Traduction Louis Segond 1910
1 Consolez, consolez mon peuple, Dit votre Dieu.
2 Parlez au coeur de Jérusalem, et criez lui Que sa servitude est finie, Que son iniquité est expiée, Qu’elle a reçu de la main de l’Eternel Au double de tous ses péchés.
3 Une voix crie : Préparez au désert le chemin de l’Eternel, Aplanissez dans les lieux arides Une route pour notre Dieu.
4 Que toute vallée soit exhaussée, Que toute montagne et toute colline soient abaissées ! Que les coteaux se changent en plaines, Et les défilés étroits en vallons !
5 Alors la gloire de l’Eternel sera révélée, Et au même instant toute chair la verra ; Car la bouche de l’Eternel a parlé.
6 Une voix dit : Crie ! -Et il répond : Que crierai-je ? Toute chair est comme l’herbe, Et tout son éclat comme la fleur des champs.
7 L’herbe sèche, la fleur tombe, Quand le vent de l’Eternel souffle dessus. -Certainement le peuple est comme l’herbe :
8 L’herbe sèche, la fleur tombe ; Mais la parole de notre Dieu subsiste éternellement.
9 Monte sur une haute montagne, Sion, pour publier la bonne nouvelle ; Elève avec force ta voix, Jérusalem, pour publier la bonne nouvelle ; Elève ta voix, ne crains point, Dis aux villes de Juda : Voici votre Dieu !
10 Voici, le Seigneur, l’Eternel vient avec puissance, Et de son bras il commande ; Voici, le salaire est avec lui, Et les rétributions le précèdent.
11 Comme un berger, il paîtra son troupeau, Il prendra les agneaux dans ses bras, Et les portera dans son sein ; Il conduira les brebis qui allaitent.
12 Qui a mesuré les eaux dans le creux de sa main, Pris les dimensions des cieux avec la paume, Et ramassé la poussière de la terre dans un tiers de mesure ? Qui a pesé les montagnes au crochet, Et les collines à la balance ?
13 Qui a sondé l’esprit de l’Eternel, Et qui l’a éclairé de ses conseils ?
14 Avec qui a-t-il délibéré pour en recevoir de l’instruction ? Qui lui a appris le sentier de la justice ? Qui lui a enseigné la sagesse, Et fait connaître le chemin de l’intelligence ?
15 Voici, les nations sont comme une goutte d’un seau, Elles sont comme de la poussière sur une balance ; Voici, les îles sont comme une fine poussière qui s’envole.
16 Le Liban ne suffit pas pour le feu, Et ses animaux ne suffisent pas pour l’holocauste.
17 Toutes les nations sont devant lui comme un rien, Elles ne sont pour lui que néant et vanité.
18 A qui voulez-vous comparer Dieu ? Et quelle image ferez-vous son égale ?
19 C’est un ouvrier qui fond l’idole, Et c’est un or?èvre qui la couvre d’or, Et y soude des chaînettes d’argent.
20 Celui que la pauvreté oblige à donner peu Choisit un bois qui résiste à la vermoulure ; Il se procure un ouvrier capable, Pour faire une idole qui ne branle pas.
21 Ne le savez-vous pas ? ne l’avez-vous pas appris ? Ne vous l’a-t-on pas fait connaître dès le commencement ? N’avez-vous jamais réfléchi à la fondation de la terre ?
22 C’est lui qui est assis au-dessus du cercle de la terre, Et ceux qui l’habitent sont comme des sauterelles ; Il étend les cieux comme une étoffe légère, Il les déploie comme une tente, pour en faire sa demeure.
23 C’est lui qui réduit les princes au néant, Et qui fait des juges de la terre une vanité ;
24 Ils ne sont pas même plantés, pas même semés, Leur tronc n’a pas même de racine en terre : Il souffle sur eux, et ils se dessèchent, Et un tourbillon les emporte comme le chaume.
25 A qui me comparerez-vous, pour que je lui ressemble ? Dit le Saint.
26 Levez vos yeux en haut, et regardez ! Qui a créé ces choses ? Qui fait marcher en ordre leur armée ? Il les appelle toutes par leur nom ; Par son grand pouvoir et par sa force puissante, Il n’en est pas une qui fasse défaut.
27 Pourquoi dis-tu, Jacob, Pourquoi dis-tu, Israël : Ma destinée est cachée devant l’Eternel, Mon droit passe inaperçu devant mon Dieu ?
28 Ne le sais-tu pas ? ne l’as-tu pas appris ? C’est le Dieu d’éternité, l’Eternel, Qui a créé les extrémités de la terre ; Il ne se fatigue point, il ne se lasse point ; On ne peut sonder son intelligence.
29 Il donne de la force à celui qui est fatigué, Et il augmente la vigueur de celui qui tombe en défaillance.
30 Les adolescents se fatiguent et se lassent, Et les jeunes hommes chancellent ;
31 Mais ceux qui se confient en l’Eternel renouvellent leur force. Ils prennent le vol comme les aigles ; Ils courent, et ne se lassent point, Ils marchent, et ne se fatiguent point.
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Traduction œcuménique de la Bible
1. Réconfortez, réconfortez mon peuple, dit votre Dieu,
2. rassurez Jérusalem et proclamez à son adresse que sa corvée est remplie, que son châtiment est accompli, qu'elle a reçu de la main du SEIGNEUR deux fois le prix de toutes ses fautes.
3. Une voix proclame : « Dans le désert dégagez un chemin pour le SEIGNEUR, nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu.
4. Que tout vallon soit relevé, que toute montagne et toute colline soient rabaissées, que l'éperon devienne une plaine et les mamelons, une trouée !
5. Alors la gloire du SEIGNEUR sera dévoilée et tous les êtres de chair ensemble verront que la bouche du SEIGNEUR a parlé. »
6. Une voix dit : « Proclame ! », l'autre dit : « Que proclamerai-je ? » – « Tous les êtres de chair sont de l'herbe et toute leur constance est comme la fleur des champs :
7. l'herbe sèche, la fleur se fane quand le souffle du SEIGNEUR vient sur elles en rafale. Oui, le peuple, c'est de l'herbe :
8. l'herbe sèche, la fleur se fane, mais la parole de notre Dieu subsistera toujours ! »
9. Quant à toi, monte sur une haute montagne, Sion, joyeuse messagère, élève avec énergie ta voix, Jérusalem, joyeuse messagère élève-la, ne crains pas, dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu,
10. voici le Seigneur DIEU ! Avec vigueur il vient, et son bras lui assurera la souveraineté ; voici avec lui son salaire, et devant lui sa récompense.
11. Comme un berger il fait paître son troupeau, de son bras il rassemble ; il porte sur son sein les agnelets, procure de la fraîcheur aux brebis qui allaitent. »
12. Qui a jaugé dans sa paume les eaux de la mer, dans son empan toisé les cieux, tassé dans un boisseau l'argile de la terre, pesé les montagnes sur une bascule et les collines sur une balance ?
13. Qui a toisé l'esprit du SEIGNEUR et lui a indiqué l'homme de son dessein ?
14. De qui donc a-t-il pris conseil, qui puisse l'éclairer, lui enseigner la voie du jugement, lui enseigner la science et lui indiquer le chemin de l'intelligence ?
15. Voici que les nations sont comme une goutte tombant d'un seau ! Elles comptent comme poussière sur la balance. Voici les îles : comme de la poudre il les soulève.
16. Le Liban ne suffirait pas pour la flambée et ses bêtes ne suffiraient pas pour l'holocauste.
17. Toutes les nations sont devant lui comme rien ; elles comptent pour lui comme néant et nullité.
18. A qui assimilerez-vous Dieu ? Que placerez-vous de ressemblant à côté de lui ?
19. L'idole ? c'est un artisan qui l'a coulée ; mouleur, il plaque sur elle de l'or, moulant aussi des bandeaux d'argent.
20. Celui qui est plus limité pour sa contribution au culte, c'est du bois inaltérable qu'il choisit. Il se cherche un artisan habile pour dresser une idole qui ne branle pas.
21. Ne savez-vous pas, n'avez-vous pas entendu, ne vous a-t-il pas été annoncé dès l'origine, n'avez-vous pas discerné le fondateur de la terre ?
22. Il habite, lui, sur le dôme couvrant la terre dont les habitants font figure de sauterelles ! Il a tendu les cieux comme un rideau, il les a déployés comme une tente pour y habiter.
23. Il réduit à rien les chefs d'Etat, les juges de la terre, il en fait une nullité ;
24. oui, peu importe qu'ils soient implantés ; oui, peu importe qu'ils se soient disséminés ; oui, peu importe que leur souche soit enracinée dans la terre ! Même alors, s'il souffle sur eux, les voilà qui sèchent et le tourbillon les enlève comme de la paille.
25. « A qui m'assimilerez-vous ? A qui serai-je identique ? » dit le Saint.
26. Levez bien haut vos yeux et voyez : qui a créé ces êtres ? – Celui qui mobilise au complet leur armée et qui les convoque tous par leur nom. Si amples sont ses forces, si ferme son énergie, que pas un n'est porté manquant !
27. Jacob, pourquoi dis-tu, Israël, pourquoi affirmes-tu : « Mon chemin est caché au SEIGNEUR, mon droit échappe à mon Dieu. »
28. Ne sais-tu pas, n'as-tu pas entendu ? Le SEIGNEUR est le Dieu de toujours, il crée les extrémités de la terre. Il ne faiblit pas, il ne se fatigue pas ; nul moyen de sonder son intelligence,
29. il donne de l'énergie au faible il amplifie l'endurance de qui est sans forces.
30. Ils faiblissent, les jeunes, ils se fatiguent, même les hommes d'élite trébuchent bel et bien !
31. Mais ceux qui espèrent dans le SEIGNEUR retrempent leur énergie : ils prennent de l'envergure comme des aigles, ils s'élancent et ne se fatiguent pas, ils avancent et ne faiblissent pas !
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Commentaires du chapitre 40
40.1 à 40.11 : La voix du prophète
Les historiens et exégètes s'accordent souvent pour considérer que le Livre d'Esaïe rassemble les prophéties de plusieurs auteurs, notamment à partir du chapitre 40 et suivants qui seraient largement postérieurs aux précédents.
Nous aurions ainsi dépassé le VIIIe siècle, où les Assyriens menaçaient le royaume de Juda, pour arriver au VIe siècle, retour de l'exil de Babylone.
Toutefois, la voix du prophète qui se manifeste ici demeure intemporelle.
Ses proclamations sur la venue du Seigneur ont ainsi pu être reprises par les évangélistes qui ont associé la proclamation d'Esaïe à la venue de Jean le Baptiste :
« Il est écrit ceci dans Esaïe, le prophète : "Voici, j’envoie mon messager devant toi, il préparera ton chemin. C’est la voix de celui qui proclame dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, Rendez ses sentiers droits."
Jean arriva. Il baptisait dans le désert et proclamait le baptême de conversion pour la rémission des péchés. » (Marc 1.2-4)
Le prophète annonce le Seigneur dans sa dimension messianique.
La description du berger qui se soucie de son troupeau (verset 11) rappelle celle de Jésus :
« Moi, je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie aux brebis. » (Jean 10.11)
40.12 à 40.31 : Le Seigneur Tout-Puissant
Esaïe procède ensuite à une énumération visant à démontrer la supériorité du Créateur sur sa création.
L'immensité de l'espace tel que nous le percevons (verset 12) devrait nous inciter à l'humilité.
Mais c'est surtout sa dimension spirituelle, soulignée aux versets 13 et 14, qui devrait nous émerveiller.
Paul a repris ce passage d'Esaïe en ces termes :
« Quelle profondeur, que la richesse, la sagesse et la science de Dieu ! Que Ses jugements sont insondables et Ses voies impénétrables !
Car qui a connu la pensée du Seigneur ? Ou qui a été son conseiller ? » (Romains 11.33-34)
Face à cette puissance incomparable, les nations ne sont rien et devraient s'incliner (versets 15-17).
L'homme s'est efforcé, avec ses piètres moyens, de se représenter la divinité.
« A qui voulez-vous comparer Dieu ? Et quelle image ferez-vous son égale ? » (verset 18)
Dans les mains des artisans, les idoles se sont multipliées.
Nous considérons encore de nos jours que ce sont souvent des œuvres artistiques.
Elles peuvent s'inscrire au patrimoine de l'humanité.
Mais elles ne relèvent pas du patrimoine de la divinité.
Car comment aurait-on pu représenter ce qui ne peut l'être ?
« Dieu est Esprit... », nous dit l'évangéliste en Jean 4.24.
Un Esprit est comme un souffle, invisible, insaisissable.
Et, à Lui seul, ce souffle peut tout anéantir...
« Oui, peu importe qu'ils soient implantés ; oui, peu importe qu'ils se soient disséminés ; oui, peu importe que leur souche soit enracinée dans la terre !
Même alors, s'il souffle sur eux, les voilà qui sèchent et le tourbillon les enlève comme de la paille. » (verset 24)
Au verset 27, le prophète s'adresse plus particulièrement à Israël en l'appelant par son nom initial : Jacob.
C'est au contact du Seigneur que Jacob s'est entendu dire :
« Ton nom ne se dira plus "Jacob", mais plutôt "Israël", car tu as lutté avec Elohim et avec les hommes, et tu as triomphé. » (Genèse 32.28)
Pourtant cette relation privilégiée s'est distendue car Israël dit maintenant :
« Mon chemin est caché au SEIGNEUR, mon droit échappe à mon Dieu. » (verset 27)
Mais cette relation peut être établie. Et s'il ne s'agit pas d'une restauration collective, elle peut être individuelle :
« Mais ceux qui espèrent dans le SEIGNEUR retrempent leur énergie : ils prennent de l'envergure comme des aigles, ils s'élancent et ne se fatiguent pas, ils avancent et ne faiblissent pas ! » (verset 29)
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