Traduction Louis Segond 1910
1 La parole qui fut adressée à Jérémie par l’Eternel, à l’occasion de la sécheresse.
2 Juda est dans le deuil, Ses villes sont désolées, tristes, abattues, Et les cris de Jérusalem s’élèvent.
3 Les grands envoient les petits chercher de l’eau, Et les petits vont aux citernes, ne trouvent point d’eau, Et retournent avec leurs vases vides ; Confus et honteux, ils se couvrent la tête.
4 La terre est saisie d’épouvante, Parce qu’il ne tombe point de pluie dans le pays, Et les laboureurs confus se couvrent la tête.
5 Même la biche dans la campagne Met bas et abandonne sa portée, Parce qu’il n’y a point de verdure.
6 Les ânes sauvages se tiennent sur les lieux élevés, Aspirant l’air comme des serpents ; Leurs yeux languissent, parce qu’il n’y a point d’herbe.
7 Si nos iniquités témoignent contre nous, Agis à cause de ton nom, ô Eternel ! Car nos infidélités sont nombreuses, Nous avons péché contre toi.
8 Toi qui es l’espérance d’Israël, Son sauveur au temps de la détresse, Pourquoi serais-tu comme un étranger dans le pays, Comme un voyageur qui y entre pour passer la nuit ?
9 Pourquoi serais-tu comme un homme stupéfait, Comme un héros incapable de nous secourir ? Tu es pourtant au milieu de nous, ô Eternel, Et ton nom est invoqué sur nous : Ne nous abandonne pas !
10 Voici ce que l’Eternel dit de ce peuple : Ils aiment à courir çà et là, Ils ne savent retenir leurs pieds ; L’Eternel n’a point d’attachement pour eux, Il se souvient maintenant de leurs crimes, Et il châtie leurs péchés.
11 Et l’Eternel me dit : N’intercède pas en faveur de ce peuple.
12 S’ils jeûnent, je n’écouterai pas leurs supplications ; S’ils offrent des holocaustes et des offrandes, je ne les agréerai pas ; Car je veux les détruire par l’épée, par la famine et par la peste.
13 Je répondis : Ah ! Seigneur Eternel ! Voici, les prophètes leur disent : Vous ne verrez point d’épée, Vous n’aurez point de famine ; Mais je vous donnerai dans ce lieu une paix assurée.
14 Et l’Eternel me dit : C’est le mensonge que prophétisent en mon nom les prophètes ; Je ne les ai point envoyés, je ne leur ai point donné d’ordre, Je ne leur ai point parlé ; Ce sont des visions mensongères, de vaines prédictions, Des tromperies de leur coeur, qu’ils vous prophétisent.
15 C’est pourquoi ainsi parle l’Eternel Sur les prophètes qui prophétisent en mon nom, Sans que je les aie envoyés, Et qui disent : Il n’y aura dans ce pays ni épée ni famine : Ces prophètes périront par l’épée et par la famine.
16 Et ceux à qui ils prophétisent Seront étendus dans les rues de Jérusalem, Par la famine et par l’épée ; Il n’y aura personne pour leur donner la sépulture, Ni à eux, ni à leurs femmes, ni à leurs fils, ni à leurs filles ; Je répandrai sur eux leur méchanceté.
17 Dis-leur cette parole : Les larmes coulent de mes yeux nuit et jour, Et elles ne s’arrêtent pas ; Car la vierge, fille de mon peuple, a été frappée d’un grand coup, D’une plaie très douloureuse.
18 Si je vais dans les champs, voici des hommes que le glaive a percés ; Si j’entre dans la ville, voici des êtres que consume la faim ; Le prophète même et le sacrificateur parcourent le pays, Sans savoir où ils vont.
19 As-tu donc rejeté Juda, Et ton âme a-t-elle pris Sion en horreur ? Pourquoi nous frappes-tu Sans qu’il y ait pour nous de guérison ? Nous espérions la paix, et il n’arrive rien d’heureux, Un temps de guérison, et voici la terreur !
20 Eternel, nous reconnaissons notre méchanceté, l’iniquité de nos pères ; Car nous avons péché contre toi.
21 A cause de ton nom, ne méprise pas, Ne déshonore pas le trône de ta gloire ! N’oublie pas, ne romps pas ton alliance avec nous !
22 Parmi les idoles des nations, en est-il qui fassent pleuvoir ? Ou est-ce le ciel qui donne la pluie ? N’est-ce pas toi, Eternel, notre Dieu ? Nous espérons en toi, Car c’est toi qui as fait toutes ces choses.
|
Traduction œcuménique de la Bible
1. Où la parole du Seigneur s'adresse à Jérémie au sujet de la sécheresse.
2. Juda est en deuil, ses bourgs dépérissent, ils sont lugubres, atterrés, et elle s'élève, la clameur de Jérusalem.
3. Les notables envoient le petit peuple à la corvée d'eau : arrivé aux mares, on ne trouve plus d'eau ; on s'en retourne, les récipients vides, embarrassé, penaud, décontenancé.
4. A cause du sol craquelé faute de pluie, les paysans sont embarrassés, décontenancés ;
5. et, dans la nature, la biche met bas et s'en va, car il n'y a plus de verdure.
6. Les onagres s'arrêtent sur les crêtes, ils flairent le vent comme des chacals, leurs yeux se fatiguent en quête d'une herbe qui n'est plus.
7. Si nos péchés témoignent contre nous, agis, SEIGNEUR, pour l'honneur de ton nom ! Oui, nous ne cessons de te renier, envers toi, nous sommes fautifs.
8. Espoir d'Israël, toi qui sauves au temps de l'angoisse, pourquoi te comporter comme un étranger au pays, comme un voyageur qui fait un crochet pour y passer la nuit ?
9. Pourquoi te comporter comme un homme ébranlé, comme un héros qui ne peut plus sauver ? Pourtant, SEIGNEUR, tu es au milieu de nous, ton nom a été proclamé sur nous : ne nous lâche pas !
10. Ainsi parle le SEIGNEUR à ce peuple : « Oui, ils aiment vagabonder, ils ne contrôlent pas leurs démarches. » Parce qu'ils ne plaisent pas au SEIGNEUR, maintenant il rappelle leur perversion, il punit leurs fautes.
11. Le SEIGNEUR me dit : « N'intercède pas en faveur de ce peuple, ne souhaite pas son bonheur !
12. S'ils jeûnent, je n'écoute pas leur plainte. S'ils me présentent holocaustes et offrandes, cela ne me plaît pas. C'est par l'épée, la famine et la peste que je vais les exterminer. »
13. Je dis : « Ah ! Seigneur DIEU, mais les prophètes leur disent : Vous ne verrez pas l'épée, et la famine ne vous surprendra pas ; je vous donnerai en ce lieu une prospérité assurée. »
14. Le SEIGNEUR me répondit : « C'est faux ce que les prophètes prophétisent en mon nom ; je ne les ai pas envoyés, je ne leur ai rien demandé, je ne leur ai pas parlé. Fausses visions, vaticinations, mirages, trouvailles fantaisistes, tel est leur message prophétique ! »
15. C'est pourquoi, ainsi parle le SEIGNEUR : « Pour ce qui est des prophètes qui prophétisent en mon nom alors que je ne les ai pas envoyés : bien qu'ils prétendent que l'épée et la famine ne surprendront pas ce pays, c'est en fait par l'épée et la famine que ces prophètes disparaîtront.
16. Et les gens à qui ils prophétisent joncheront les ruelles de Jérusalem à cause de la famine et de l'épée : ils n'auront personne pour les ensevelir, eux, leurs femmes, leurs fils, leurs filles. Ainsi je reverserai sur eux leur méchanceté. »
17. Tu leur diras cette parole : Mes yeux fondent en larmes, nuit et jour, sans trêve : un grand désastre a brisé la vierge, mon peuple, un coup meurtrier.
18. Si je vais aux champs, voilà les victimes de l'épée ; si je rentre dans la ville, voilà ceux que torture la faim. Prophètes et prêtres parcourent le pays sans plus rien comprendre.
19. As-tu réprouvé Juda, es-tu dégoûté de Sion ? Pourquoi nous frapper d'un mal incurable ? Nous attendions la santé, mais rien de bon, le moment où nous serions guéris, mais c'est la peur qui vient !
20. SEIGNEUR, nous sommes conscients de nos crimes et de la perversion de nos pères : oui, nous sommes fautifs envers toi.
21. Pour l'honneur de ton nom, ne sois pas méprisant, n'avilis pas le trône de ta gloire ! Evoque ton alliance avec nous, ne la renie pas !
22. Parmi les absurdités des nations, y en a-t-il qui fassent pleuvoir ? Serait-ce le ciel qui donne les averses ? N'est-ce pas toi qui es le SEIGNEUR notre Dieu ? Nous t'attendons, car c'est toi qui fais tout cela.
|
Commentaires du chapitre 14
14.1 à 14.9 : La sécheresse et la famine
Une sécheresse prolongée a pour effet d'appauvrir les sols et d'affamer le bétail.
Les humains sont à leur tour des victimes de la famine.
Nous ignorons quand a lieu la sécheresse évoquée par Jérémie mais la Bible mentionne des précédents.
Nous pouvons lire en Genèse 12.10 :
« La famine survint sur terre et Abram descendit en Egypte pour y séjourner car la famine pesait sur terre. »
L'Egypte est-elle à l'abri de toutes famines ?
Non, et la fonction prophétique de Joseph lui permit d'interpréter le rêve du pharaon :
« Comme je le disais à Pharaon : ce que Elohim va faire, il le montre à Pharaon.
Voici ! Sept années d'une grande abondance s'annoncent pour toute la terre d’Égypte.
Puis sept années de famine se lèveront après elles et l'on oubliera toute abondance sur la terre d’Égypte. La famine consumera le pays. » (Genèse 41.28-30)
Joseph est un visionnaire, et le pharaon va le nommer gouverneur d'Egypte.
Dieu était aux commandes, car la promotion de Joseph qui saura gérer la famine, permettra l'installation de Jacob avec toute sa famille en Egypte.
Les siècles se sont écoulés...
Tout comme au temps de Joseph, les Israélites comme la plupart des peuples considèrent que les aléas climatiques résultent de la volonté céleste.
Mais dans le cas d'Israël, à l'époque de Jérémie, cette sécheresse et la famine qui s'en suit viennent sanctionner les multiples péchés.
14.10 à 14.16 : Les fausses prophéties
Jérémie veut intercéder, le Seigneur ne veut pas l'écouter (verset 11).
Jérémie s'efforce alors d'excuser le peuple en imputant la responsabilité aux fausses prophéties (verset 13).
Les faux prophètes, en niant les désastres qui vont toucher le pays, refusent ainsi de se remettre en cause et d'appeler au repentir.
Le Seigneur les rejette (verset 14) et ce qu'ils refusent d'annoncer, l'épée comme la famine, leur retombera dessus (verset 15).
Ceux qui les ont écouté subiront le même sort (verset 16).
Le Seigneur a choisi une solution extrême.
14.17 à 14.22 : Une seule solution
Ce n'est pas de gaieté de cœur que le Seigneur en arrive à cette extrémité.
Les versets 17 et 18 attestent de Son affliction en voyant Son peuple exposé à de tels tourments.
Le prophète aussi est affligé et relance l'intercession au verset 19.
« As-tu réprouvé Juda, es-tu dégoûté de Sion ? »
Reconnaître ses fautes est la seule solution (verset 20).
C'est ce que fait Jérémie, mais qui va le suivre ?
Outre le repentir, le prophète doit aussi rappeler que le seul Dieu, l'Unique, capable de mettre un terme à la sécheresse est le Seigneur d'Israël.
Car Celui qui a tout fait peut aussi tout défaire.
|