Traduction Louis Segond 1910
1 Oh ! si tu déchirais les cieux, et si tu descendais, Les montagnes s’ébranleraient devant toi,
2 Comme s’allume un feu de bois sec, Comme s’évapore l’eau qui bouillonne ; Tes ennemis connaîtraient ton nom, Et les nations trembleraient devant toi.
3 Lorsque tu fis des prodiges que nous n’attendions pas, Tu descendis, et les montagnes s’ébranlèrent devant toi.
4 Jamais on n’a appris ni entendu dire, Et jamais l’oeil n’a vu qu’un autre dieu que toi Fît de telles choses pour ceux qui se confient en lui.
5 Tu vas au-devant de celui qui pratique avec joie la justice, De ceux qui marchent dans tes voies et se souviennent de toi. Mais tu as été irrité, parce que nous avons péché ; Et nous en souffrons longtemps jusqu’à ce que nous soyons sauvés.
6 Nous sommes tous comme des impurs, Et toute notre justice est comme un vêtement souillé ; Nous sommes tous flétris comme une feuille, Et nos crimes nous emportent comme le vent.
7 Il n’y a personne qui invoque ton nom, Qui se réveille pour s’attacher à toi : Aussi nous as-tu caché ta face, Et nous laisses-tu périr par l’effet de nos crimes.
8 Cependant, ô Eternel, tu es notre père ; Nous sommes l’argile, et c’est toi qui nous as formés, Nous sommes tous l’ouvrage de tes mains.
9 Ne t’irrite pas à l’extrême, ô Eternel, Et ne te souviens pas à toujours du crime ; Regarde donc, nous sommes tous ton peuple.
10 Tes villes saintes sont un désert ; Sion est un désert, Jérusalem une solitude.
11 Notre maison sainte et glorieuse, Où nos pères célébraient tes louanges, Est devenue la proie des flammes ; Tout ce que nous avions de précieux a été dévasté.
12 Après cela, ô Eternel, te contiendras-tu ? Est-ce que tu te tairas, et nous affligeras à l’excès ?
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Traduction œcuménique de la Bible
1. Ah ! si tu déchirais les cieux et si tu descendais, tel que les montagnes soient secouées devant toi, tel un feu qui brûle des taillis, tel un feu qui fait bouillonner des eaux, pour faire connaître ton nom à tes adversaires ; les nations seraient commotionnées devant toi,
2. si tu faisais des choses terrifiantes, que nous n'attendons pas : tu descendrais, les montagnes seraient secouées devant toi.
3. Jamais on n'a entendu, jamais on n'a ouï dire, jamais l'œil n'a vu qu'un dieu, toi excepté, ait agi pour qui comptait sur lui.
4. Tu surprends celui qui se réjouit de pratiquer la justice, ceux qui sur tes chemins se souviennent de toi. Te voilà irrité, car nous avons dévié ; c'est sur ces chemins d'autrefois que nous serons sauvés.
5. Tous, nous avons été comme l'impur, et tous nos actes de justice, comme les linges répugnants ; tous, nous nous sommes fanés comme la feuille, et nos perversités, comme le vent, nous emportent.
6. Nul n'en appelle à ton nom, nul ne se réveille pour t'en saisir, car tu nous as caché ton visage, tu as laissé notre perversité nous prendre en main pour faire de nous des dissolus.
7. Cependant, SEIGNEUR, notre Père c'est toi ; c'est nous l'argile, c'est toi qui nous façonnes, tous nous sommes l'ouvrage de ta main.
8. Ne t'irrite pas, SEIGNEUR, jusqu'à l'excès, ne te rappelle pas à jamais la perversité. Mais regarde donc : ton peuple, c'est nous tous !
9. Tes villes saintes sont un désert, Sion est un désert, Jérusalem, une désolation.
10. Notre Maison sainte et splendide où nos pères chantaient tes louanges, a été embrasée par le feu, et tout ce qui faisait notre passion devenu dévastation !
11. Est-ce que, devant tout cela, tu pourrais te contenir, SEIGNEUR ? Tu resterais inactif et tu nous humilierais jusqu'à l'excès ?
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Commentaires du chapitre 64
64.1 à 64.12 : Le prophète se substitue au peuple
Esaïe s'est engagé sur la voie de l'intercession.
Pour cela, il ne se met pas en retrait en montrant du doigt les pécheurs.
Le prophète s'associe à eux, lui-même étant pécheur.
« Nous sommes tous comme des impurs... » (verset 6)
De ce fait, il ne peut se placer au-dessus :
« Ne faites rien par rivalité ou par vaine gloire, mais en toute humilité. Considérez les uns et les autres comme supérieurs à vous-mêmes. » (Philippiens 2.3)
C'est à lui de s'humilier face à Dieu, au nom de la communauté, en rappelant qu'Il est le seul à être le Tout-Puissant (verset 3).
L'image du potier est une référence :
« Cependant, SEIGNEUR, notre Père c'est toi ; c'est nous l'argile, c'est toi qui nous façonnes, tous nous sommes l'ouvrage de ta main. » (verset 7)
Esaïe expose la désolation dont le Royaume de Juda a été frappé.
Il est difficile de savoir si cette intercession se place avant le retour de Babylone ou en arrivant sur le territoire abandonné (verset 9).
Cependant cette lamentation du prophète n'est guère compatible avec la joie affichée par ailleurs lors du retour de l'exil.
Faut-il en déduire que le prophète sent venir des tourments ultérieurs ?
Car si le Temple fut détruit en 587 avant Jésus Christ, et reconstruit par la suite, n'oublions pas qu'il sera de nouveau ravagé par les Romains au Ier siècle de notre ère.
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