Traduction Louis Segond 1910
1 Tu es trop juste, Eternel, pour que je conteste avec toi ; Je veux néanmoins t’adresser la parole sur tes jugements : Pourquoi la voie des méchants est-elle prospère ? Pourquoi tous les perfides vivent-ils en paix ?
2 Tu les as plantés, ils ont pris racine, Ils croissent, ils portent du fruit ; Tu es près de leur bouche, Mais loin de leur coeur.
3 Et toi, Eternel, tu me connais, Tu me vois, tu sondes mon coeur qui est avec toi. Enlève-les comme des brebis qu’on doit égorger, Et prépare-les pour le jour du carnage !
4 Jusques à quand le pays sera-t-il dans le deuil, Et l’herbe de tous les champs sera-t-elle desséchée ? A cause de la méchanceté des habitants, Les bêtes et les oiseaux périssent. Car ils disent : Il ne verra pas notre fin.
5 Si tu cours avec des piétons et qu’ils te fatiguent, Comment pourras-tu lutter avec des chevaux ? Et si tu ne te crois en sûreté que dans une contrée paisible, Que feras-tu sur les rives orgueilleuses du Jourdain ?
6 Car tes frères eux-mêmes et la maison de ton père te trahissent, Ils crient eux-mêmes à pleine voix derrière toi. Ne les crois pas, quand ils te diront des paroles amicales.
7 J’ai abandonné ma maison, J’ai délaissé mon héritage, J’ai livré l’objet de mon amour aux mains de ses ennemis.
8 Mon héritage a été pour moi comme un lion dans la forêt, Il a poussé contre moi ses rugissements ; C’est pourquoi je l’ai pris en haine.
9 Mon héritage a été pour moi un oiseau de proie, une hyène ; Aussi les oiseaux de proie viendront de tous côtés contre lui. Allez, rassemblez tous les animaux des champs, Faites-les venir pour qu’ils le dévorent !
10 Des bergers nombreux ravagent ma vigne, Ils foulent mon champ ; Ils réduisent le champ de mes délices En un désert, en une solitude.
11 Ils le réduisent en un désert ; Il est en deuil, il est désolé devant moi. Tout le pays est ravagé, Car nul n’y prend garde.
12 Sur tous les lieux élevés du désert arrivent les dévastateurs, Car le glaive de l’Eternel dévore le pays d’un bout à l’autre ; Il n’y a de paix pour aucun homme.
13 Ils ont semé du froment, et ils moissonnent des épines, Ils se sont fatigués sans profit. Ayez honte de ce que vous récoltez, Par suite de la colère ardente de l’Eternel.
14 Ainsi parle l’Eternel sur tous mes méchants voisins, Qui attaquent l’héritage que j’ai donné à mon peuple d’Israël : Voici, je les arracherai de leur pays, Et j’arracherai la maison de Juda du milieu d’eux.
15 Mais après que je les aurai arrachés, J’aurai de nouveau compassion d’eux, Et je les ramènerai chacun dans son héritage, Chacun dans son pays.
16 Et s’ils apprennent les voies de mon peuple, S’ils jurent par mon nom, en disant : L’Eternel est vivant ! Comme ils ont enseigné à mon peuple à jurer par Baal, Alors ils jouiront du bonheur au milieu de mon peuple.
17 Mais s’ils n’écoutent rien, Je détruirai une telle nation, Je la détruirai, je la ferai périr, dit l’Eternel.
|
Traduction œcuménique de la Bible
1. Toi, SEIGNEUR, tu es juste ! Mais je veux quand même plaider contre toi. Oui, je voudrais discuter avec toi de quelques cas. Pourquoi les démarches des coupables réussissent-elles ? Pourquoi les traîtres perfides sont-ils tous à l'aise ?
2. Tu les plantes, ils s'enracinent et vont jusqu'à porter du fruit. Tu es près de leur bouche et loin de leur cœur.
3. Toi, SEIGNEUR, tu me connais, tu me vois et tu examines mes pensées : elles sont avec toi. Mets à part les méchants comme des moutons pour la boucherie ! Réserve-les pour le jour de l'abattage !
4. Jusques à quand la terre sera-t-elle en deuil, et desséchée l'herbe de toute la campagne ? Toute la faune périt à cause de la méchanceté de ses habitants, eux qui disent : « Il ne voit pas nos chemins. »
5. Si tu cours avec des piétons et qu'ils te fatiguent, comment pourrais-tu entrer en compétition avec des chevaux ? S'il te faut un pays en paix pour être rassuré, que feras-tu dans la jungle du Jourdain ?
6. Même tes frères, les membres de ta famille, oui, eux-mêmes te trahissent, oui, eux-mêmes convoquent dans ton dos un tas de gens. Ne te fie pas à eux quand ils te parlent gentiment.
7. J'abandonne ma maison, je rejette mon patrimoine ; celle que je chérissais, je la livre à la poigne de ses ennemis.
8. Mon patrimoine est devenu pour moi comme un lion dans la forêt ; il donne de la voix contre moi, aussi je ne l'aime plus.
9. Mon patrimoine est-il donc pour moi un oiseau bigarré sur qui les rapaces fondent de partout ? Allez rassembler toutes les bêtes sauvages ! Amenez-les au festin !
10. La foule des bergers a saccagé ma vigne, piétiné mon champ, fait de ce champ merveilleux un désert désolé.
11. Ils l'ont transformé en désolation ; le voici devant moi, lamentable, désolé. Le pays tout entier est désolé, et personne ne s'en soucie.
12. Sur toutes les pistes du désert s'avancent les dévastateurs. Une épée à la solde du SEIGNEUR dévore d'un bout à l'autre de la terre : il n'y a plus de paix pour personne.
13. On sème du froment, on récolte des ronces ; on s'épuise et on n'aboutit à rien. Rougissez donc de ce qui vous en revient, à cause de l'ardente colère du SEIGNEUR.
14. Ainsi parle le SEIGNEUR : Tous mes méchants voisins, qui portent atteinte au patrimoine que j'ai donné à mon peuple, à Israël, je vais les déraciner de leur sol ; je déracinerai aussi les gens de Juda du milieu d'eux. 15. Mais après que je les aurai déracinés, je les prendrai de nouveau en pitié et je les ramènerai chacun dans son patrimoine, chacun dans son pays.
16. Et s'ils apprennent bien à se conduire comme mon peuple, prêtant serment par mon nom : « Vivant est le SEIGNEUR ! » comme ils ont appris à mon peuple à prêter serment par Baal, alors ils auront leur maison au milieu de mon peuple.
17. Mais s'ils n'écoutent pas, je déracinerai définitivement cette nation pour sa perte – oracle du SEIGNEUR.
|
Commentaires du chapitre 12
12.1 à 12.6 : Le règne de l'injustice
Jérémie exprime maintenant son incompréhension face au règne de l'injustice.
Pourquoi les méchants portent-ils tant de fruit ?
Quand viendra donc le jugement ?
Chaque chose en son temps, comme nous le fait comprendre Jésus dans Sa parabole sur le bon grain et l'ivraie :
« Laissez croître les deux ensemble jusqu’à la moisson, et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs :
Recueillez d’abord les ivraies, et liez-les en bottes pour les brûler, mais rassemblez le blé dans mon grenier. » (Matthieu 24.30)
Convaincu de faire partie du bon grain, Jérémie compte sur le soutien de son Seigneur (verset 3).
Mais combien de temps faudra-t-il encore supporter l'injustice ?
Car celle-ci a même contaminé la famille du prophète (verset 6).
12.7 à 12.13 : Un constat accablant
Confronté à sa famille qui le trahit, Jérémie renonce à celle-ci, à son patrimoine (verset 7).
Mais n'est-ce pas le Seigneur qui s'exprime ainsi à propos d'Israël qui L'a renié ?
Israël était le patrimoine du Seigneur, Sa part au sein des nations.
Celle-ci est maintenant ravagée (verset 10).
Le dévastateur s'avance, le désastre est en marche, c'est « une épée à la solde du SEIGNEUR » (verset 12).
Il a ainsi décidé de dévaster Son propre patrimoine.
Un constat accablant, une source d'affliction pour le Créateur de l'univers.
12.14 à 12.17 : Le rétablissement
Mais tout a une fin !
Les voisins d'Israël qui auront pris plaisir, pendant un temps, à ravager le patrimoine du Seigneur seront soumis à la dévastation.
Ils connaîtront à leur tour ce qu'ils ont fait subir aux autres (verset 14).
Et ceci s'accompagnera du retour d'Israël sur ses terres (verset 15).
Rétablissement pour le peuple de Dieu et bénédiction pour tous, à une condition :
« S'ils apprennent bien à se conduire comme mon peuple, prêtant serment par mon nom. » (verset 16)
Le chemin pour y parvenir reste long à parcourir...
|