche, inutile de résister, il vaut mieux se cacher et s'humilier suivant la tradition (verset 26).
6.27 à 6.30 : Le mépris du Seigneur
Les quatre derniers versets nous proposent une métaphore.
Le peuple de Dieu est comparé à un minerai que l'on ne parvient pas à épurer pour obtenir un métal affiné.
En l'absence de résultat dans cette tentative de purification, le Seigneur affiche son mépris envers ce peuple qui refuse de se convertir.
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